Les stress, les défis et les ressources des familles arc-en-ciel au quotidien et le manque de formation des professionnel·le·s

Dans le cadre d’une invitation du Centre de recherche sur la famille et le développement (FADO), Dr. Catherine Fussinger est venue sa recherche sur les familles arc-en-ciel et les difficultés auxquelles elles sont quotidiennement confrontées.

Conférence de Catherine Fussinger

Compte-rendu par Emma Melvyn

Dr. Catherine Fussinger est responsable de recherche à l’institut des humanités en médecine où elle travaille depuis plus de vingt ans sur divers enjeux sociaux dans le champ de la médecine et de la santé. A partir d’un angle d’analyse socio-historique, ses domaines de recherche se concentrent sur les transformations du champ de la santé mentale au XXe siècle, sur la psychothérapie comme pratique professionnelle, ainsi que sur le développement du domaine genre et médecine. En outre, elle réalise ses recherches depuis une posture liée à son engagement associatif dans l’association ‘Familles Arc-en-ciel’ et à son expérience personnelle.

Lors de cette conférence, Fussinger a défini dans un premier temps la notion de familles arc-en-ciel comme étant des familles où au moins l’un des parents s’identifie en tant que membre de la communauté LGBTQ+. Elle a ensuite présenté un bref historique de la reconnaissance des droits des parents LGBTQ+ au niveau européen, américain et suisse. De plus, la conférencière a dressé un portrait de la situation juridique des familles-arc-en-ciel en Suisse, en montrant que l’accès à la filiation a longtemps été liée au mariage. Ce n’est qu’en 2018 qu’est entrée en vigueur une réforme autorisant l’adoption intrafamiliale (c’est-à-dire l’adoption de l’enfant du·de la partenaire·x) pour les couples de même sexe et supprimant l’obligation d’une union légale pour accéder au processus d’adoption (à noter tout de même que cette réforme n’autorise toujours pas l’adoption extrafamiliale pour les couples de même sexe). Dr. Fussinger relève que la population suisse va devoir s’exprimer prochainement sur cette question lors du vote sur la Loi sur le mariage pour tou·te·x·s (qui inclut également l’accès à la PMA et la double filiation automatique pour les deux mères si la conception a été faite dans une clinique suisse). Elle évoque ensuite le rôle des psychanalystes dans les débats autour de la parentalité des personnes LGBTQ+, en insistant notamment sur le fait qu’ils n’ont toujours pas pu prouver la ‘nocivité’ des familles-arc-en-ciel sur le développement psychologique des enfants. 

Les familles arc-en-ciel doivent combattre jour après jour les stigmates qui pèsent sur elles, ainsi que toutes les difficultés liées à la construction d’un projet parental commun et au manque de protection juridique.

Dans un second temps, la conférencière a discuté des défis principaux auxquels sont quotidiennement confrontées les familles arc-en-ciel. Ces dernières doivent combattre jour après jour les stigmates qui pèsent sur elles, ainsi que toutes les difficultés liées à la construction d’un projet parental commun et liées au manque de protection juridique. Pour finir, Dr. Fussinger a discuté des diverses ressources auxquelles ont accès les familles arc-en-ciel et de leurs relations avec divers professionnel·le·x·s de l’enfance, de la famille ou encore juridiques. Elle a notamment souligné un manque général de formation de ces professionnel·le·x·s lorsqu’ils sont confronté·e·x·s à ces familles. Elle explique en effet que ces familles arc-en-ciel sont souvent confrontées à une présomption d’hétéroparentalité, ce qui peut créer un malaise. Ces professionnel·le·x·s participent ainsi souvent de près ou de loin à perpétuer les stigmates qui pèsent sur ces familles. C’est pourquoi un des intervenants a demandé s’il serait nécessaire de créer des services spécifiques aux familles arc-en-ciel ou au contraire de rendre plus visibles les services existants, mais en incluant des spécialistes des questions LGBTQ+. Question à laquelle la conférencière a répondu qu’il est crucial de pouvoir rediriger ces familles en toute confiance vers des professionnel·le·x·s et qu’il est donc impératif qu’il existe des expert·e·x·s en la matière.

Informations

Pour citer cet article Nom Prénom, « Titre ». Blog de l’Institut des sciences sociales [En ligne], mis en ligne le XX mois 2021, consulté le XX mois 2021. URL :
Autrice Emma Melvyn, étudiante en Bachelor
Contactemma.melvyn@unil.ch
EnseignementSéminaire Le genre au cœur des inégalités sociales : migration, ethnicité, classe, sexualité

Sébastien Chauvin et Annelise Erismann

© Illustration : freepik