Pour faire sortir la recherche de l’académie et la partager avec tout un chacun, L’éprouvette a imaginé l’« Apéro-sciences », où savoir et nectars ont rendez-vous.
Peut-on parler de tout à l’apéro ? En mettant la question « Santé, économie et innovations : quels futurs ? » au programme du prochain Apéro-sciences (lire encadré), qui aura lieu le jeudi 29 février 2024 entre 18 et 20h, L’éprouvette parie que oui.
Ce soir-là, Séverine Arnold, professeure au Département de sciences actuarielles à HEC Lausanne, évoquera l’apport de son domaine de recherche en lien avec la longévité et les modèles de fonds de pension. « D’après certaines théories, on pourrait vivre mille ans – des expériences réalisées sur des souris ont démontré qu’une forme de rajeunissement est déjà possible », amorce-t-elle. Et de souligner que, de facto, cette remontée dans le temps pourrait fort bien s’appliquer à l’être humain. Elle poursuit : « À l’inverse, d’autres travaux montrent que notre espérance de vie est arrivée au bout de son développement, car on aurait atteint les limites biologiques du corps. » Deux hypothèses extrêmes qu’elle intègre dans son travail d’actuaire, « qui consiste à s’assurer que l’on est capable de gérer financièrement les risques compris entre ces deux extrêmes ». Les caisses de pension utilisent par exemple ces données pour élaborer des réponses à ces questions qui préoccupent tout le monde, du public à la chercheuse : notre société sera-t-elle en mesure de payer nos retraites dans l’hypothèse où nos existences devaient s’allonger de dizaines ou de centaines d’années ? Et, dans l’affirmative, comment ?
Le rôle des statistiques
Elle en convient, le sujet peut effrayer, mais qu’à cela ne tienne, elle se réjouit de l’aborder : « En réalité, beaucoup de personnes se braquent d’emblée, car on ne le leur a jamais présenté de façon claire. J’aime partager mes connaissances avec le plus grand nombre de façon à ce que chacune et chacun dispose des informations nécessaires pour comprendre les enjeux, puis décider ou voter en conscience », souligne-t-elle. Par exemple sur l’opportunité de prévoir une treizième rente AVS, question à laquelle le peuple est invité à s’exprimer ce 3 mars.
Outre son intervention, on pourra aussi écouter Valérie Chavez (UNIL / HEC) évoquer le rôle des statistiques pour anticiper certaines situations de crise, comme l’engorgement des hôpitaux, et mieux les gérer. Yash Shrestha (UNIL / HEC) parlera des hackatons (ces marathons du numérique destinés à créer de nouvelles applications) dans le domaine de la santé. Et Valérie Junod (UNIL / HEC) traitera des questions de droit en relation avec la santé, la médecine et les assurances maladie qui occupent ses recherches.
Abreuver l’esprit et le corps
Faire sortir le savoir de l’académie pour le mettre à la portée du grand public, telle est l’idée de ces Apéros-sciences. « On se retrouve autour d’un verre, généralement hors les murs. Les orateurs et oratrices disposent d’une vingtaine de minutes et sont libres d’adopter le mode de présentation qui leur convient, du plus conventionnel au plus ludique », souligne Jennifer Genovese, médiatrice scientifique au Service culture et médiation scientifique (SCMS) de l’UNIL. Ce format horizontal, qui est organisé régulièrement depuis deux ans, vise à faciliter les échanges : « Il est plus aisé de poser une question devant un petit groupe que dans un auditoire de 200 personnes », rappelle-t-elle. Peut-être que les crus de Lavaux (des boissons sans alcool sont bien entendu également prévues) qui accompagneront ces miniconférences encourageront à la discussion.