L’UNIL et la Ville de Lausanne main dans la main

Comment rendre fructueuses les collaborations entre hautes écoles et villes ? Le réseau EUniverCities, auquel appartient le duo formé par l’UNIL et la Commune de Lausanne, publie un manuel pratique.

Comment rendre fructueuses les collaborations entre les hautes écoles et les villes ? Le réseau européen EUniverCities, auquel appartient le duo formé par l’UNIL et la Commune de Lausanne, a publié un manuel pratique à ce sujet.

En plus de l’enseignement et de la recherche, les universités ont également pour mission de fournir une contribution à la société, c’est-à-dire de s’impliquer dans le développement social, culturel et économique des régions où elles se trouvent. Une collaboration de qualité entre les hautes écoles et les villes qui leur sont liées constitue un moyen d’y parvenir. Créé en 2012, le réseau européen EUniverCities se consacre justement à l’entretien de tels partenariats entre entités de taille moyenne.

Depuis le tout début, le duo formé par l’Université et la Commune de Lausanne fait partie de ce réseau, qui compte aujourd’hui 15 membres sur le continent. «Bien qu’international, EUniverCities a l’ambition d’améliorer les collaborations au niveau local, relève Marc de Perrot, secrétaire général de l’UNIL. Lors de nos rencontres, où se mêlent des représentants des deux mondes, nos projets de coopération sont soumis au regard critique des autres partenaires européens, ce qui est toujours un enrichissement.»

Manuel pratique

Cette expérience, accumulée depuis une décennie, peut être utile plus largement. Ainsi, EUniverCities a produit récemment un ouvrage, intitulé Handbook for Strategic City-University Co-operation. Sous la forme d’un manuel pratique, il livre des conseils, liste les bonnes questions à se poser et fournit de nombreux exemples concrets de coopération entre villes et hautes écoles, sans cacher les embûches rencontrées. «Ce livre connaît un grand succès au sein du réseau, et en dehors, relève Patrizia M. Darbellay, secrétaire municipale adjointe à la Ville de Lausanne. Un tel document de référence, destiné à laisser une trace, donne une bonne idée de notre activité au sein de EUniverCities.»

Ce manuel est un enfant de la pandémie. En effet, en 2020 l’UNIL devait accueillir une séance du réseau européen… mais le Covid en a décidé autrement. «Puisqu’il n’était pas possible de rencontrer nos homologues européens face à face, nous avons innové en décidant de réaliser ce livre à distance, se souvient Marc de Perrot. Au fil de l’hiver 2020-2021, nous avons mené des ateliers en ligne très efficaces, avec des dizaines de participants, grâce à l’expérience de Nelly Niwa, directrice du Centre de compétences en durabilité de l’UNIL, et de son équipe.» Tous les membres de EUniverCities, du Portugal à la Norvège en passant par la Roumanie, ont pu enrichir l’ouvrage de contributions sous forme d’études de leurs propres cas. «Il est toujours intéressant d’observer ce qui se pratique ailleurs sur le continent, dans des villes de taille moyenne comparables à Lausanne, relève Patrizia M. Darbellay. Nos préoccupations, par exemple autour des questions sociales et de durabilité, sont semblables.»

© DR
Une école lausannoise de la recherche participative

La participation de l’UNIL et de la Ville de Lausanne à EUniverCities ne tombe pas du ciel. La haute école mène depuis longtemps des travaux scientifiques en lien avec la société et les citoyens, au sujet des questions contemporaines. «Grâce à l’expertise d’Alain Kaufmann, directeur du ColLaboratoire de l’UNIL, nous possédons une bonne expérience de ce que l’on appelle la recherche-action, ou recherche participative », souligne Marc de Perrot, qui n’hésite pas à parler d’« école lausannoise» dans ce domaine.

Trois exemples lausannois sont présentés dans le Handbook for Strategic City-University Co-operation. «Vivre ensemble dans l’incertain», lancé en 2007 déjà, a permis de lancer six projets de recherche qui ont rapproché l’UNIL et la société. Développée dès 2014, la première édition de Volteface, pilotée par Nelly Niwa, a réuni l’Université, la Romande Énergie et le Canton de Vaud autour des aspects sociaux de la transition énergétique.

Enfin, dans la dynamique créée par la participation à EUniverCities, Interact a vu le jour afin de soutenir la collaboration entre la Ville de Lausanne et l’UNIL, formalisée par ailleurs dans une convention qui lie les deux entités. Au niveau individuel, il s’agit de susciter des rencontres entre les personnes des deux institutions qui possèdent des intérêts communs. Un appui méthodologique, sous la forme d’un vade-mecum qui détaille les bonnes questions à se poser avant de se lancer, est mis à disposition. Ensuite, les porteurs de projets peuvent solliciter un financement auprès d’Interact.

Des exemples ? Parmi les réalisations récentes figure Canopée, qui a réuni des chercheurs et des étudiants du Laboratoire de psychologie sociale de l’UNIL et des collaborateurs de la division «politique énergétique» des Services industriels de Lausanne, autour de la promotion et du maintien des comportements durables dans la population. Un projet qui a débouché sur la création d’une société par les étudiants impliqués, dorénavant alumni. Ou, tout récemment, Préaux en tous genres, dirigé par la déléguée à l’enfance de la Ville de Lausanne Florence Godoy et par Cléolia Sabot, assistante diplômée en sciences sociales à l’UNIL. Dans ce cadre, il s’agit de se pencher sur les interactions chez les plus petits, avec un accent sur les questions de genre. Une recherche participative menée avec des enfants.

Projets courts et ciblés

Les deux parties prenantes sont gagnantes. «Les scientifiques de l’UNIL nous proposent du recul, des réflexions plus larges sur nos problématiques et également leur temps, ce qui est précieux, résume Patrizia M. Darbellay. En effet, pour les collaborateurs de la Ville, les projets Interact, même s’ils sont courts et ciblés, s’ajoutent aux missions quotidiennes au service de la population. De notre côté, nous mobilisons les personnes pertinentes actives dans notre administration et nous ouvrons les portes des terrains de recherche, par exemple dans le domaine scolaire ou sportif.»

De manière générale, les collaborations placées sous le signe d’Interact constituent un vrai levier pour développer des projets innovants. «Il est frappant de constater comme des sommes modestes (notre budget commun annuel est de 40’000 francs) permettent de lancer des projets d’intérêt public et scientifique, relève Marc de Perrot. De plus, on constate que de plus en plus de scientifiques de l’UNIL, notamment dans les jeunes générations, ont le désir que leurs travaux produisent un impact immédiat sur la société.»

La prochaine rencontre des membres de EUniverCities aura lieu en novembre à Innsbruck. La petite délégation lausannoise comprendra quelques étudiants, ce qui permettra à ces (peut-être) futurs chercheurs d’élargir leur horizon.

L’appel Interact 2023 sera lancé en octobre prochain: toutes les informations utiles.

Liens

Handbook for Strategic City-University Co-operation, lisible en ligne

En version téléchargeable

Pour obtenir une version papier, écrire à secretariat.general – at – unil.ch