Vélo et auto font course égale sur le campus

La part des pendulaires se rendant en voiture à l’UNIL a encore diminué. Tel est le constat du rapport annuel sur la mobilité.

La part des pendulaires se rendant en voiture à l’UNIL a encore diminué. Tel est le constat du rapport annuel sur la mobilité. Rencontre avec Julien Meillard et Patrick Rérat pour évoquer les grandes tendances 2023.

« C’est assez symbolique. Pour la première fois, la part de personnes se rendant en voiture sur le campus équivaut à celle venant à vélo, avec 9% chacune. Il y a dix ans, on était à 17% pour la voiture », commente Julien Meillard, adjoint du vice-recteur Transition écologique et campus à l’UNIL, en évoquant l’enquête annuelle sur la mobilité, réalisée par la Fondation suisse pour la recherche en sciences sociales (FORS). Cette évolution réjouit ce cycliste patenté, qui vient tous les jours à bicyclette.

Mais ce n’était pas gagné d’avance. « Il y a dix ans, les parkings débordaient. On se demandait si on allait construire de nouveaux stationnements ou introduire des critères pour l’accès à une autorisation de parking », se souvient-il.

« Le but est de passer de 14% de mobilité active, vélo et marche confondus, à 25% en 2035. »

Julien Meillard, adjoint du vice-recteur Transition écologique et campus
« Les parkings sont loin d’être remplis »

Depuis lors, un dispositif de barrières a été mis en place, permettant l’introduction d’abonnements flexibles et une hausse progressive des tarifs. En dix ans, le nombre de places a diminué d’environ 200 au gré des réaménagements. « Aujourd’hui, les parkings sont loin d’être remplis, au point que l’on nous propose de planter des arbres ou de faire des places de jeu à la place », sourit Julien Meillard.

Un succès que l’on doit en partie à l’essor du vélo électrique. Mais l’UNIL ne veut pas s’arrêter en si bon chemin. L’adjoint du vice-recteur relève que « le but est de passer de 14% de mobilité active, vélo et marche confondus, à 25% en 2035 », comme l’a proposé l’Assemblée de la transition.

« Sas de décompression »

Pour mieux comprendre ce qui anime les cyclistes, Patrick Rérat, professeur à l’Institut de géographie et durabilité de l’UNIL et coresponsable de l’Observatoire universitaire du vélo et des mobilités actives, donne quelques pistes. « L’efficacité est un premier critère. Le vélo permet de se déplacer de porte à porte sans problème de stationnement. Une seconde motivation est la valorisation du trajet lui-même, perçu comme un sas de décompression, une respiration dans le quotidien. Et troisième critère, surtout pour les étudiants, l’aspect financier. »

Femmes et jeunes moins sûrs

Mais si la petite reine fait jeu égal avec la voiture, sa pratique est répartie diversement au sein de la communauté. « La part du personnel académique venant à vélo a augmenté à 19,4%, celle du personnel administratif à 13,4%, alors qu’elle stagne chez les étudiantes et étudiants depuis dix ans, à 6,6% », souligne Julien Meillard.

Femmes et jeunes sont aussi moins confiants au guidon. Une tendance remarquée dans d’autres études, précise Patrick Rérat, professeur à l’Institut de géographie et durabilité et consultant pour ce rapport : « La population féminine est plus réceptive aux questions de sécurité. Et les hommes peut-être davantage sensibilisés au vélo sportif ou à la prise de risques. »

Pour remettre les étudiantes et étudiants en selle, plusieurs pistes sont envisagées. Des cours ou du coaching avec des cyclistes expérimenté·e·s, accompagnant des personnes pour se rendre sur le campus et faire découvrir des itinéraires alternatifs. Ou le développement de l’atelier vélo. Ou encore le projet « Bike to Work », un challenge d’un mois pour se rendre à vélo au travail. L’UNIL va d’ailleurs lancer une nouvelle campagne en avril, afin de constituer des équipes pour cet événement, prévu en mai.

« Ce qu’il faut retenir, au-delà des chiffres, c’est la capacité de la communauté universitaire à changer ses habitudes. C’est encourageant ! »

Julien Meillard, adjoint du vice-recteur Transition écologique et campus
Transports publics en tête

Mais si la bicyclette gagne du terrain, ce sont les transports publics qui restent majoritairement utilisés, avec une fluctuation entre 56 et 63% depuis les débuts de l’enquête, en 2005. « Ici, c’est l’offre qui draine la demande. Si on doublait la capacité du métro demain, on est quasi sûr que la fréquentation augmenterait », relève Julien Meillard.

Cette enquête révèle également l’importance de l’intermodalité, soit le fait d’utiliser plusieurs modes de transport pour se rendre sur le campus. Avec un taux de 16,5%, un record a été atteint l’an passé, la combinaison voiture, train, métro arrivant en tête.

Autre constat : les habitudes de travail. Le nombre de personnes se rendant sur le campus cinq jours et plus par semaine est inférieur à 2019, tandis que le nombre de personnes venant quatre fois est en hausse, avec près d’une personne sur trois. Le jour le moins fréquenté est le vendredi (62,2%), le plus fréquenté le mardi (86,3%). Et Julien Meillard de conclure : « Ce qu’il faut retenir, au-delà des chiffres, c’est la capacité de la communauté universitaire à changer ses habitudes. C’est encourageant ! »

Taux de participation

Le questionnaire a été envoyé le 8 mai 2023 à 20’166 personnes et 3712 réponses ont été récoltées, soit 18,4% de participation, contre 19% en 2022. Au fil des ans, les étudiantes et les étudiants sont moins enclins à répondre. En 2023, on enregistre d’ailleurs le taux le plus faible pour cette catégorie depuis 2005. Et Julien Meillard de préciser : « On a le projet de mieux agender les grosses enquêtes de la Direction pour éviter le sentiment d’être bombardé, avec une participation en baisse généralisée. »

Conférence « Pourquoi pas le vélo ? Comment surmonter les réticences » : 2 mai, 12h-13h, en ligne, par Zoom