Organisé par le Hub de l’UNIL, le troisième Forum de l’innovation sociale se déroulera le 24 avril prochain, à l’Amphimax. L’occasion de changer de nom et de présenter son nouveau Pôle d’expertise en innovation sociétale.
« Il y a un intérêt croissant pour cette thématique », se réjouit Anne Headon, directrice du Hub entrepreneuriat et innovation de l’UNIL, qui organise la troisième édition du Forum de l’innovation sociale, le 24 avril. L’événement en profite pour évoluer, avec une terminologie revue qui accompagne une nouvelle stratégie et la création du Pôle d’expertise en innovation sociétale. Exit donc le Forum de l’innovation sociale, vive le Forum de l’innovation sociétale.
Pourquoi une telle évolution ? « Dans le but de promouvoir l’innovation pour le bien commun, explique Anne Headon. Cette modification permet de ne pas oublier la dimension environnementale de cette approche. On parle ici de transformation sociétale. De changement systémique. Pour ouvrir le champ des possibles et s’attaquer non seulement aux conséquences, mais surtout aux causes profondes. Ce n’est pas que l’entreprise qui change, mais toute la société. »
Émilie Romon Carnegie, responsable innovation sociétale au hub, abonde en ce sens : « L’innovation sociétale, c’est l’étincelle de départ, l’idée nouvelle à la base d’une transformation. C’est un peu le secteur recherche et développement de la société. » Durant les trois dernières années, la jeune femme a été directrice de l’antenne suisse d’Ashoka, plus grand réseau d’entrepreneurs et entrepreneuses sociaux du monde, avant de rejoindre l’UNIL en novembre dernier. Elle sera chargée de développer et mettre en œuvre, au sein du hub, la stratégie innovation sociétale, présentée le 24 avril.
« L’idée est d’inspirer par l’exemple »
Le troisième Forum de l’innovation sociale, qui se veut fédérateur et vulgarisateur, se tiendra le 24 avril, de 15h30 à 19h10, à l’Amphimax (salle 351). La thématique de cette année est « Changer d’échelle : du projet au mouvement ». Émilie Romon Carnegie, coresponsable de l’organisation, précise que « le but de cet après-midi est de mettre l’accent sur le changement d’échelle, de montrer que l’innovation sociétale n’est pas un accessoire. L’idée est d’inspirer par l’exemple, créer un mouvement, une nouvelle ampleur. »
« On sent que les cours d’innovation sociale et sociétale ont la capacité d’attirer des étudiants et des étudiantes de toutes les facultés, qu’il y a une opportunité de leur donner une véritable expérience interdisciplinaire au cours de leurs études », ajoute Anne Headon, directrice du Hub entrepreneuriat et innovation.
Répondre à des défis complexes
Car ces entrepreneurs et entrepreneuses sont des défricheurs et défricheuses qui tentent de répondre aux défis complexes, aussi bien sur le plan environnemental que sociétal. Selon le Forum économique mondial (WEF), on ne compte pas moins de 10 millions d’entreprises de ce type dans le monde, employant 200 millions de personnes, selon The State of Social Enterprise 2024. Ce courant, né dans les années 80 dans les pays anglo-saxons, s’est peu à peu répandu en Europe et se construit sur le moyen à long terme. « La durée de ces mouvements est de 40 ans en moyenne, selon Sascha Haselmayer, l’un des intervenants présents au forum », souligne Émilie Romon Carnegie.
Cet entrepreneur allemand, membre d’Ashoka, y présentera son ouvrage The Slow Lane. Pour sa part, l’Italienne Eleonora Voltolina, également membre d’Ashoka, y évoquera ses combats. Elle est notamment parvenue à faire évoluer la législation italienne sur les stages non rémunérés, qui péjoraient le statut des étudiants. À présent, à travers le projet « Why Wait Agenda », elle travaille au niveau européen sur les freins sociaux, économiques et culturels qui empêchent les couples d’avoir des enfants quand ils le souhaitent. Le docteur François Bonnici, directeur de la Fondation Schwab pour l’entrepreneuriat social et directeur de l’innovation sociale au WEF, sera aussi présent, ainsi que Liliane Michalik, vice-rectrice Égalité, diversité et carrières de l’UNIL. Douze intervenants au total présenteront leur vision et leur expérience.
« C’est la responsabilité de l’université de transmettre cette pensée systémique et l’innovation collaborative. »
Anne Headon, directrice du Hub entrepreneuriat et innovation
Des visionnaires passionnés
Mais pourquoi y a-t-il tant besoin de ces hommes et ces femmes au niveau de l’entrepreneuriat ? « Nos systèmes dysfonctionnels ont besoin d’être repensés, constate la directrice du hub. Dans tous les gros changements de société, il y a des personnes qui poussent très, très fort au départ et qui proposent des modèles différents. » Alors quelles sont leurs caractéristiques ? « Ce sont tous des visionnaires, avec une conscience sociale et environnementale élevée, les décrit Anne Headon. Ils sont engagés, passionnés au niveau de leur personnalité. Ils vibrent beaucoup, ont la capacité de convaincre. Ils possèdent aussi une grande intelligence collaborative et un fort leadership. Pour créer ou être à l’origine d’un mouvement, il faut une grande détermination. »
La Suisse n’est pourtant pas en avance dans ce domaine et ne figure pas dans le top 10. La directrice du hub pense que « c’est la responsabilité de l’université de transmettre cette pensée systémique et l’innovation collaborative. Pour essayer de résoudre ces problèmes ensemble. On sent que c’est une thématique sur laquelle on attend l’UNIL et que celle-ci a la légitimité et la crédibilité nécessaires. »
Programme UCreate
Lancé en novembre 2019, le Hub entrepreneuriat et innovation a soutenu, avec son programme UCreate, plus de 400 participants et participantes provenant des sept facultés de l’UNIL, dont 50% de femmes. Soit pas moins de 135 projets. Beaucoup d’entre eux sont en cours de développement et ils ne relèvent pas tous de l’innovation sociétale. Le but est d’équiper ces porteurs et porteuses de projets avec des connaissances et des compétences liées à la démarche entrepreneuriale. Et Anne Headon, directrice du hub à l’UNIL, de déclarer : « Nous soutenons l’esprit d’entreprendre, tout en donnant le droit à l’échec. »