Nous avons le plaisir de vous informer que le glossaire du RéNaF a contribué à enrichir le Publictionnaire en autorisant la republication des entrées « Monde narratif » et « Modèle rhétorique des publics ». Nous vous invitons à découvrir cette ressource précieuse en vous rendant sur leur page et en lisant le descriptif ci-dessous…
Lire la suiteActualités
Narration à la sixième personne
Par Gilles Merminod
Si l’usage narratologique a consacré les expressions « récit à la première personne » et « récit à la troisième personne », la notion de récit à la sixième personne ne se rencontre guère dans les ouvrages théoriques. Il existe bien, en langue anglaise, quelques travaux qui emploient l’expression « they-narratives » pour décrire certains récits d’expérience collective (Richardson 2015 ; Fludernik 2017 ; Alber 2018). Il reste néanmoins que la sixième personne se présente comme le parent pauvre de la narratologie, loin derrière les deuxième et même quatrième personnes. Pourquoi ? Serait-ce parce que la sixième personne n’est qu’une variation en nombre de la troisième et qu’au contraire des récits à la deuxième ou à la cinquième personnes, elle paraît, somme toute, assez naturelle ? Peut-être, mais ce serait négliger les enjeux qu’il y a à dépeindre avec constance ce que c’est que d’agir et de penser collectivement.
Lire la suiteLa Métalepse au prisme des arts (colloque)
Seminario permanente di Narratologia V: La Métalepse au prisme des arts
20-22 avril 2023, Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3, Maison de la Recherche (4, rue des Irlandais)
Link Meet: https://meet.google.com/cug-iacu-ecy
Streaming: https://www.youtube.com/channel/UChfobRA_fqBw589GC9UxcCA
Vingt ans après le congrès parisien qui a été à l’origine d’un véritable changement de paradigme dans les études narratologiques consacrées à la métalepse, le Seminario permanente di Narratologia, qui en est désormais à sa cinquième édition, souhaite prolonger davantage les réflexions en la matière, en accordant une importance particulière au rapport que la métalepse peut entretenir avec la fictionnalité, ainsi qu’aux enjeux de ce procédé en termes de « poétique historique » et d’interaction avec les lecteurs. Certains des plus grands spécialistes européens de la métalepse échangeront à cette occasion au sujet des approches théoriques les plus récentes, afin de tester la pertinence des catégories esthétiques et interprétatives actuellement employées, mais aussi pour développer de nouvelles pistes, notamment à partir d’un éventail d’études de cas. Encore plus que dans les précédentes éditions du Séminaire, il s’agira de franchir le périmètre des études littéraires à proprement parler, dans le but de privilégier la perspective intermédiale, et d’inclure dans le champ d’analyse des objets aussi variés que la BD et les jeux-vidéos.
La narratologie en Chine
Par Liya Wang
Traduit de l’anglais par Raphaël Baroni
La narratologie en tant que discipline a été introduite en Chine dans les années 1980, lorsque The Rhetoric of Fiction de Wayne C. Booth, Narrative Fiction de Shlommith Rimmon-Kenan et Recent Theories of Narrative de Wallace Martin ont été traduits en mandarin. Suite à cette réception rapide, la décennie suivante a vu une succession de traductions de classiques de la narratologie, parmi lesquels le Discours du récit de Genette a été reçu comme la quintessence du structuralisme. Au début du nouveau millénaire, la maison d’édition de l’université de Pékin a encore publié cinq ouvrages traduits sous forme de coffret, dont Reading Narrative de J. H. Miller, Fictions of Authority de Susan Lanser, Narrative as Rhetoric de James Phelan, Narratologies de David Herman et Postmodern Narrative Theory de Mark Currie. Dirigée par Dan Shen et traduite par d’excellents spécialistes des études littéraires, cette série présente les principaux domaines de l’étude narrative actuelle, ce qui a renforcé l’intérêt croissant pour la narratologie postclassique.
Lire la suiteNarratologie italienne
Par Filippo Pennacchio
Traduit de l’italien par Raphaël Baroni
En Italie, la narratologie n’a jamais eu la vie facile. Elle a souvent été considérée avec méfiance et, dans une certaine mesure, c’est encore le cas aujourd’hui. Au-delà d’un petit cercle de spécialistes, les noms d’érudits et de chercheurs tels que Franz Karl Stanzel, Dorrit Cohn ou Mieke Bal sont encore peu connus. Leurs textes n’ont jamais été traduits, et leur pensée, dans le meilleur des cas, a été résumée. En fait, le seul texte de narratologie connu non seulement des spécialistes est Figure III de Gérard Genette, dont tout le monde maîtrise plus ou moins la taxonomie et dont les principaux concepts sont également enseignés dans les écoles secondaires.
Lire la suiteChronotope / Chronotope
Par Hans Färnlöf
Dans son célèbre essai « Formes du temps et du chronotope dans le roman » datant de 1937-1938 (sauf les observations finales écrites en 1973), Bakhtine définit la notion du chronotope comme « la corrélation essentielle des rapports spatio-temporels, telle qu’elle a été assimilée par la littérature » (1978b : 237). À partir de cette définition, souvent citée, le chercheur court le risque de passer un peu trop librement vers l’étude des diverses manifestations de l’espace et du temps qui figurent dans telle ou telle œuvre littéraire. Or, toute étude spatiale et/ou temporelle ne correspond pas nécessairement à l’idée du chronotope tel que Bakhtine l’avait conçu, d’où l’importance de cerner de plus près ce que le chercheur russe entendait par sa définition.
Lire la suiteNarration à la troisième personne
Par Sylvie Patron
Cette entrée concerne les récits de fiction écrits (par opposition aux récits racontés oralement, qui soulèvent d’autres problématiques). Deux questions seront envisagées : Premièrement, y a-t-il une narration à la troisième personne, ou toute narration est-elle constitutivement à la première personne, avec des variantes impersonnelles contingentes ? Deuxièmement, peut-on parler de formes de narration à la troisième personne « non naturelles » ?
Lire la suiteFuturs POP: Assises CPM 2023 (appel à contribution)
Assises de la recherche en cultures populaires et médiatiques, seconde édition
Futurs POP – Quel(s) avenir(s) pour les études en cultures populaires et médiatiques ?
Dates : 12, 13 et 14 octobre 2023 / Lieux : Nanterre et Paris
Échéance des propositions : 1er décembre 2022 / Retour aux auteur·rice·s : mars 2023
Site: https://lpcm.hypotheses.org/23537
Les Assises de la recherche en cultures populaires et médiatiques 2018 visaient à constituer un événement scientifique centralisateur autour du thème commun « Approches critiques des fictions médiatiques : enjeux, outils, méthodes ». Réunissant une centaine d’intervenant·e·s issu·e·s de diverses disciplines, cet événement a permis de confronter les objets, les méthodes et les champs théoriques, confirmant le dynamisme des recherches en cultures populaires et médiatiques et contribuant à affirmer la place incontournable qu’elles occupent dans le paysage universitaire. Après ce premier état des lieux des recherches sur les cultures populaires et médiatiques, cette deuxième édition des Assises, qui se tiendra cinq ans plus tard, choisira cette fois de regarder vers l’avenir – le terme étant ici entendu dans un sens large.
Lire la suiteL’imaginaire transmédiatique et ses enjeux politiques (annonce de séminaire)
Séminaire de l’équipe « Textes et livres » (Axe 1) du laboratoire Babel de l’Université de Toulon
Coordinateur : Alessandro Leiduan
Page dédiée à l’évènement: https://babel.univ-tln.fr/limaginaire-transmediatique-et-ses-enjeux-politiques-09-12-2022/
La transmédialité est la condition de mobilité médiatique de ces œuvres qui ne s’incarnent pas dans un seul média mais qui s’étendent sur plusieurs médias interconnectés. La transmédialité est le résultat de l’activité « convergente » des industries de divertissement et des fans (Jenkins H. 2013). Les unes élaborent des contenus imaginaires, en les distribuant à travers leurs propres réseaux, les autres s’approprient ces mêmes contenus en élaborant de nouvelles « variantes » (via les sites de fanfiction, par exemple) qui élargissent les frontières de l’univers transmédiatique dont elles relèvent (les « user generated contents »). Cette collaboration a été interprétée comme le corrélat symbolique d’une révolution fondamentale du rapport entre les citoyens et le pouvoir politique (Lévy P. 1994). A l’appui de cette interprétation, les recherches universitaires ont également souligné le caractère engagé des actions entreprises par les fans (Besson A. 2021, Bourdaa M. 2021). Ceux-ci ne se limitent pas à déployer leur activité sur le mode de la poiesis (la créativité), ils n’élaborent donc pas seulement de nouvelles variantes qui élargissent les frontières des univers transmédiatiques existants, ils inscrivent aussi leur action dans la dimension de la praxis (celle de l’engagement politique), en se mobilisant pour des causes sociales et en utilisant le contenu de leurs fictions préférées comme arme de lutte politique. Le masque du Joker est ainsi devenu, partout dans le monde, le symbole de la lutte pour la liberté d’expression, le costume des Servantes écarlates a été utilisé par des mouvements féministes états-uniens pour protester contre la restriction du droit d’avortement, les braqueurs de la Casa de papel ont été adoptés par les nouvelles générations comme symboles d’insoumission à un monde gouverné par l’argent et les banques…
Lire la suiteLire Houellebecq (annonce de parution)
Houellebecq, entre polyphonie et désaccords interprétatifs.
Quelle forme prend l’interprétation au contact de récits qui divisent la critique et le public? Tenter de répondre à cette question conduit à aborder les textes sous l’angle d’une critique polyphonique. Dans cet essai, Raphaël Baroni tente de remonter à l’origine plurielle des énoncés fictionnels et, parfois, de suivre le cordon ombilical qui rattache les romans à la vie de leurs auteurs et au monde.
Cette démarche consiste donc, occasionnellement, à engager la responsabilité de l’écrivain. Mais ce dernier ne parle jamais seul: il «est parlé» autant qu’il fait parler ses personnages. Celles et ceux qui glorifient Houellebecq ou qui rejettent son œuvre n’entendent simplement pas les mêmes voix dans ses romans, et rien n’oblige à trancher le débat. La littérature vit des désaccords qu’elle engendre.
Raphaël Baroni, avec la collaboration de Gaspard Turin et Samuel Estier, Lire Houellebecq. Essais de critique polyphonique, Genève, Slatkine, 2022.