À la fin des années 1990, le Cadre européen commun de référence (CECR) proposait à l’enseignement des langues deux perspectives: perspective actionnelle et didactique du plurilinguisme.
Le premier constat est que didactique du plurilinguisme et didactique des langues ne sont pas synonymes et pourraient même être antinomiques. Avec l’éducation plurilingue et interculturelle, il ne s’agit plus en réalité d’enseigner les langues, mais de construire de toutes pièces l’identité du futur citoyen européen. L’examen des compétences visées, des dispositifs de formation des enseignants, des curriculums montre que les aspects linguistiques sont considérablement minorés. Dans le même temps, le rôle de l’institution scolaire dans l’enseignement des langues et la professionnalité d’enseignant de langue sont profondément remis en question.
Pourquoi l’Europe s’intéresse-t-elle tellement à l’enseignement des langues? Au service de quel projet politique celui-ci est-il enrôlé? L’ouvrage de Bruno Maurer (École de français langue étrangère) apporte des éléments de réponse. Si la critique se fait politique, c’est parce que l’enseignement des langues est aujourd’hui partie prenante d’un projet politique dont chercheurs et enseignants ignorent largement les enjeux… alors qu’ils sont invités à le développer et à le mettre en œuvre.
Bruno Maurer, Enseignement des langues et construction européenne. Le plurilinguisme, nouvelle idéologie dominante, Paris, Éditions des archives contemporaines, 2011.