Rencontre avec la doyenne de la troisième plus grande faculté de l’UNIL en termes d’effectif estudiantin. Pour Marianne Schmid Mast il s’agit d’un second mandat avec une équipe partiellement renouvelée.
Elle nous attend dans le vaste bureau vitré du décanat de la Faculté des HEC. C’est sa quatrième année comme doyenne, épaulée pour ce second mandat par deux vice-doyens issus de sa première équipe, Paul André et Christian Zehnder, et par deux nouveaux collègues, Jeffrey Petty et Valérie Chavez. Marianne Schmid Mast, qui a présidé en son temps la Société suisse des psychologues, met l’écoute et la bienveillance au cœur de son leadership.
Elle affirme sa volonté de « donner quelque chose en retour » à la collectivité, après une carrière académique d’enseignante et de chercheuse à l’Université de Neuchâtel, puis à l’UNIL, comme professeure en comportement organisationnel et experte en leadership. Elle s’intéresse à la psychologie des individus dans leurs interactions au travail, à leur comportement en tant que travailleurs, consommateurs et citoyens. Le monde professionnel reste son terrain privilégié avec ses interactions multiples, hiérarchiques, genrées, risquées voire conflictuelles, ses accomplissements et ses déceptions.
Un bachelor innovant et international
Sous sa gouvernance, HEC Lausanne vient de conduire une réforme de son bachelor avec, notamment, l’introduction d’un cours obligatoire de langue anglaise pour faciliter, dès la première année, le suivi des enseignements dans l’une ou l’autre langue et offrir aux étudiantes et étudiants un ancrage anglophone indispensable à la poursuite de leurs études en HEC. Il s’agit selon elle de mieux accompagner les nouvelles et nouveaux venus, de leur permettre aussi de « travailler en petits groupes et pas seulement d’écouter » en ajoutant les soft skills à leur apprentissage, quelle que soit l’orientation spécifique qu’ils et elles prendront au master. Avec un effectif d’environ 800 nouvelles personnes en première année, l’enjeu est de taille pour offrir tous les cours en version bilingue. Sans entrer dans le détail, le Bachelor HEC se veut innovant, dynamique, international et davantage axé sur la transition vers le monde professionnel.
Enjeux géopolitiques et climatiques
En outre, depuis deux ans, une formation sur la durabilité est obligatoire dès la première année ; elle est donnée par Estefania Amer, spécialiste de l’intégration des problématiques environnementales dans les études commerciales. « Pour moi, il n’y a pas d’un côté l’économie et de l’autre la durabilité ; nous formons aux grands enjeux de notre temps, qui reposent tous – pensons ainsi à l’intelligence artificielle ou à la migration – sur des principes économiques et interpersonnels, éthiques, politiques, voire géopolitiques. Nous entendons développer cette dernière dimension, notamment, avec par exemple l’engagement récent de Bruno Le Maire », explique la doyenne.
Les chercheurs et chercheuses de la faculté s’engagent activement sur les questions de durabilité. Parmi les initiatives récentes, HEC Lausanne a lancé l’an dernier le Centre d’expertise sur les extrêmes climatiques (ECCE), en collaboration avec la Faculté des géosciences et de l’environnement. Ce centre, unique en Suisse, regroupe des spécialistes des deux facultés pour soutenir les secteurs privé et public dans la préparation aux phénomènes extrêmes tels que les vagues de chaleur, les incendies ou les inondations, potentiellement de plus en plus fréquents, comme on peut le constater de manière tragique. Un autre exemple est la création en 2023 du Research Center for Grand Challenge, qui centralise à HEC Lausanne les expertises liées à la durabilité et aux 17 objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies pour mieux répondre aux défis sociétaux.
La possibilité du bénévolat
Marianne Schmid Mast n’apprécie pas trop les clichés qui peuvent encore coller à sa faculté. « Nos étudiantes et étudiants ont des profils très variés et viennent de différents horizons. Beaucoup s’intéressent à des thématiques liées à la durabilité, souhaitent aller travailler dans une ONG et montrent un engagement social. Nous répondons à ce besoin en leur proposant de nouveaux enseignements en matière de consulting pour des ONG ou encore, en troisième année de bachelor, un engagement bénévole à travers un stage, avec le soutien et le professionnalisme de Bénévolat Vaud », décrit-elle. Si tout le monde n’a pas forcément la possibilité de s’engager dans du bénévolat non rémunéré, HEC prévoit d’octroyer des crédits supplémentaires pour booster cette option auprès des étudiantes et étudiants intéressés mais peut-être limités pour des raisons financières dans leurs choix. En quittant Marianne Schmid Mast, on espère avoir donné un aperçu de la Faculté, sous l’angle de la durabilité et de l’engagement citoyen.
Plus d’informations sur la vision et les ambitions de la doyenne pour son deuxième mandat dans la vidéo Cap vers 2027.
Lire aussi nos entretiens avec la codirectrice du Département d’économie Kenza Benhima et le professeur Sébastien Houde.