Geoffroy Leibundgut
Supervisor: Prof. Michel Jaboyedoff
Co-supervisor: Jérôme Tixier
La nuit du 23 février 2014, un bloc rocheux de 100 tonnes se décroche et percute un chalet de montagne dans le village d’Isola (Alpes Maritimes, France). Deux enfants sont tués sur le coup. Le 22 mars 2014, un glissement de terrain spontané survient à Oso (Washington, USA) tuant 41 personnes et détruisant près de 49 foyers et autres infrastructures. Le 2 mai 2014, le village d’Abi Barik (province de Badakhshan, Afghanistan) est complétement détruit par deux glissements de terrain consécutifs. Environ 350 personnes sont tuées, 2 500 disparues et plus de 1 000 foyers sont affectés (chiffres tirés du blog internet de l’équipe risque de l’institut ; http://www3.unil.ch/wpmu/risk/).
Les dangers naturels sont au coeur de notre quotidien. Les chiffres énoncés plus haut montrent à quel point l’homme est vulnérable à ces évènements bien souvent aléatoires et difficilement prévisibles. La liste n’est pas exhaustive et on décompte déjà plus de 400 personnes décédées depuis le début de l’année 2014 à cause de ces 3 événements naturels. Dans un contexte où l’on s’attend à voir venir des changements climatiques importants influençant encore plus les mécanismes déclencheurs de mouvements de terrain (précipitations intenses dans certaines parties du globe, fonte des glaciers, etc.), il est plus que nécessaire de prendre en compte les risques liés aux dangers naturels dans nos sociétés et politiques. Le risque fait l’objet d’avancés importantes dans le domaine de la recherche. Des outils de mesures et d’analyses toujours plus performants et la vitesse accrue du développement informatique permettent une analyse et une caractérisation des processus dangereux de qualité à l’heure actuelle. Si la recherche s’attache à développer le savoir scientifique autour des mécanismes naturels dangereux pour mieux les prévenir, les politiques actuelles intègrent, de plus en plus, la notion du risque dans leur gestion du territoire. On voit apparaitre la mise en place de plans de prévention et de plans d’alertes dans les communes. Des politiques de sensibilisation voient également le jour. Autant d’éléments qui permettent, de nos jours, d’avoir une vision intégrée des risques naturels afin de mieux les prévenir et de mieux les gérer en cas de crise.
C’est en ce sens que s’inscrit ce projet. Il s’attachera à étudier deux types de dangers naturels imbriqués sur une zone d’étude particulière le long de la vallée de la Grand Eau, Suisse. A savoir, seront caractérisés, l’aléa d’instabilités rocheuses, autrement dit, la production de chutes de blocs et compartiments rocheux en zone de forte déclivité, puis l’aléa de création d’un barrage naturel dû au dépôt de ces blocs rocheux dans le lit de la rivière (appelé un embâcle) et la rupture potentielle de cette retenue d’eau (appelé débâcle). L’étude se proposera enfin de quantifier les risques d’inondation induits sur la ville d’Aigle en aval.
Ce travail s’articule donc en deux temps. D’abord, on caractérise l’aléa d’instabilités rocheuses. Plusieurs approches sont utilisées pour essayer de quantifier le danger présenté par la zone active. Une place importante sera laissée à la discussion. Ensuite, dans une approche prévisionnelle, il convient de créer des scénarios d’instabilités rocheuses pour simuler des cas de création d’embâcle. L’aléa embâcle/débâcle sera analysé pour plusieurs scénarios et enfin seront quantifiés les risques induits en aval pour les événements de débâcles significatifs.