Des fabliaux et des hommes

Les contes à rire du Moyen Âge sapent les fondements de l’idéalisme occidental.

Depuis leurs rééditions au Siècle des Lumières, les fabliaux illustrent le concept d’ « humour gaulois » et jouissent d’une réputation flatteuse auprès des amateurs d’histoires salées. Mais est-ce vraiment bien les lire que de monter en épingle leur obscénité et de leur appliquer sans discernement les catégories développées par Bakhtine, qui n’a jamais caché le mépris dans lequel il tenait les « précurseurs » de Rabelais?

L’objet de ce livre d’Alain Corbellari (Section de françaisCentre d’études médiévales et post-médiévales) — première monographie écrite depuis trente ans en français sur les fabliaux — est de montrer que les contes à rire médiévaux sont moins réalistes (car la réalité n’est jamais que ce qu’on veut bien qu’elle soit) que matérialistes: au-delà de leur saine grivoiserie, ils sont d’abord les porte-paroles d’une vision du monde indicible au Moyen Âge autrement qu’à travers le discours indirect de la littérature.

Issus d’une compulsion narrative immémoriale, ils constituent une machine de guerre contre l’idéalisme littéraire et philosophique dominant et nous amènent à réviser le concept galvaudé d’ « histoire des mentalités ».

Alain Corbellari, Des fabliaux et des hommes. Narration brève et matérialisme au Moyen Âge, Genève, Droz, coll. « Publications romanes et françaises », n°264, 2015.

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Alain Corbellari