Jacques Dubochet sera entouré des meilleurs spécialistes de cryo-microscopie pour souffler ses 80 bougies

Du 8 au 10 juin 2022, un grand symposium de cryo-microscopie aura lieu entre l’UNIL, l’EPFL et L’Unige. Des experts et expertes du monde entier viendront présenter et discuter de leurs dernières découvertes dans l’infiniment petit. Pour Jacques Dubochet, Prix Nobel de chimie de l’UNIL 2017, cet événement tombe sur le jour de ses 80 ans.

Il y a 40 ans, alors âgé d’une quarantaine d’années à peine, Jacques Dubochet révolutionne le domaine de la microscopie avec son équipe. Il met au point une technique de congélation ultrarapide qui permet de stabiliser les molécules de tissus biologiques tout en évitant d’abîmer les échantillons. Aujourd’hui, cette méthode permet de voir le monde à l’échelle atomique et comprendre le vivant dans sa plus grande intimité. En 2017, il reçoit un Prix Nobel pour récompenser ses travaux, et le Centre d’imagerie Dubochet (DCI) est inauguré en novembre 2021 dans le cadre d’une collaboration UNIL-EPFL. Le symposium du 8 au 10 juin sera le premier de ce genre qu’accueillera le DCI. Que représente cet événement pour celui qui a donné son nom au centre ? Décryptage en trois points.

1. Un bon moment entre amis

« Une rencontre entre copains, avant tout ! » se réjouit-il. Son sourire accompagne une série d’anecdotes illustrant les précédents événements de ce genre. Des voyages, des rencontres, des amitiés et de sacrées histoires.

« La cryo-microscopie est un club amical et collaboratif. On se connaît tous et tout le monde s’aide. »

C’est qu’il a vécu de nombreux événements de ce type : à presque 80 ans, le chimiste a eu l’occasion de côtoyer les plus grands noms du domaine. Trois Prix Nobel seront notamment présents pour présenter leurs travaux : Jacques Dubochet, bien évidemment, mais aussi Joachim Frank et Richard Henderson, qui seront accompagnés de nombreux autres intervenants et intervenantes. Le symposium permettra au chimiste de l’UNIL de fêter son anniversaire avec tous ces spécialistes le 8 juin, l’occasion de revoir le « club » et de créer de nouvelles anecdotes.

2. Une remise à niveau scientifique

« La science avance bien plus vite que l’on ne pense. Entre la publication du premier article du domaine et l’obtention du Prix Nobel qui m’a été remis, on a amélioré la résolution de la cryo-imagerie de 10 fois en 35 ans. Je pensais alors qu’on avait atteint la limite, mais pas du tout », s’enthousiasme le Prix Nobel.

Effectivement, lors de la sortie du premier papier du scientifique dans les années 1980, la résolution de la cryo-imagerie atteignait 35 ångström, soit 23’000 fois plus petit que l’épaisseur d’un cheveu. À la remise de son Prix Nobel, la résolution passait à 3,5 ångström et se trouve maintenant aux alentours de 1,2 ångström, soit 700’000 fois plus petit que ce même cheveu !

Ce cycle de conférences est ainsi l’opportunité pour le professeur de rattraper ces avancées rapides et de savoir où se situe le niveau de connaissance aujourd’hui. Les conférences restent plutôt pointues et adressées à une audience qui connaît déjà les bases de la cryo-imagerie électronique. Cependant, une conférence tout public aura lieu le premier jour du symposium, à l’Université de Genève.

Intitulée « Dans l’intimité d’une cellule », cette conférence destinée à toutes et tous aura lieu le mercredi 8 juin à 18h à Uni Bastions de l’Université de Genève. Cet événement permettra à la chercheuse en biologie moléculaire Clélia Bourgoint ainsi qu’à Jacques Dubochet de parler de l’infiniment petit, en français avec retranscription en anglais. L’entrée est libre dans la limite des places disponibles. Plus d’informations sur le site Internet dédié.

Toutes les conférences du symposium le 9 juin auront lieu à l’Université de Lausanne et seront introduites par le recteur de l’UNIL et le président de l’EPFL.

Le mercredi 8 juin à 13h30, un atelier scientifique interactif pour les familles permettra aux enfants dès 8 ans de découvrir la recherche fondamentale et appliquée en sciences du vivant. Cet événement aura lieu au Scienscope de l’Université de Genève sur inscription.

3. Un appel à la démocratisation du savoir

« Cet événement est aussi l’occasion pour moi d’appeler au combat pour la connaissance en tant que bien commun. »

Jacques Dubochet essaye aujourd’hui d’utiliser ses connaissances acquises pour s’engager pour des causes telles que le climat et la démocratisation du savoir. La conférence qu’il donnera le 8 juin à Genève (voir encadré) traitera de la responsabilité du scientifique et lui donnera l’occasion de rappeler aux prochaines générations que la connaissance n’est pas une denrée qu’il faut garder pour soi, mais qui au contraire prend de la valeur lorsqu’elle est partagée. Le symposium représente ainsi une opportunité pour faire passer un message aux jeunes scientifiques qui prennent et prendront la relève.

« Face à un monde en perdition, la recherche et les scientifiques ont un rôle à jouer : celui d’apprendre et de comprendre. »

Pour sa retraite, Jacques Dubochet a déclaré vouloir mettre l’accent sur les « 4 S : social, science, soi et service ». Ce symposium lui permet de cocher les deux premières cases, en rappelant que « la science a besoin du social pour avancer. Les dissocier serait désastreux. »