Savez-vous que le vaccin contre le SARS-CoV-2 contient de l’ARNm et que c’est bien cet acide ribonucléique messager – dans son rôle justement de messager – qui va expliquer à nos ribosomes cellulaires comment créer les protéines virales Spike, ces pointes entourant l’enveloppe du coronavirus ?
La cellule humaine fabrique alors uniquement ces protéines, pas toutes les parties du virus comme dans une infection naturelle. Isolées, ces pointes sont inoffensives mais déclenchent notre réaction immunitaire, ce qui va permettre à l’organisme de produire et de conserver des anticorps contre la protéine Spike.
Vaccins à ribosomes
Ces vaccins ne relèvent pas de la thérapie correctrice de gènes défectueux et leur contenu ne peut pas pénétrer dans le noyau des cellules. Par souci de clarté et pour éviter la confusion entre ARN et ADN, le professeur Jacques Cornuz suggère le terme « vaccins à ribosomes » plutôt que « vaccins à ARN »…
Et l’environnement là-dedans ?
Savez-vous qu’on trouve le meilleur rapport entre protection sanitaire et préservation de l’environnement dans le port de masques chirurgicaux qu’on laisse reposer pendant sept jours avant leur réutilisation, ceci jusqu’à dix fois au lieu de les jeter après un seul usage ? Perso, j’ai raté cette info reprise dans les médias. J’apprends dans le livre Au cœur de la crise ! qu’elle émane d’un volet de l’étude ReMask réalisée avec des chercheurs d’Unisanté…
Une réflexion en profondeur
Des infos accessibles et clairement synthétisées par la journaliste Francesca Sacco, vous allez en trouver plusieurs dans ce petit ouvrage qui s’adresse au grand public et fourmille de données précises, rappels précieux et expériences directes concernant « l’action d’Unisanté contre la pandémie ».
Il a été réalisé sous la direction du professeur Jacques Cornuz, directeur général d’Unisanté et président du Conseil scientifique cantonal Covid-19. On le retrouve par deux fois en entretien dans ces pages : passionnante, sa réflexion souligne l’importance, peut-être trop exclusive des autres disciplines scientifiques, de l’expertise médicale et insiste notamment sur la nécessité pour les experts de rechercher entre eux des consensus, et de ne pas imposer leur vision d’une manière trop rigide, afin de permettre aux politiques de « mûrir leurs propres réflexions » et de prendre des décisions d’intérêt général.
Vers un GIEC du SARS-Cov-2 ?
Il en appelle à un « GIEC du SARS-CoV-2 » en vue de favoriser ce travail de convergence scientifique au sujet d’une pandémie avec laquelle il faut maintenant composer pour pouvoir retrouver, comme le dit son confrère Blaise Genton, médecin-chef à Unisanté, « une vie sociale satisfaisante pour tout le monde » et ne pas oublier les autres problématiques de santé dans leurs dimensions médicales ainsi que sociétales.
Tous deux insistent sur la nécessité de soutenir la vaccination dans les pays défavorisés, comme en Afrique, notamment pour diminuer les risques de mutations du virus. Cette interdépendance dans la pandémie et la réponse politique déterminée des États démocratiques indiquent assez que d’autres actions collectives à caractère partiellement liberticide pourraient s’engager, par exemple pour répondre aux conséquences du réchauffement climatique. Les deux professeurs ne le disent pas directement mais leur double réflexion suscite la nôtre…
Un engagement de chaque instant
Bien sûr, cet ouvrage est aussi une ode aux collaborateurs d’Unisanté, engagés dans la bataille depuis l’apparition à fin février 2020 du premier cas de Covid-19 en Suisse et lors des différentes vagues, parfois privés de congés pour la bonne cause, et sur tous les fronts.
Quelques tâches parmi d’autres : soins ambulatoires, formations créées pour le personnel de la santé ainsi que divers employeurs et employés confrontés au virus dans le cadre professionnel et à la réalité du télétravail, tests de dépistage en l’absence de signes cliniques et de diagnostic (avec symptômes), puis prise en charge de la vaccination, interventions en EMS et auprès de populations vulnérables, promotion de la santé au cœur du semi-confinement, recherche clinique et communautaire, création d’outils informatiques comme le fameux CoronaCheck ou CoTrack pour suivre la progression du virus dans le canton, participation aux décisions politiques prises par les autorités vaudoises…
Et moi, alors ?
Au-delà des personnels divers et complémentaires réunis par cette institution créée en 2019 sur la base de l’ancienne PMU et d’autres entités, ce livre qui se présente comme une histoire de la crise Covid-19 dans le canton de Vaud résonnera avec l’expérience de chaque lecteur. Pour ma part, j’ai été malade fin octobre 2020 et je lis que les résultats de l’étude SérocoViD « suggèrent que le SARS-CoV-2 s’est transmis à bas bruit durant l’été 2020, ce qui explique la flambée constatée dès l’automne ». Toutes et tous concernés !
Au cœur de la crise ! – L’action d’Unisanté contre la pandémie, par Francesca Sacco, RMS Éditions/Médecine et hygiène, 2021