Un jeune talent sur la scène mondiale des JO

Caryl Cordt-Moller, étudiant en sport et adepte du parkour, a marqué les JO de Paris 2024 en portant la flamme olympique.

Caryl Cordt-Moller, étudiant en sport à l’UNIL et membre de l’équipe nationale suisse de parkour, a marqué les JO de Paris 2024 en portant la flamme olympique lors des cérémonies d’ouverture et de fermeture, sur un parcours aérien spectaculaire. Encore méconnue, la discipline de cet athlète a pu bénéficier d’une visibilité inédite.

Nous l’avons aperçu à plusieurs reprises lors des cérémonies d’ouverture et de fermeture des JO de Paris 2024. Le mystérieux personnage masqué portant la flamme olympique avait captivé les millions de téléspectateurs en traversant la capitale de toit en toit. Caryl Cordt-Moller, étudiant à l’UNIL, était l’un des neuf athlètes de parkour choisis pour incarner ce rôle, dont le costume et la mise en scène rappelaient fortement le jeu vidéo Assassin’s Creed Unity. Un mètre quatre-vingt-deux, l’étudiant à la carrure imposante et aux cheveux blonds indisciplinés est en dernière année de bachelor, en sciences du sport, et fait partie, depuis 2022, de l’équipe nationale suisse de parkour, une discipline qui consiste à franchir des obstacles dans un environnement urbain avec sauts et acrobaties.

Sur le toit du monde devant des millions de personnes

Pour participer à la grande aventure des JO, le jeune de 24 ans s’est vu approché par le vidéaste et photographe parisien Zenzel, à qui l’on a confié la création des chorégraphies du porteur de la flamme olympique. « Zenzel est un ami, il a beaucoup travaillé avec le monde du cirque et du parkour, donc nous nous connaissons depuis de nombreuses années », relate l’étudiant. Lors de la cérémonie d’ouverture, Caryl a donc eu l’opportunité d’apparaître une première fois au Tribunal de commerce, où il devait courir dans un bassin d’eau au milieu de centaines de chorégraphes puis exécuter un petit saut pour atterrir dans un deuxième bassin en contrebas.

L'étudiant était l'un des hommes masqués lors de la cérémonie d'ouverture des JO de Paris. ©DR
L’étudiant était l’un des hommes masqués de la cérémonie d’ouverture des JO de Paris. ©DR

Puis, lors de la cérémonie de fermeture, le sportif a exécuté quelques acrobaties avant de remettre le drapeau belge au personnage principal. Autant dire que les performances techniques ne représentaient pas un réel défi pour Caryl qui, au quotidien, impressionne ses 27’000 abonnés sur Instagram avec des sauts à couper le souffle. « Je ne suis pas déçu, mais les JO étaient clairement la plus grosse opportunité de ma vie professionnelle. Et au final, je n’ai pas vraiment fait de parkour. J’étais sur le toit du monde devant des millions de personnes qui me regardaient et je n’ai pas réalisé une performance particulièrement spectaculaire sur le plan visuel », souligne l’étudiant.

« Il est malade de sauter par-dessus le vide, s’il tombe, il meurt ! »

Si les prouesses des neuf athlètes n’étaient pas aussi époustouflantes qu’ils l’auraient souhaité, Caryl est tout de même heureux que sa discipline, encore méconnue, ait reçu un bon coup de projecteur. « Le parkour est un sport de niche. Il est difficile de trouver des sponsors et nous sommes contraints de nous promouvoir par le biais de la vidéo », confie-t-il. Souvent associé au film Yamakasi, sorti en 2001, le parkour peut être perçu comme un sport dangereux pratiqué par des « inconscients qui aiment faire les marioles sur les toits », comme l’a déjà entendu Caryl. « Sur les réseaux, nous ne voyons que le produit fini, donc les gens se disent : « Il est malade de sauter par-dessus le vide, s’il tombe, il meurt ! » Ce qu’ils ne voient pas, c’est qu’il y a dix ans d’entraînement derrière. Alors oui, si je tombe, je meurs et j’en suis totalement conscient. Sauf que ce saut, je l’ai fait au sol pendant dix ans avant de monter à dix mètres de haut. Je l’ai répété des centaines et des centaines de fois pour être sûr qu’au moment propice je ne tombe pas. »

Champion du monde de jeu du chat

En plus de dix ans, Caryl ne s’est jamais rien cassé. Le sportif a grandi à Genève et s’est mis au parkour vers l’âge de 12 ans après avoir pratiqué le cirque, où il a pu s’initier au trampoline, à l’acrobatie et au jonglage. L’universitaire se souvient avoir beaucoup joué au jeu du chat et de la souris quand il était enfant, et continue d’ailleurs à y jouer, mais cette fois-ci, en tant que professionnel, dans une émission télévisée devenue virale sur les réseaux : Le Championnat du monde de jeu du chat (World Chase Tag). Dans un espace de 12 m² rempli d’infrastructures, deux athlètes s’adonnent à un jeu de poursuite. Le chat a 20 secondes pour toucher la souris, qui, elle, doit chercher à échapper à son prédateur. Caryl a remporté ce championnat en 2019 comme d’autres compétitions auxquelles il a participé. En 2014, le jeune prodige a gagné les Ruhr Games, à Düsseldorf, en Allemagne. En 2024, le battant est arrivé premier au classement général international de la Parkour World Cup Series et est devenu champion suisse 2024. Aujourd’hui, l’athlète arrive à vivre « plus ou moins » de son sport et a réussi pour le moment à passer tous ses examens à l’université. Par la suite, le jeune talent souhaiterait continuer à naviguer autour du parkour, soit comme athlète, soit dans l’événementiel, le management ou le coaching.

Intégré à la Fédération internationale de gymnastique (FIG) en 2018, le parkour pourrait potentiellement faire partie des épreuves olympiques, à condition que la fédération enlève une de ses disciplines. « Cela ne se fera pas pour les JO de Los Angeles mais pourquoi pas par la suite. Ce serait un supertremplin pour le sport et cela créerait énormément d’opportunités de travail », s’enthousiasme Caryl.

Pour aller plus loin

Le compte Instagram de Caryl Cordt-Moller

Caryl au Championnat du monde de jeu du chat (World Chase Tag)