Au XIXe siècle, l’apparition des objets en littérature coïncide avec l’avènement du réalisme: leur description hypertrophique contribue d’ailleurs à asseoir le genre. Cependant, certaines intégrations narratives d’objets outrepassent la banale fonction de caractérisation des milieux et des personnages, en perturbant les catégories, les équilibres et les statuts. De La peau de chagrin à La bête humaine, certains objets organisent l’espace fictionnel et s’y positionnent en actants à part entière.
Le questionnement commun des contributions à ce volume porte globalement sur ce processus d’autonomisation des objets dans la littérature du XIXe siècle, repérable à partir de 1830 dans un nombre significatif de fictions, et coexistant avec l’entreprise de recouvrement exhaustif du monde matériel par la description dans les mouvances réaliste et naturaliste.
Les analyses proposées dans cet ouvrage collectif dirigé par Marta Caraion (Section de français) apportent des éclairages particuliers à cette interrogation globale, visant à comprendre la relation nouvelle (probablement perturbée, inquiète dans tous les cas) qui lie, au XIXe siècle, l’être humain au monde, et les deux à la littérature
Marta Caraion (éd.), Objets en liberté, Lausanne, Archipel, vol. 11, coll. « Essais », 2005.