Pascal Robert (dir.), La ville en planches. Bande dessinée et mondes urbains, Hermann, 2021.
La ville est actuellement une question vive. La bande dessinée s’en est emparée depuis longtemps. Pour autant, l’analyse de ses représentations bédéiques reste encore largement à investir et ce livre collectif ne sera qu’une pierre à un édifice qu’il faudra encore largement enrichir. La ville est un « objet » complexe, ou plutôt un complexe d’objets qui ne relèvent pas forcément de l’évidence : la bande dessinée, justement, en offre, si on accepte de la regarder avec attention, des objets inattendus comme l’incommunication ou un rayon lumineux, par exemple. Ce qui signifie aussi que ce livre porte moins sur la représentation de la ville en bande dessinée qu’il ne s’interroge sur leur relation. Parce que la bande dessinée peut, à sa manière, documenter la ville ou intervenir dans le processus même de sa production. Parce que, lorsqu’elle met en scène la ville, elle ne manque pas de questionner, sur un mode théorique, le statut de la ville dans un récit de bande dessinée : est-ce un simple décor, ou bien tout autre chose ? À quoi sert-elle dans la dynamique narrative ? Quel rôle joue-t-elle ? Parce que ville et bande dessinée peuvent partager la question de la marge ou de la fenêtre et nouer un dialogue à ce sujet. Il se dégage, dès lors, deux grandes logiques dans ces approches : l’une qui explore plutôt l’urbain comme un jeu de cadres et l’autre qui explore plutôt les interstices, le presque rien et le décalage.
Pascal Robert est professeur des universités à l’Ecole Nationale Supérieure des Sciences de l’Information et des Bibliothèques (Enssib). Il est membre du laboratoire Elico. Ses travaux visent à décrypter les enjeux politiques et cognitifs de l’informatisation de la société et à l’élaboration d’une anthropologie du document et des images. Il est l’auteur de Mnémotechnologies, une théorie générale critique des technologies intellectuelles (Hermès 2010) et de Polyptyque, pour une anthropologie communicationnelle des images paru chez Hermann en 2015. Il a écrit une quinzaine d’articles sur la bande dessinée. Il a dirigé Bande dessinée et numérique (éditions du CNRS, 2016). Il a publié en 2017 de L’incommunication au miroir de la bande dessinée (aux PUBP) et en 2018 La bande dessinée, une intelligence subversive (aux Presses de l’Enssib). Il est responsable du séminaire de l’Enssib « La bande dessinée en questions ».