Une expo pour découvrir les paysages sonores valaisans

En collaboration avec les lettres, le Musée d’histoire du Valais invite le public à explorer le rapport entre son et territoire.

Jusqu’au 12 janvier 2025, le Musée d’histoire du Valais invite le public à explorer et questionner le rapport entre son et territoire. Présentation de l’événement avec Nelly Valsangiacomo, professeure à la section d’histoire de l’UNIL, qui le coorganise.

Qu’est-ce qui nourrit notre imaginaire sonore ? En s’intéressant aux pratiques musicales, à la conservation du son par les archives ainsi qu’à l’évolution contemporaine de l’environnement acoustique et des sensibilités, l’exposition « Valais Sound System » met en lumière l’interdépendance de ces éléments.

Depuis plusieurs années, Nelly Valsangiacomo aborde les paysages alpins sous l’angle de la sensorialité. Elle a tout particulièrement étudié leur aspect sonore. Raison pour laquelle Samuel Pont, conservateur au Musée d’histoire du Valais et commissaire de cet événement, l’a contactée lorsqu’il en a eu l’idée voici deux ou trois ans. Le musicien Christophe Fellay, responsable de l’Orientation en son de l’École de design et haute école d’art du Valais, à Sierre (EDHEA), complète l’équipe.

Sur trois niveaux

Pour explorer les tonalités caractéristiques du canton, le trio a travaillé sur trois niveaux : plaine, moyenne et haute montagne. Quels sons nous entourent à chacun de ces étages ? Comment ont-ils évolué au cours du XXe siècle ? L’exposition invite le public à ouvrir grand ses oreilles et à dépasser les clichés. Aux cris des marmottes, tintements de cloches de vaches et chants de cors des Alpes s’ajoutent des airs de fifres et tambours, des échos des festivals en plein air ou encore le vrombissement d’un FA-18 en vol. Chaque bruit, chaque chuchotement raconte une histoire : « Certains sont liés à l’activité humaine, d’autres non, mais tous narrent les changements de la société et offrent une porte d’entrée privilégiée pour questionner l’évolution d’un territoire, de nos sensibilités et de notre rapport au monde par l’ouïe », résume Nelly Valsangiacomo. Tous prennent sens par rapport au vécu de qui les écoute : « Le glouglou d’un bisse évoquera une balade à qui pratique la randonnée. Mais ses gardiens s’intéresseront à tout autre chose, relevant par exemple la qualité et la quantité du débit. » De même, tous les sons ne créent pas l’unanimité : si les cloches des vaches charment certaines personnes, elles en font grincer d’autres.

Témoignages musicaux

Pour inviter visiteuses et visiteurs à ouvrir grand leurs oreilles et surtout à s’interroger sur leur rapport à ce qu’elles et ils entendent, le parcours multiplie les sources. Et entre les témoignages musicaux (des fanfares aux carnavals) et les enregistrements de bruits du quotidien (chuintement du trafic autoroutier ou des pales d’un hélicoptère), un autre récit s’écrit : celui de la volonté (ou non) de conserver ce patrimoine.

Des compositions sonores, réalisées par des étudiantes et étudiants de l’Orientation en son de l’EDHEA, sous la direction de Christophe Fellay, complètent l’ensemble, ajoutant une dimension créative à la mise en perspective historique. Une publication prolonge en outre l’expérience, lui faisant écho et amorçant de nouvelles questions. Comme le rappelle Nelly Valsangiacomo, « les sons et l’écoute constituent une porte d’entrée pour interroger les dynamiques socioculturelles, économiques, politiques, identitaires et environnementales d’un territoire ».

  Valais Sound System