La loi de McMurphy, un souffle de liberté

Pour deux jours, Randle McMurphy vient semer le trouble au Théâtre du Jorat, transformé pour l’occasion en hôpital psychiatrique. L’idée peut sembler glaçante, mais les personnages de Nid de coucou, incarnés par les comédiens de la troupe franco-anglaise du Footsbarn Theatre, ont su apporter un peu de joie et de chaleur dans cette atmosphère stérilisée. Convaincant et touchant.

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Meurtre au bal masqué

Au Théâtre de Carouge, Omar Porras et sa compagnie Teatro Malandro créent pour la troisième fois La Visite de la vieille damela plus connue des pièces helvétiques. Masques, décor de carton, visions oniriques et mélodies folkloriques : la touche Porras renforce le grotesque du texte de Dürrenmatt et joue avec une théâtralité assumée. Des feuilles mortes ? Non, des feuilles d’or, brillantes et légères, qui tombent du plafond au-dessus d’un corps inerte, étendu sur la scène.

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L’espace d’un soir

Réécriture brésilienne de Mademoiselle Julie de Strindberg, Julia raconte le rapport tumultueux et charnel entre une jeune fille blanche des beaux quartiers de Rio et un domestique noir issu des favelas. Dans cette mise en scène actuelle, Christiane Jatahy et la Cie Vertice de teatro explorent différents espaces et superposent film et théâtre. Captivant et d’une intensité rare. A l’arrivée du public dans la salle, de grands panneaux gris pastel occupent la scène. La régie a été installée sur le plateau, côté jardin, et autour d’elle gravitent un caméraman et les deux comédiens qui joueront Julia et Jelson.

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Des amis qui vous veulent du bien?

Un couple de proches vous invite dans leur appartement pour passer une soirée entre amis. Rien de plus normal. Excepté lorsque le couple en question se mêle de votre vie privée et exhibe la sienne au point d’instaurer un malaise étouffant. Avec Vernissage de Václav Havel, Matthias Urban propose un spectacle plaisant et imagé qui se moque des faux-semblants et dénonce les diktats sociaux. Lorsqu’il s’installe dans la Grange, le public entre déjà dans l’intimité (pas si intime) de Véra et Michael.

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La vérité à tout prix

Après Ballade en orage créée Théâtre de Vidy en 2013, Julien Mages présente Janine Rhapsodie à l’Arsenic, l’histoire d’une misanthrope qui ne supporte plus les faux-semblants et les manières de ses congénères. Un texte riche pour un spectacle comico-tragique, surprenant et parfois insaisissable.« Janine, vous avez pas vu Janine ? », demande une jeune femme au public, alors que la salle n’est pas tout à fait sombre, pas tout à fait silencieuse.

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Hollywood à petit budget, pour de grands effets

Avec son dernier projet Blockbuster, le jeune metteur en scène lausannois Tomas Gonzalez et son équipe explorent les grosses productions cinématographiques qui ont marqué les esprits. En pleine nature, dans les étoiles ou au milieu d’une grande ville, les spectateurs redécouvrent ces images connues avec un regard autre. Un condensé du cinéma drôle, frais et réjouissant. Une fois le public installé sur les fauteuils rouges de la salle du 2.21, les lumières s’éteignent en douceur jusqu’à la nuit complète, comme dans les salles obscures.

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Amour en mer, avare amer

Sous des airs de croisière, L’Avare de Molière dans la relecture que propose ici Gianni Schneider est transposé en pleine mer, dans un contexte qui nous est proche. Une mise en scène originale qui fonctionne et n’enlève rien au comique de la pièce. Les rideaux s’ouvrent sur un décor maritime: sur le plateau s’érige la poupe d’un yacht, sobre et immaculée, alors qu’en fond de scène l’image du sillage à la lueur de la lune est projetée en grand écran.

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Un rôle de mère avorté

Porter à la scène un fait divers qui a défrayé la chronique et dont le sujet en a choqué beaucoup: voici le projet du metteur en scène suisse Dorian Rossel, que le public curieux du TPR découvrait hier soir à la Chaux-de-Fonds. Avec Une femme sans histoire, dernière création de la compagnie STT (Super Trop Top), l’infanticide est raconté avec une sobriété qui permet de transcrire le parcours tragique d’une femme ordinaire, et non pas celui d’un monstre. Un regard touchant et différent sur l’affaire.

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La vérité mise à l’épreuve

Rumeur ou fait, doute ou certitude, culpabilité ou innocence : c’est à une hésitation perpétuelle que pousse l’histoire de Doute de John Patrick Shanley, pièce saisissante que Robert Bouvier, directeur de la Compagnie du Passage, propose dans une mise en scène teintée de clair-obscur. Rien n’est tout blanc, ni tout noir, si bien que le doute se propage jusque dans le public.

Sur un fond sonore de ruissellement de pluie, un homme assis sur une chaise est en pleine réflexion. Seul sur le plateau et faiblement éclairé, il paraît s’adresser à l’unique projecteur pointé vers lui, côté cour. Il parle de l’incertitude et la solitude : personne ne sait qu’il a perdu son seul ami, co

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Macbeth, argile entre les mains du metteur en scène

Donner à voir la fameuse tragédie de Shakespeare à travers les retours et commentaires d’un metteur en scène hystérique : voici ce que le duo Dan Jemmett et David Ayala proposait au public du Théâtre du Jorat vendredi dernier avec son adaptation comique de Macbeth. Rebaptisée Macbeth (the notes), cette version de la « pièce écossaise » offre une perspective originale et invite les spectateurs à découvrir les coulisses du monde théâtral. Rires et frissons au rendez-vous.

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Le néant à la lueur des néons

Quelque part entre la réalité et l’illusion, la dernière création d’Attilio Sandro Palese, Nobody Dies in Dreamland, invite le spectateur à suivre le parcours chaotique de deux couples à la recherche d’un paradis perdu, qu’ils ne trouveront pas. Un sujet grave traité avec humour et décalage, menant à un spectacle qui heurte par sa violence et réjouit par sa fantaisie. « Viré » : le mot est écrit à la main, en lettres majuscules, sur une feuille de papier que Luca tient entre ses doigts. L’homme affiche sa nouvelle étiquette au public pendant quelques secondes puis la réduit en boule de papier et la jette à terre. Au même moment, à l’avant-scène, un personnage excentrique enclenche une petite radio portable pour diffuser une musique électronique rythmée ? Hey boy, hey girl des Chemical Brothers ? qui retentira à plusieurs reprises durant le spectacle. Un autre homme entre en scène, depuis le public. Il s’agit de Raphaël, en cravate et chaussures de ville. Il raconte ses vacances en Thaïlande dans un monologue effréné et s’applique à dire à quel point son séjour a été sublime. On découvre alors successivement l’histoire de Luca et Myriam, puis de Raphaël et Barbara, deux couples, deux échantillons de réalités sociales opposées dont les chemins se rejoignent en un point : une profonde solitude.

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Quand le mariage s’emmêle les bretelles

Burlesque, stylisée et rafraîchie : après un succès mérité en 2012, La Puce à l’oreille proposée par L’Autre Compagnie dirigée par le metteur en scène genevois Julien George revient au Théâtre du Loup. Un plaisir pour ceux qui souhaitent voir ou redécouvrir ce réjouissant festival de quiproquos d’un mécanisme sans faille. En fond de scène, un mur de portes. A l’avant-scène, un canapé côté jardin et deux chaises autour d’une table côté cour attendent quiconque voudrait s’asseoir, mais personne encore ne s’est montré. Tandis que les spectateurs observent ce décor aux allures de salon bourgeois, des petits bruits se font entendre, comme les cliquetis d’une machine ou d’une horloge : ils annoncent la mécanique rythmée qui mènera les personnages. Une porte s’ouvre et laisse apparaître un homme curieux dont les mouvements semblent saccadés, à la manière des automates. Une deuxième porte s’ouvre et une femme fait cette fois-ci irruption, dans des vêtements de domestique. Elle s’approche du jeune homme et lui vole un baiser. On ne comprendra que quelques minutes plus tard que la demoiselle, bien qu’entreprenante, est déjà mariée, et que son mari est très jaloux.

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Ensemble dans la solitude

Sensuelle, drôle, émouvante et d’un esthétisme troublant: la dernière mise en scène du vaudois Denis Maillefer, d’après Seule la mer d’Amos Oz, a submergé le public du Théâtre de Vidy, après celui des Halles de Sierre. Un succès pour la première lausannoise. Sur le plateau, une structure blanche et immobile rejoint presque le plafond. Tout en bas, une musicienne, qui s’empare de sa guitare pour déclencher par une mélodie rythmée l’ouverture de la structure, sur laquelle des pieds, des jambes puis des têtes apparaissent. Comme des individus réunis dans un tableau, les personnages de la pièce sont peu à peu révélés dans  ce cadre rectangulaire, face au public. « Bonsoir ! » déclare l’un d’eux, obtenant en retour des réponses timides éparpillées dans la salle. Il est le narrateur. Il va présenter chacun des personnages, susciter quelques rires, et ne quittera plus la scène jusqu’à la fin du spectacle.

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Une Mercedes pour tombeau

Le cadavre d’une jeune fille, un père en colère, un frère au comportement suspect et bien sûr un inspecteur : avec sa dernière création à l’Arsenic, Mercedes-Benz W123, Marie Fourquet maîtrise l’assemblage sur scène des ingrédients traditionnels du polar, tout en proposant un regard actuel sur le fait divers. Au fil des témoignages des proches, le spectateur s’infiltre doucement dans une maison familiale où la détresse siégeait déjà avant le drame. Silence de mort. En fond de scène, un grand écran s’anime de phrases écrites : on imagine la voix de Juliette. « Martin, réponds ! », « Je suis en train de devenir dingue ». Des messages vocaux laissés sur le portable de son amoureux, des textos, ou peut-être un mélange des deux. On devine qu’ils sont les derniers mots de l’ingénue, avant l’événement fatal.

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Et si on changeait la fin de l’histoire ?

Dans la dernière création de Julie Annen, une version lumineuse de La Petite Fille aux allumettes, quatre comédiens racontent et jouent les mirages d’une petite fille victime du froid et de l’indifférence. A la fin du conte, Hans Christian Andersen soufflait sur la vie de l’enfant comme sur une bougie à la flamme vacillante, mais qu’en pensent les enfants ?

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Révéler ce qui est caché

De la peinture sur des corps nus, des mouvements au ralenti, des cris rauques et de la musique rock : c’est dans la démesure que Wajdi Mouawad a présenté le deuxième volet de sa série sophocléenne hier soir à la Comédie de Genève, en surprenant plus d’un. Le public rencontrait d’abord un Ajax déstructuré et personnalisé, puis découvrait un Œdipe Roi plus proche de celui de Sophocle mais tout aussi saisissant.

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Exister à tout prix

Après Invisibles en 2011 à la MC2 de Grenoble, le metteur en scène français Nasser Djemaï revient avec un spectacle drôle et touchant qui s’intéresse aux problèmes et aux doutes d’une jeunesse en mal identitaire. Sur un fond d’enquête policière, sept jeunes (quatre hommes et trois femmes) questionnent leur existence à travers leurs souvenirs d’enfance, leur sexualité, leur idée du risque, de l’injustice ou encore de la mort.

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La vérité au carnaval des mensonges

Les rideaux ne sont pas encore levés que des voix se font entendre. Caverneuses, comme venues d’outre-tombe, elles ne sont pas rassurantes. Des fantômes semblent hanter le Théâtre de Carouge. Puis les rideaux s’écartent et dévoilent, dans une atmosphère sombre et bleutée, l’angoisse nocturne d’un homme qui tente de faire reculer la mort, planante et menaçante, à coups d’ordonnances. Mais lorsque les premières lignes du texte de Molière sont prononcées, l’ambiance se fait plus légère et la mort ne fait plus peur. Au contraire, le thème de la mort devient sujet à rire et fera tomber les masques.

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Dans l’atelier d’Hamlet

Un coq qui chante Good Morning Starshine, une Ophélie aux cheveux blond platine, un Hamlet senior à la voix aussi ténébreuse que Dark Vador et « bien sûr, un frigo shakespearien », décoré avec le portrait du dramaturge anglais. Avec ce cocktail délirant mélangeant texte classique, culture populaire et réflexions contemporaines, le metteur en scène Alexandre Doublet et sa troupe enchantaient hier soir le public du Théâtre Les Halles par leur folle sincérité. Une version d’Hamlet aussi drôle que touchante, menée par des adolescents qui séduisent par leurs divers talents.

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L’horloger meurt (toujours) deux fois

Deux pièces, deux meurtres et deux suicides : dans ce diptyque macabre proposé par le metteur en scène français André Engel et représenté jusqu’au 7 décembre au Théâtre de Carouge, les spectateurs sont les témoins silencieux de grands et petits crimes. Une impression de déjà vu ? Rien d’alarmant, ce spectacle est une invitation à voir double.

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Quand l’amour ébranle la raison

Les personnages sautent et gambadent, les répliques fusent et les livres s’envolent : dans ce jeu mouvementé mené uniquement par des hommes, Galin Stoev nous livrait hier soir lors de la première au Théâtre de Vidy une lecture brillante du Triomphe de l’amour de Marivaux. Un spectacle original et réjouissant dont on se souviendra encore longtemps. Les murs qui entourent la scène sont constitués par une imposante bibliothèque. Une quantité de livres, tous bien rangés, y prennent la poussière et attendent qu’une main instruite vienne les caresser. Dans les rayons, des serpents naturalisés, des crânes, des papillons épinglés et autres objets scientifiques forment un véritable cabinet de curiosité intégré à la collection livresque. C’est dans cet environnement austère mais élégant que les premiers personnages, étrangers au lieu, font leur entrée. Les projecteurs tournés vers eux les détachent sensiblement du décor, comme si leurs confidences étaient à mettre à part, en dehors de l’action elle-même. « Nous voici, je pense, dans les jardins du philosophe Hermocrate», annonce l’un d’entre eux. Un jardin peu commun et très fermé, celui de la sagesse et de la raison.

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Le savant de ces dames

C’est un Trissotin aussi élégant que clownesque que nous pouvions découvrir ces derniers jours au Théâtre de Vidy, dans la dernière création du metteur en scène québécois Denis Marleau. L’arrivée inattendue du pédant en Vespa reflète par son humour le choix plaisant de la transposition du cadre des Femmes savantes de Molière aux années 1950 ? transposition justifiable mais qui ne convainc pas sur tous les plans.

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Monsieur chasse, Madame se fâche, l’amant tombe la chemise… et le pantalon !

La dernière création du metteur en scène neuchâtelois Robert Sandoz, lecture originale et dynamique du vaudeville de Feydeau Monsieur chasse !, a fait trembler les murs du Théâtre du Jorat vendredi soir. Les rires des spectateurs font partie de cette agitation, mais ce ne sont pas les seuls. Un coup de feu retentit et fait vibrer la salle : la saison de la chasse est ouverte, le spectacle peut commencer.

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