Le Conseil fédéral a mis en consultation le message relatif à l’encouragement de la formation, de la recherche et de l’innovation pour la période 2025-2028 (FRI 25-28). Une chance, pour les Universités du troisième âge, de faire valoir l’importance de la formation tout au long de la vie et, pour Connaissance 3, de rappeler ces enjeux à l’échelle cantonale.
Dans le cadre de cette consultation du message FRI 25-28, qui sera discuté au parlement en 2024, la Fédération des UNI3 (UNI3 Suisse) a tenu à rappeler un élément fondamental: les défis de la cohésion sociale ne s’arrêtant pas au seuil de la retraite, la notion d’apprentissage tout au long de la vie doit inclure explicitement la formation des seniors. Selon la définition de la Commission européenne, la formation tout au long de la vie ou lifelong learning (LLL) peut être compris comme « toute activité d’apprentissage entreprise à tout moment de la vie, dans le but d’améliorer les connaissances, les qualifications et les compétences, dans une perspective personnelle, civique, sociale et/ou liée à l’emploi ». Néanmoins, une des problématiques principales relevée par la Fédération est que le texte discuté lie la notion d’apprentissage tout au long de la vie à une « adéquation entre formation et emploi ». Cantonner l’encouragement de la formation à la « vie active » n’inclut pas suffisamment toutes les personnes qui ont quitté le marché du travail en atteignant l’âge de la retraite, soit environ 20% de la population suisse.
Pourtant, le droit à une formation tout au long de la vie, et notamment après l’âge de la retraite, répond à plusieurs objectifs: garantir l’égalité des chances pour tous les groupes d’âge, garantir la prospérité de chacun·e en assurant la capacité à faire face aux évolutions technologiques rapides ou encore préserver la santé, notamment la santé mentale. L’éducation et la littératie apparaissent en bonne place parmi les déterminants sociaux de la santé. Le message FRI 25-28 définit, à juste titre, des objectifs et des domaines prioritaires auxquels l’inclusion de la formation des seniors répond:
- Défis en matière de santé: l’implication des personnes âgées dans l’apprentissage tout au long de la vie contribue à prévenir des problèmes de santé ou à en ralentir l’apparition, ce qui représente en outre un avantage économique important.
- Compétences sociales: la formation de seniors permet aux personnes de 65 ans et plus de rester en phase avec une société en constante et rapide évolution. Cela leur permet notamment de remplir leur rôle de citoyennes et citoyens en continuant à participer à la vie publique.
- Force bénévole: la contribution économique du bénévolat des seniors se chiffre en milliards et il est largement invisibilisé par les discours autour des coûts du vieillissement. Cet engagement des seniors est dépendant d’une intégration sociale forte, que la formation tout au long de la vie stimule tout particulièrement. De nombreuses compétences sont mobilisées pour contribuer au tissu associatif ou encore pour remplir le rôle de proche-aidant que de nombreux seniors assument.
- Numérisation de la société: permettre aux seniors de se former et de s’approprier les nouvelles technologies réduit la fracture numérique, dont l’impact en termes d’efficacité économique, de solidarité sociale et de responsabilité environnementale est conséquent.
- Développement durable et équité: il est nécessaire de proposer des offres éducatives qui s’adressent à l’ensemble de la société pour répondre aux objectifs de développement durable. Le travail des Universités du troisième âge participe à l’objectif d’équité et d’égalité des chances, notamment pour offrir aux seniors des connaissances qui n’ont pas été acquises au cours de la vie active.
En considérant ces aspects, la participation de la Confédération et des cantons est nécessaire afin de garantir la formation des personnes de plus de 65 ans en termes de qualité, de réglementation et de financement. Les Universités des seniors suisses sont, depuis plus de 30 ans, des prestataires reconnus d’une formation de haute qualité. Il est donc nécessaire de soutenir une coordination des efforts et des investissements des 9 universités du troisième âge existantes.
Ces démarches de plaidoyer concernent aussi bien le niveau suisse, par le biais de la Fédération des UNI3 suisses, que le niveau vaudois, par le biais de Connaissance 3. En effet, la loi sur la formation continue (Lfco) attribue des montants financiers non négligeables aux cantons. Cependant, à ce jour, le canton de Vaud fait une lecture très stricte des « compétences de bases » (écriture, lecture, langues et technologie de l’information) n’incluant pas la prise en compte et le financement d’une réelle formation tout au long de la vie.