L’oiseau en cage rêvera des nuages

Théâtre itinérant, le Footsbarn Theatre s’arrête deux soirs à la Grange sublime pour proposer une originale et festive version carnavalesque de Vol au-dessus d’un nid de coucou. Fondé en 1971 au sein de la grange de la famille Foot, dans la région des Cornouailles, le Footsbarn Theatre se produit aussi bien en salle que sous chapiteau, et même dans la rue. Il multiplie les parades et animations et aime jongler avec les langues.

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La face cachée des majorettes

Spectacle bilingue (espagnol, anglais), Cheer Leader dévoile poétiquement les Pom Pom girls en coulisse. Dans une semi-obscurité, cinq jeunes femmes vêtues du même costume bleu et blanc sont assises en rond et effectuent une série de mouvements. Toutes tiennent des pompons dans leurs deux mains. En effleurant le sol, ces boules argentées provoquent de doux crépitements à intervalles réguliers tel le bruit des vagues qui s’émousseraient sur une plage.

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Hilarant choc de civilisations

Le festival « Le Printemps des Compagnies » a proposé à deux reprises un joyeux dîner-spectacle dominical. Alors que sur scène on essaie tant bien que mal de franchir la « Röstigraben », dans la salle on déguste justement une assiette de röstis. Comédie en deux actes, le premier d’une durée d’un quart d’heure et le second d’une vingtaine de minutes, entrecoupés par un repas, Röstigraben ou le stage raconte la première rencontre entre Daisy Golay et Niklaus Fischer.

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Le juste prix

Haute-Autriche présente un couple dont la vie est régie par la société de consommation. Leur bonheur préconçu tend à s’effriter avec l’arrivée d’un enfant. Assis côte à côte, Heinz et Anni semblent hypnotisés. Silencieux, ils observent droit devant eux et sont traversés par une série de sentiments que leurs expressions et gestuelles laissent parfaitement entrevoir. Leurs regards sont en réalité fixés sur un téléviseur qui n’est pas représenté sur la scène.

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Peace & Love

Camille Giacobino met pour la première fois en scène un texte classique. Son choix s’est porté sur la pièce de Shakespeare Comme il vous plaira. Une belle actualisation de cette comédie pastorale, portée par des personnages hauts en couleur et interprétés avec brio et énergie. Un tapis de feuilles mortes recouvre le plateau. Aux abords sont disposés de grands blocs gris carrés, empilés les uns sur les autres, formant de petits monticules : des carrés de roches, qui délimitent l’espace. Ils sont traversés par un peu d’eau.

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Manger moins pour manger mieux

Passionné par son métier, Francis vit son dernier jour de boucher avant de léguer son affaire à Guy, son beau-fils. Cette émouvante transmission sera l’occasion de réfléchir autour de nos habitudes alimentaires. Viande, morceaux choisis ne cherche pas à condamner définitivement le régime carné mais vise à sensibiliser le public, en douceur, sur la consommation excessive de viande, en valorisant l’idée de qualité sur celle de quantité.

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Deux impros pour un dénouement

Le Pool d’Improvisation du Poly quitte les auditoires de l’EPFL pour envahir deux soirs de suite le théâtre de la Grange de Dorigny. Bonne humeur et belle énergie sont au rendez-vous. Le Pool d’Improvisation du Poly (P.I.P.) propose cette année deux soirées dans le cadre du festival des cultures universitaires Fécule et clôt ainsi la saison du théâtre sur une touche comique et déjantée. Impliqué habituellement dans des matchs de ligue amateur suisse, le P.I.P., basé à l’EPFL, multiplie les projets, explorant le champ des possibilités de l’improvisation théâtrale et se produisant dans des lieux insolites. Après avoir fait son « cinéma » au Zinéma, salle cinématographique alternative lausannoise, la troupe amateur a également proposé un spectacle au musée cantonal de zoologie.

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Particules anthropoïdes

Créée en 2013, Les Particules élémentaires est la première adaptation théâtrale française du deuxième roman de Michel Houellebecq paru en 1998. A moins de trente ans, le metteur en scène Julien Gosselin a pris le pari fou de s’attaquer à l’un des plus sulfureux et talentueux écrivains encore en vie. Cette réjouissante et scrupuleuse transposition enthousiasme le public de Vidy. Dans une obscurité complète, une voix féminine, tremblante d’émotions, ouvre le spectacle. Un discret halo de lumière vient progressivement entourer la jeune femme, telle une petite particule qui serait observée à l’aide d’un microscope. Simultanément, une odeur de terre envahit le théâtre.

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Trésors négligés

Après avoir collaboré sur trois spectacles, Geneviève Guhl et Sophie Solo reviennent présenter à Sion une pièce autour des œuvres oubliées, dans un cadre intimiste à l’image du café-théâtre. Poésie, sincérité et nostalgie sont au rendez-vous. Le spectacle s’ouvre sur quelques douces notes de musique, échappées d’une guitare sèche. Personne n’est sur scène mais le petit espace est déjà bien rempli : une table et des chaises sont placées au centre ; à jardin deux pianos sont accolés aux murs, dans l’angle, enfin, à cour, une paroi vitrée à proximité d’un étroit et fin escalier en colimaçon. C’est du haut de ces marches que descendent tour à tour, en chantant, Sophie Solo et Geneviève Guhl.

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Deux hobos africains ont rendez-vous avec Godot

Jean Lambert-wild, Marcel Bozonnet et Lorenzo Malaguerra proposent une exotique relecture d’un grand classique du théâtre de l’absurde sous l’angle de l’exil. La salle est comble, la lumière s’éteint peu à peu, faisant taire les derniers bavardages du public neuchâtelois. Une quinte de toux retentit, suivie de quelques grognements, un doux éclairage révèle alors un homme assis sur un bidon, sous un arbre, en train d’essayer péniblement d’ôter sa chaussure.

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Enquête sur le fil

Le fantasme de l’échec explore les notions de consécration et d’insuccès dans le milieu artistique. En mettant bout à bout des extraits d’interviews, drôles ou poignants et en y ajoutant des instants joués et chantés, la compagnie Fenil Hirsute nous concocte un joyeux bazar poétique aux allures de documentaire. Solange Dulac ouvre sa conférence en s’adressant directement au public. Déjà, quelques indices laissent à penser qu’il ne s’agira pas d’un exposé comme les autres, à commencer par le fâcheux retard d’un important intervenant et les bottes rouge corail en caoutchouc portées par la modératrice, sans oublier la surprenante présence d’un musicien à jardin.

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En mettre plein la vue pour exister

Présenté par la Compagnie Générale de Théâtre (CGT), Vernissage démontre que les amis ne nous veulent pas forcément que du bien. Ce spectacle drôle et oppressant à la fois, aux tonalités eighties, clôt brillamment les trois saisons de résidence du metteur en scène Matthias Urban à la Grange de Dorigny. Un homme et une femme enchaînent, face au public, d’un air très sérieux et concentré, une série d’exercices de yoga, sur une musique « électro-vintage », rappelant les expérimentations de groupes comme Kraftwerk ou encore Yello dans les années 1980.

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Rejeter le rejeton

Stanislas Nordey présente à Vidy sa cinquième mise en scène d’une pièce pasolinienne. Mythe d’Œdipe inversé, Affabulation traite d’un père, qui, à la suite d’un rêve, part en guerre contre son fils. Immergé dans un noir complet, le public voit naître une douce lumière tamisée. Une ombre surgit, celle de Sophocle. Le dramaturge vient en personne avertir les spectateurs qu’il est destiné à « inaugurer un langage trop difficile et trop facile ». Il s’agit du verbe incandescent de Pasolini.

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Une fille au masculin, un garçon au féminin

Troisième projet du collectif StoGramm, Comme toi-même présente élégamment la quête identitaire d’un intersexe. Voyage non-linaire dans le vécu d’un jeune adulte, des souvenirs d’antan à aujourd’hui, le spectacle éblouit par l’audace du choix de son sujet et par l’immense délicatesse avec laquelle il le développe. Le public prend place sur deux gradins dans un dispositif bi-frontal. Au milieu se trouve un espace vide et allongé.

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L’éclipse d’un roi

Pour la première fois, Hervé Loichemol monte une pièce de William Shakespeare. Sur un plateau tournant, un roi Lear perdu mais pas gâteux assiste impuissant à son propre déclin, au cœur de saignants conflits générationnels. L’une des plus grandes tragédies shakespeariennes, Le Roi Lear, continue d’être présente sur les scènes romandes. Après Marielle Pinsard et son adaptation très libre en automne dernier à l’Arsenic, et avant Julien Mages dont la Ballade en orage, qui sera joueé au Théâtre du Loup du 28 au 31 janvier prochain

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Entre meurtre et flirt

L’Échappée présente la rencontre de trois orphelins quelque peu dérangés. Ingrid désirant en finir avec la vie se rapproche de Simon, tueur en devenir. Ensemble, ils parviennent à sceller un pacte. Mais rien ne se déroulera comme prévu. Réunissant des antihéros désespérés et attachants sur fond de variété française, ce spectacle n’est que faussement léger. Sur le sol est tracé un simple rectangle divisé en quatre plus petits carrés, dont deux sont recouverts d’un tapis de feuilles d’arbres couleur bordeaux. Tantôt sous-bois illuminé par le clair bleuté de la lune, tantôt foyer à l’éclairage doux et chaleureux, ces espaces étriqués seront le cadre d’une surprenante histoire. Ingrid,

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Quand le vernis craquèle

Deux familles, l’une parlant français, l’autre suisse-allemand, se rencontrent pour marier leurs enfants : en s’inspirant d’une comédie de Labiche, Christoph Marthaler propose un spectacle insolite et décalé mêlant slapstick et musique. Sur une musique exotique évoquant des sonorités polynésiennes ou hawaïennes, les huit personnages arrivent en file indienne devant le rideau fermé. Alignés face au public, ils se perdent dans un discours compliqué, alternant le français et l’allemand. Le ton est donné : le spectacle joue sur ce bilinguisme comique, accompagné d’une surprenante bande son des plus hétéroclites.

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Laboratoire en miroir : imiter pour comprendre

Quatre comédiens copient fidèlement de célèbres scènes issues du répertoire cinématographique et théâtral contemporain. Contrefaçon respectueuse, cette démarche vise à comprendre comment surgit une émotion. Galerie de différents types d’esthétiques récentes plus que réelle force de proposition sur le pathos, le spectacle présente néanmoins un alléchant assortiment. Plongé dans le noir, le public entend des voix : celles des comédiens puis celle du metteur en scène. Tel un incipit théorique, le projet est d’emblée raconté et le programme annoncé : il va s’agir d’un

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Noble transmission pour un saisissant témoignage

Poignant témoignage d’un messager de la Résistance polonaise ayant découvert de ses yeux l’inconcevable horreur du ghetto de Varsovie, Jan Karski (Mon nom est une fiction) reconvoque les plus sordides épisodes de l’histoire du XXe siècle. Quand le théâtre devient commémoration. Au milieu de la scène se trouve un immense tableau carré, représentant un gros plan du visage de la statue de la

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Explosion de tableaux historiques

Collage multicouche réalisé à l’aide de fragments tantôt historiques tantôt fantaisistes, Vie de Gundling Frédéric de Prusse Sommeil rêve cri propose une vision distancée de l’Allemagne du XVIIIe au XXe siècle. Foisonnant spectacle, cette bombe théâtrale éblouit par la densité de son contenu. L’espace scénique, dans un dispositif bifrontal, forme une sorte de couloir ouvert sur les deux côtés. Des personnages de diverses époques le traversent au cours du spectacle. Rangés de part et d’autre de la scène dans des armoi

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Le mal du pays méconnu

Après avoir effectué des entretiens auprès de descendants d’expatriés suisses du XIXe siècle au Chili, la compagnie trop cher to share en restitue sur scène les éléments principaux. En résulte un charmant patchwork de traditions culturelles suisses qui rend compte de la vision à demi fantasmée de ces Sud-américains aux lointaines racines helvétiques. Accueilli très chaleureusement par la troupe, le public prend place sur des bancs autour de tables en bois disposées sur deux rangées face à l’espace scénique. Un café ou un thé chaud est ensuite gentiment proposé. Au sein de ce dispositif particulier évoquant les fêtes populaires, les spectateurs sont choyés dès leur arrivée. Le croisement de deux cultures se fait instantanément ressentir. Les couleurs de la Suisse sont représ

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La pauvreté, si on en parlait ?

Mixant les genres – du stand-up à la conférence, en passant par la lecture de textes de philosophie – et provoquant le rire aussi bien que la réflexion, le projet du Mumbay Quartet interroge nos rapports à la pauvreté. Tentative de sensibilisation plus qu’éveil des consciences à proprement parler, ce spectacle propose de prendre le temps de s’intéresser à la précarité. La soirée commence dans une atmosphère sans chichi. Au bar, un serveur s’affaire avec beaucoup d’enthousiasme à servir des bières. Avec bienveillance, il vient s’assurer à chaque table que tout le monde est à l’aise. C’est là que le spectacle s’amorce : le mur qui sépare symboliquement scène et

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Utopie microcosmique

Spectacle microscopique pour expérience grandiose, Mi gran obra est un projet inédit qui invite un public restreint à se pencher sur un merveilleux théâtre miniature. A la fois ludique et poétique, cette expérience est unique. C’est en personne que le créateur de la pièce, David Espinosa, accueille le public. Il place lui-même les spectateurs selon leur taille et surtout selon leur degré de myopie afin d’optimiser la visibilité de tous. Nous voici dans un théâtre à petite échelle. La scène est réduite à une table et les acteurs sont de minuscules figurines, les mêmes qu’utilisent les architectes pour peupler leurs maquettes. Cette scénographie particulière

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Les éclairs de la passion

Les Palmiers sauvages racontent une passion destructrice, de l’idylle naissante à la complète déchéance. Particulièrement dense, saturée de vidéos et autres effets sonores, cette adaptation d’un roman de Faulkner s’inscrit dans une étouffante, assourdissante et aveuglante logique de l’excès. La lumière s’allume et donne à voir une scène particulièrement encombrée. Des chaises empilées ici, des boîtes de conserves et des caisses entreposées là, des couchettes alignées les unes à côté des autres, ainsi que de multiples lampes inondent l’espace, créant ainsi un étouffant fouillis. Ce décor surchargé aux allures de brocante se muera, comme dans le roman, en plusieurs lieux difficilement identifiables et accueillera les tourments d’un couple, celui de Charlotte Rittenmeyer et Harry Wilbourne.

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La joyeuse insurrection méditerranéenne

Farce engagée mêlant fantaisie et propos politiques d’une grande actualité, On ne paie pas, on ne paie pas ! évoque avec vivacité et allégresse la crise économique et ses conséquences sur la classe ouvrière dans l’Italie de la fin des années 1970. Sur une scène à demi plongée dans l’obscurité, deux femmes portent de nombreux sacs remplis de courses, suivies de peu par deux hommes vêtus de noir, cagoulés et

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Un onirique bal des fantômes

Un Jour explore, dans une atmosphère onirique, les frontières entre les morts et les vivants. Laissant peu de place à la parole mais multipliant les tableaux en mouvement, le spectacle présente un enivrant et ascensionnel bal des fantômes. Parterre en bois surélevé à l’arrière-scène, chaises suspendues, tout paraît en lévitation. Un sentiment de légèreté émerge. Au sein de ce décor, après quelques paroles échangées par deux comédiens sur le sujet de la mort, un élégant ballet de spectres hypnotise les spectateurs. Caractérisé par une dynamique ascendante, l’ensemble des mouvements ne cesse d’effectuer des allers et retours entre le bas et le haut, entre la terre et le ciel. Six personnages se trouvent ainsi comme piégés dans une sorte de purgatoire. Ils vomissent, se convulsent, se raccrochent à la vie en promenant leur cœur comme s’il s’agissait d’un chien au bout d’une laisse ou alors se laissent partir, le tout autour d’une éblouissante chamane en pleine incantation et sur une musique dont le rythme palpitant semble reproduire les battements du cœur, apportant de ce fait un ultime souffle de vie à ces êtres en perdition.

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Concerto éclair pour un épouvantail éprouvé

Programme musical pour voix, violon et piano mêlé à un texte de Tchekhov, Les Méfaits du tabac offre un bref mais ravissant moment grâce à l’attendrissante interprétation du grand Michel Robin et aux belles performances de deux talentueuses musiciennes et d’une soprano…

Quatre métronomes battent chacun leur mesure à proximité d’un support de partitions. Seuls ces pupitres sont éclairés. Dans la pénombre s’entassent des étuis, de violons pour les plus petits, voire même de harpe pour le plus grand, tandis qu’au centre se dresse un imposant piano à queue. Une bouteille d’eau entamée ici et diverses piles de papier oubliées là laissent à penser qu’il s’agit plus d’une salle de répétition qu’un plateau ou autre fosse d’orchestre.

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Le venin d’un amour passé

Réunis autour d’un projet de vente immobilière, Hélène, Paul et Pierre, trois anciens amants, se retrouvent. Après s’être aimés fougueusement et sans doute déchirés tout aussi passionnément, ils se revoient dans un climat doux-amer alliant nostalgie et rancœur, attraction et répulsion. Ou quand se séparer d’une propriété semble bien plus facile que d’abandonner définitivement ses amours de jeunesse…

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Réarrangement floral

Surprenante relecture pastorale des Fleurs du mal de Baudelaire, ce spectacle musical atténue la virulence des célébrissimes poèmes sans pour autant en altérer la beauté. Un tapis d’herbe verdoyante, sur lequel sont disposés une chaise longue et un arbre sans feuilles, recouvre la scène. Lumineux cadre champêtre, le décor s’oppose aux obscurs faubourgs parisiens baudelairiens. Et pourtant, c’est bien dans cette ambiance légère et bucolique que des célèbres vers issus des

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Ramdam autour du libre arbitre

Spectacle bruyant et agité, C’est une affaire entre le ciel et moi propose une énergique relecture du Dom Juan de Molière sous un angle particulier qui interroge la possibilité d’une liberté absolue par rapport aux normes sociales. Débarrassée des vers originaux, la pièce n’a gardé que les personnages pour les transposer à la fin des années 1960 dans un contexte en pleine ébullition intellectuelle. Après une délicieuse nuit d’amour, Elvire, toute guillerette, se confie à sa suivante. Sa robe fleurie fait écho au jardin verdoyant et compartimenté dans lequel elle se trouve. Mais rapidement, non pa

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Poésie d’outre-tombe

Un médecin légiste loufoque et charmeur assisté par une énergique infirmière procèdent à une autopsie en direct. Effusion sanguine modérée, organes prélevés en quantité limitée, l’examen ne s’avère pas aussi répugnant qu’imaginé ni aussi scientifique que normalement. Peu à peu, ce n’est plus la chair qui est extraite pour être inspectée mais différents fragments de vie. La poésie prend ainsi le dessus sur le macabre pour mettre à nu toute une existence.

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L’érotisme en Bataille

Troublante exploration collective des potentialités de la notion d’érotisme, On a promis de ne pas vous toucher parvient à traiter sans vulgarité ni lubricité de volupté et de sensualité. L’expérience commence dans une antichambre aux lumières tamisées. Des chaises et des tables munies de photophores ornent ce petit espace. Le décor rappelle celui des cabarets. Aurélien Patouillard, le metteur en scène, vêtu tout en noir, dont la chemise se ferme par un col de prêtre, invite les spectateurs à se confesser – autrement dit, à inscrire sur un bout de papier des objets ou des choses qui leur semblent, a priori, érotiques. Dans cette ambiance intimiste, il invite également son public à se détendre en buvant un verre de vin ou en dégustant un morceau de chocolat. Une fois cette originale eucharistie achevée, le public peut se rendre sur le plateau.

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Une smala en ébullition

Dynamique huis clos familial, Requiem de Salon est une foisonnante création cumulant les références et mélangeant les registres. Au sein d’un espace restreint, une fratrie entière s’agite autour de la figure centrale de la mère fantasque. Abordant avec légèreté des thématiques universelles tels que le mensonge, l’absence ou les rapports familiaux en général, le spectacle offre un charmant divertissement. Tel un îlot isolé au milieu d’un vaste océan noir, un salon bourgeois écarlate s’illumine au centre de la scène. Au sol, plusieurs tapis disposés les uns sur les autres dessinent un grand carré rouge. Par dessus, sont disposés une table, un canapé et un piano. Chaque meuble est rectangulaire. Le mur, lui aussi de forme carrée, est recouvert de photographies, d’esquisses et d’autres souvenirs. Chaque élément est encadré, précisément comme l’est un portrait de famille – celui auquel nous assisterons.

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La joyeuse agonie ou l’inéluctable face-à-face avec la mort

Tonitruant hymne à la vie, Oh les beaux jours propose un poignant monologue d’une éternelle optimiste s’accrochant de toutes ses forces à la vie, luttant ainsi contre la solitude, le vieillissement et la mort. Au sommet d’un monticule de terre trône Winnie. Ses jambes sont dissimulées à l’intérieur d’une imposante dune comportant à la fois une épave de barque, des bouts de bois, un bidon d’essence et d’autres résidus rapportés par la mer.

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Voyage au bout de la nuit

Entre théâtre et performance, Les Biches propose une expérience aussi angoissante que fascinante, à la croisée de l’effroi et de l’empathie et au cœur de l’univers dérangé des tueurs en série. Davantage réflexion artistique sur un lugubre sujet que simple divertissement, cette création emmène le spectateur au sein des plus obscurs tréfonds de l’âme humaine. Les portes s’ouvrent sur une musique festive. Les spectateurs entrent dans la salle le sourire aux lèvres en entendant cet air entraînant. Une fois à l’intérieur de la petite et sombre salle 1 du théâtre 2.21, ils déchantent pourtant aussitôt en se retrouvant directement confrontés à trois corps de jeunes femmes dispersés sur la scène, culottes baissées. Plus proche de celle d’une cave obscure où gisent trois cadavres que de celle d’un espace de divertissement, l’atmosphère devient alors fort dérangeante. Sur le mur sont projetées des citations de tueurs en série réels – toujours accompagnées de cette entêtante chanson de variété particulièrement enjouée. Tout le spectacle sera ainsi construit, alternant instants frisant l’horreur et moments légers au ton licencieux composés de plaisanteries grivoises. L’humour noir semble en effet indispensable ici pour accéder à l’univers complexe et perturbé des serials killers.

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Tomber le rideau pour mettre les voiles

Poignant hommage au théâtre, Rideau ! vise à faire partager avec passion plus de trente années d’expérience scénique. Avec ce spectacle, Gisèle Sallin et Véronique Mermoud témoignent toute leur reconnaissance à un fidèle public fribourgeois, en proposant un impressionnant florilège de tableaux issus d’époques différentes et de styles variés. En résulte un émouvant passage de flambeau au Théâtre des Osses entre les deux fondatrices du lieu et leurs successeurs. Côté jardin se déploie en diagonale la scène cachée par son rideau flamboyant, à cour la salle comportant une série de balcons encadrés par des pilastres bleu nuit. Entre les deux se trouve une sorte de no man’s land où s’agitent dans tous les sens les comédiens. Les instruments s’accordent. L’effervescence artistique bat son plein quand retentit le son de la voix d’une metteure en scène : « En place, Mesdames et Messieurs, s’il vous plaît ». Une répétition s’apprête alors à commencer lorsqu’un incident technique vient subitement bouleverser le cours des choses. Suite à cet imprévu, le spectacle semble adopter sa propre logique en prenant quelques libertés et va échapper en partie à la metteure en scène.

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Cachez donc cette princesse que je ne saurais voir !

Fresque décalée et composite mêlant farce, absurde et tragédie, Yvonne, princesse de Bourgogne raconte l’histoire d’un prince rebelle ayant pris le parti fou d’aimer une fille du peuple, laide, insignifiante et d’une inquiétante timidité. Sa venue à la cour va bouleverser habitudes et convenances, poussant l’ensemble de la souveraineté à la folie. Sur une musique dissonante apparaît un couple discordant.

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Huis clos interdit aux adultes

Délicieux condensé des plus belles citations de Robert Walser, RéCréation développe, tout en sagesse, un choix de sujets sensibles chez les adolescents. Ainsi, en s’appropriant des extraits issus des œuvres les plus marquantes de l’écrivain suisse, six jeunes dissertent philosophiquement sur l’éducation, l’amitié ou encore l’amour, proposant ainsi un portrait attachant d’une jeunesse multiple et universelle.

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Ecoutez-nous, regardez-nous, nous voici sans tabou !

Autoportrait imaginé et présenté par huit jeunes âgés de 17 à 25 ans, Trop frais ! propose un voyage tout en variations au sein d’une jeunesse créative et perspicace. Il est bien légitime qu’après 50 ans, la jeunesse reprenne possession de cette ancienne Maison des Jeunes ouverte en 1963 qu’est Saint-Gervais, reconvertie donc par la suite en haut lieu culturel alternatif genevois.

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Vie et mort à crédit

Au sein d’une dictature capitaliste, un couple est pris au piège. L’argent telle une drogue provoque une dépendance aussi néfaste qu’inéluctable. Accros et impuissants, Jess et David voient ainsi leur dette augmenter exponentiellement alors que leur mariage se détruit peu à peu. Dans un noir total, une voix masculine préenregistrée retentit. Puis une autre, en direct, vient l’accompagner, il s’agit en réalité de la même.

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Immuables et encombrants : quand les souvenirs paralysent

En 1993, dans une Allemagne fraîchement réunifiée, grand-mère, mère et fille retrouvent leur ancien domicile familial. Tandis que ce réemménagement entraîne une quête de vérité chez la plus jeune, il fait ressurgir les plus sombres souvenirs chez l’aînée. Un conflit générationnel s’installe alors. La jeunesse part interroger le passé, tandis que l’ancienne génération cherche à enterrer l’indicible.

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De strate en strate : sur le chemin confus de la mémoire

Paola Pagani et Antonio Buil rassemblent leurs rêves et leurs souvenirs afin de conter leur parcours personnel et professionnel, sur un mode non linéaire et quelque peu brouillé, à l’image des pensées qui nous reviennent confusément lorsque nous tentons de raconter un épisode de notre vie, par association d’idées. Le décor, fait d’objets dispersés ça et là – un fauteuil, une radio ou encore un radiateur – se donne d’emblée comme fragmenté. Une superposition de trois panneaux, qui semblent symboliser différentes strates, préfigure une certaine segmentation. La pièce ne cessera, de fait, d’effectuer des va-et-vient entre diverses couches temporelles renvoyant à différents moments décisifs de la vie des protagonistes. Nous sommes tout d’abord amenés à faire un saut dans le futur. Un prix est remis à une actrice âgée de huitante ans : Paola Pagani. Lors de son discours de remerciement, elle se remémore une certaine pièce, qu’elle avait jouée en 2014 ou 2013, dont le titre était Staying alive. Nous sommes ensuite renvoyés, sans transition, dans le passé, lors des répétitions de cette même pièce. Nous remontons encore le temps et assistons à un épisode marquant de la vie des parents d’Antonio Buil. Les couches commencent petit à petit à se multiplier et s’enchevêtrer. Se mêlent alors non seulement certains événements liés à l’élaboration de la pièce qui se déroule sous nos yeux, mais aussi de nombreuses anecdotes familiales des deux protagonistes et des réminiscences littéraires, liées à leur culture latine. Ainsi, au fil du temps, les deux personnages, qui incarnent les figures des deux acteurs, dessinent chacun, à la craie, sur les différents murs du décor, leurs propres esquisses biographiques, afin peut-être de remettre un peu d’ordre dans cette matière composée de réminiscences floues et incomplètes.

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