La science pour l’avenir

L’édition 2022 du Dies Academicus porte sur l’un des grands enjeux sociétaux à savoir le renforcement continu de la place, de l’image et de l’impact des sciences. Portraits des doctorats honoris causa.

L’édition 2022 du Dies Academicus portera sur l’un des grands enjeux sociétaux à savoir le renforcement continu de la place, de l’image et de l’impact des sciences. Portraits des doctorats honoris causa.

DHC FBM : Catherine Lubetzki

Le nom de Catherine Lubetzki est incontournable dans le monde de la sclérose en plaques : c’est une spécialiste des phénomènes de démyélinisation et de remyélinisation, centraux dans la compréhension de cette maladie.

La myéline enveloppe les axones, la fibre nerveuse qui prolonge les neurones et conduit le signal électrique du corps cellulaire aux synapses. Cette gaine de myéline assure la rapidité de la propagation de l’influx nerveux et protège les axones ; or c’est notamment cette « courroie de transmission » du système nerveux central qui est dégradée dans la sclérose en plaques.

Les travaux de Catherine Lubetzki s’attachent à décoder les mécanismes fondamentaux à l’œuvre. La professeure cherche en particulier à comprendre comment promouvoir une bonne remyélinisation chez les malades. Ainsi, en tant que clinicienne-chercheuse, elle est très impliquée dans la recherche de traitements.

La trajectoire de Catherine Lubetzki est exemplaire à plus d’un titre. Elle est bien sûr un role-model pour les femmes visant une carrière académique et/ou clinique, mais en rester là serait réducteur : elle est surtout un exemple pour tout aspirant clinicien-chercheur, par sa capacité rare à mener de front recherche de pointe et responsabilité clinique de haut niveau. Deux activités que la professeure de neurologie à la Sorbonne, qui assume aussi des fonctions de direction à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, ne conçoit de toute façon pas l’une sans l’autre.

Tout un symbole, à la Salpêtrière, elle suit les traces de Jean-Martin Charcot, une des figures tutélaires de la discipline. Bouclant la boucle, elle a reçu en 2019 le prestigieux prix MSIF-Charcot.

Il faut aussi souligner son originalité de chercheuse : alors que la grande majorité des spécialistes de la sclérose en plaques étudient les aspects immunitaires de cette maladie, Catherine Lubetzki fait partie de la minorité qui a choisi de l’aborder par sa face nord, celle de la neurobiologie, une recherche exigeante et de longue haleine.

Personnalité optimiste et charismatique, dotée d’un solide franc-parler, Catherine Lubetzki porte haut la neurobiologie francophone. Elle a enfin un lien avec l’Université de Lausanne puisqu’elle a participé, comme experte externe, à des commissions de nomination et accueille dans son laboratoire des chercheuses et chercheurs formés à Lausanne.

Communication FBM

DHC FTSR : Meir Bar-Asher

Né au Maroc, âgé de 66 ans, le professeur Meir M. Bar-Asher a fait ses études à l’Université hébraïque de Jérusalem, à l’Université Paris 3 Sorbonne et à l’École pratique des hautes études de Paris. Il a obtenu son doctorat à l’Université hébraïque de Jérusalem en 1991, avec les honneurs.

Il est l’auteur d’une œuvre érudite, dont Les juifs dans le Coran (traduit en anglais : Jews and the Qur’an, Princeton University Press, 2021), The Nusayri-Alawi Religion (2002), Scripture and Exegesis in Early Imami Shiism (1999), ainsi que de nombreux articles de référence. Ses travaux ont renouvelé l’historiographie judéo-coranique mais aussi celle d’anciens mouvements chiites, décrits jusqu’alors comme extrémistes. Meir M. Bar-Asher s’applique à replacer un texte spirituel, aussi important soit-il, à l’instar du Coran, dans son contexte littéraire et idéologique et, de là, à l’analyser dans toutes les complexités voire les ambiguïtés qui sont les siennes. L’œuvre de cet islamologue est désormais incontournable, tant par sa méthode que par son objectivité scientifique.

Son dernier ouvrage d’érudition, Les juifs dans le Coran, porte un regard historico-critique sur les versets du Coran qui décrivent la représentation des juifs et de leur croyance. Représentation d’autant plus ambivalente qu’elle est extrêmement positive lorsqu’il s’agit des anciennes communautés juives, et qu’elle rejette celles contemporaines du prophète de l’islam (id est les juifs de Médine). En plus de mettre en exergue une certaine similitude entre lesdites loi coranique et loi juive, Meir M. Bar-Asher soulève de manière apaisée et extrêmement nuancée la question de l’antisémitisme dans le Coran. La thèse selon laquelle le texte sacré des musulmans nourrit voire développe un antisémitisme doctrinal, soutenue aujourd’hui par les courants extrémistes islamistes, est battue en brèche par Meir M. Bar-Asher.

En 2007 et pendant trois années consécutives, il a reçu le Prix Michael Milken pour l’excellence de ses enseignements.

Outre ses activités de recherche et d’enseignement, le professeur Bar-Asher a occupé un certain nombre de postes administratifs : il a été directeur de l’Institut d’études asiatiques et africaines de l’Université hébraïque de Jérusalem (2004-2006), président du Comité professionnel supérieur pour l’enseignement de l’arabe au Ministère de l’éducation (2011-2012) et directeur de l’Institut Ben-Zvi pour l’étude des communautés juives en Orient (2012-2014). Il est actuellement membre de plusieurs comités importants à l’Université hébraïque et dans d’autres institutions en Israël.

Communication FTSR

DHC FDCA : Norma M. Riccucci

Norma Margherita Riccucci est professeure au sein de la Rutgers University à Newark et membre du « Board of Governors Professors », une distinction rare et prestigieuse attribuée à des personnalités académiques dont les accomplissements professionnels sont reconnus tant au niveau national qu’international.

Après avoir obtenu son PhD en administration publique de la Maxwell School of Citizenship and Public Affairs de Syracuse University, elle devient professeure assistante à la University of South Florida, puis professeure titulaire au sein du département d’administration et de politique publique de la University at Albany, NY. En 2002, elle intègre, en tant que professeure, la School of Public Affairs and Administration de la Rutgers University à Newark, poste qu’elle occupe encore actuellement.

L’Université de Lausanne lui décerne un doctorat honoris causa, sur proposition de sa Faculté de droit, des sciences criminelles et d’administration publique, du fait de la qualité de son travail scientifique, de la diversité des questions intellectuelles traitées dans ses recherches et ses publications, mais également pour son souci constant de l’impact socio-économique de ses travaux. Norma M. Riccucci est scientifiquement très prolifique, sa bibliographie comporte plusieurs dizaines de pages d’articles scientifiques parus dans les meilleures revues en administration publique, tant et si bien qu’il serait vain d’en faire une synthèse quelque peu fidèle. Elle publie aussi plusieurs ouvrages scientifiques de grande importance et qui constituent des références tant pour la communauté scientifique internationale que pour les étudiant·e·s s’intéressant au fonctionnement des administrations publiques et aux relations politico-administratives.

De manière générale, les thématiques traitées par Norma M. Riccucci portent toutes sur des enjeux en lien avec la gestion des ressources humaines dans le secteur public. En 1991 déjà, elle publie la première édition de son ouvrage phare sur le management du personnel dans les organisations publiques : Public Personnel Management : Current Concerns, Future Challenges. Elle s’intéresse, dans la continuité de sa réflexion sur le management du personnel public, à d’autres problématiques très contemporaines, telles que le management de la diversité. Elle se tourne par la suite vers l’investigation du rôle de la street-level bureaucracy, ou « bureaucratie de guichet ou de terrain », qu’elle va analyser sous l’angle de ses acteurs, mais également sous l’angle gestionnaire. Elle cherche à montrer comment les pratiques de management peuvent influencer le travail de ce personnel public un peu particulier, mais sans lequel les prestations publiques ne pourraient tout simplement pas être proposées aux bénéficiaires des politiques publiques.

Norma M. Riccucci porte aussi un intérêt particulier pour les conceptions théoriques et philosophiques de la discipline administration publique, intérêt débouchant sur un autre ouvrage : Public Administration : Traditions of Inquiry and Philosophies of Knowledge. Trois de ses ouvrages ont obtenu de prestigieuses distinctions aux États-Unis, un indicateur supplémentaire, s’il en était encore besoin, de la qualité de la réflexion scientifique proposée par Norma M. Riccucci.

Une des caractéristiques de ses publications, au-delà du nombre lui-même, est liée à sa volonté de traiter des problématiques d’administration publique, mais toujours en lien avec la réalité concrète du terrain, que ce soit celle des agents publics eux-mêmes ou encore des bénéficiaires ou des représentants de la société civile. Ce souci constant de tisser des liens et des ponts entre monde de la recherche et réalités socio-économiques a contribué à faire de ses publications des références au sein du monde scientifique, mais aussi bien au-delà.

Communication FDCA

Norma M. Riccucci donnera une conférence intitulée :

« Applying Critical Race Theory (CRT) to Public Administration Scholarship »

3 juin 2022 à 15h à l’aula de l’IDHEAP

Infos et inscription : www.unil.ch/fdca/Conference-Norma-Riccucci

DHC SSP Richard Settersten

La Faculté des SSP met à l’honneur le Professeur Richard Settersten, sur proposition du Centre LIVES, pour ses contributions remarquables en matière de sociologie du parcours de vie et de psychologie développementale.

Le professeur Richard Settersten, Distinguished Professor et titulaire de la chaire Barbara E. Knudson en développement humain et en sciences de la famille à l’Oregon State University, collabore scientifiquement avec différents chercheurs et chercheuses de l’Université de Lausanne sur les bases théoriques des approches interdisciplinaires du parcours de vie et sur la manière dont les vies sont façonnées par les normes sociétales et les relations sociales.

Son intérêt pour les normes qui se forment et changent au fil du temps a inspiré ses recherches depuis la rédaction de sa thèse Informal Age Deadlines for Life Course Transitions (Northwestern University) en 1992. Il dirige aujourd’hui la School of Social and Behavioral Health Sciences du collège de la santé publique et des sciences humaines de l’Oregon State University et est le directeur fondateur du Hallie E. Ford Center for Healthy Children and Families. Il a été membre du réseau de recherche MacArthur sur les transitions vers l’âge adulte et les politiques publiques, qui a duré dix ans, et a présidé la section sur le vieillissement et le parcours de vie de l’American Sociological Association.

Le professeur Settersten a défini le domaine très tôt dans sa carrière en rédigeant des références interdisciplinaires majeures qui synthétisent les avancées de la sociologie du parcours de vie et de la psychologie développementale dans des ouvrages majeurs tels que Lives in Time and Place (1999) et Invitation to the Life Course (2003) et dans de nombreux écrits plus récents. Ses recherches ont souvent porté sur la première et les dernières décennies de l’âge adulte, toujours dans le but de comprendre l’ensemble du parcours de vie.

Il est auteur ou éditeur de plusieurs ouvrages, dont Living on the Edge : An American Generation’s Journey through the Twentieth Century avec Glen Elder et Lisa Pearce. Lors de son lancement en mars 2021, Richard Settersten était l’invité de LIVES pour un débat public, afin de présenter ce livre, qui révèle les espoirs, les luttes et la vie quotidienne de la génération 1900, de la réorganisation des rôles et des relations dans le mariage et la famille aux stratégies d’adaptation à une économie en pleine mutation. Il a également publié de nombreux articles dans des revues telles qu’Advances in Life Course Research, The Gerontologist, Public Policy and Aging Report, Research on Aging et Research in Human Development. Parmi eux, The Life Course Cube : A Tool for Studying Lives, coécrit en 2019 avec Laura Bernardi (UNIL) et Johannes Huinink (Université de Brême).

Richard A. Settersten a été membre du comité consultatif international du PRN LIVES à partir de 2010. Il a également donné plusieurs ateliers de formation dans le cadre du programme doctoral LIVES et de la LIVES Winter School. Dans l’ensemble, il a été une source d’inspiration majeure pour de nombreux chercheurs et chercheuses sur les parcours de vie.

Communication SSP