Avec Chantal Ostorero, les décisions se prennent en douceur et la gestion se veut toujours collective, même quand elle dirige de grandes équipes. Elle reçoit cette année le Prix de l’Université de Lausanne, lors du Dies academicus.
À l’Université de Lausanne, Chantal Ostorero est une figure bien connue qui a œuvré inlassablement, comme directrice générale de l’enseignement supérieur, au renforcement de la place académique vaudoise et au rayonnement de l’UNIL. Elle était arrivée à ce poste en 2010, après avoir été pendant huit ans la conseillère personnelle d’Anne-Catherine Lyon, alors conseillère d’État en charge du Département de la formation, de la jeunesse et de la culture (Département de l’enseignement et de la formation professionnelle aujourd’hui).
« J’ai accédé à la direction de l’enseignement supérieur à un moment qui était vraiment passionnant », raconte Chantal Ostorero, évoquant l’essor cantonal, national et international de l’UNIL après l’entrée en vigueur de la Loi sur l’Université de Lausanne et les grandes transformations axées sur les sciences de la vie, de l’environnement ainsi que les sciences humaines et sociales. « Pour moi qui avais tant aimé étudier et explorer de nombreuses disciplines en lettres, au point quand même d’y passer sept ans, cette immersion dans la politique des hautes écoles vaudoises (également HEP et HES) a représenté jusqu’à mon départ en juin 2022 un engagement heureux de chaque jour, autant personnel que collectif avec mon équipe à la DGES et les différentes directions d’école », décrit-elle.
Outre son rôle dans le soutien avisé, les suivis budgétaire et stratégique et le renforcement de la position de l’UNIL comme université ancrée dans son environnement cantonal, économique, social, politique et culturel, Chantal Ostorero a accompagné – avec un fort engagement du Canton de Vaud et de l’UNIL – la mise en œuvre de la Loi fédérale sur l’encouragement et la coordination des hautes écoles (LEHE).
Deux recteurs, une rectrice et une conseillère fédérale…
À la DGES, elle aura ainsi travaillé six ans avec le recteur Dominique Arlettaz, cinq ans avec la rectrice Nouria Hernandez et un peu moins d’une année avec l’actuel recteur Frédéric Herman. « J’apprécie la grande diversité de l’UNIL ; j’ai eu la chance de voir cette institution se renforcer, contribuer d’une manière essentielle à la fierté du canton, se positionner comme un leader dans les relations intercantonales et rayonner sur le plan international en multipliant les collaborations scientifiques et institutionnelles », esquisse celle qui a aussi présidé la Fondation Maison pour étudiants Lausanne (FMEL), dont la capacité d’accueil a plus que doublé durant son mandat.
Elle a ainsi joué un rôle marquant dans l’élaboration du projet d’habitation Vortex, fortement marqué « campus », sans oublier d’autres chantiers d’envergure comme l’agrandissement en cours de l’Unithèque, qui profitera à tous les usagers. On peut encore citer le futur quartier d’habitation estudiantine, de formation et formation continue aux métiers de la santé, comprenant un grand centre de simulation commun à la FBM, au CHUV, à la Source et à la Haute École de santé Vaud sur la colline au nord de Dorigny ; un quartier qui accueillera en outre un bâtiment pour cette haute école ainsi qu’une extension provisoire de la HEP : notamment porté par Chantal Ostorero, ce projet de « Campus santé » a bénéficié de son enthousiasme et de sa détermination.
Ressourcement en terre vaudoise
Au terme de sa carrière cantonale, on l’imaginait volontiers s’adonner sans temps mort à la lecture – elle dévore en particulier des romans policiers nordiques comme ceux de Camilla Läckberg – et à quantité d’activités culturelles et sportives. On aurait pu la voir emprunter les chemins ardus d’un marcheur comme Sylvain Tesson, qu’elle cite volontiers pour la qualité littéraire et philosophique de son œuvre, elle qui s’est lancée avec sa sœur Martine (professeure à l’UNIL) et une équipe amicale dans un trek himalayen en 2019, et rêvait de poursuivre ces randonnées « qui font du bien », mais un coup de fil de la nouvelle conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider en a décidé autrement ; Chantal Ostorero a voulu répondre présent et s’est immergée avec passion dans la vie intense du Département fédéral de justice et police, comme secrétaire générale suppléante.
À la maison, en terre vaudoise, elle retrouve une vie plus calme avec sa compagne musicienne, dont elle a pu mesurer le soutien sans faille. Au service de l’administration cantonale – et en particulier de cette Université qui l’honore de son prix lors du Dies academicus 2023 – Chantal Ostorero a montré qu’elle savait donner au moins autant qu’elle recevait à son poste. Gageons qu’elle n’a pas changé.