Innovations et nature
Après une journée et une soirée riche et très mouvementée, le planning du lendemain était plus allégé et calme. Nous avions rendez-vous dans la même salle que le soir précédent, moins décorée que la veille, pour assister à deux présentations d’organismes suisses ayant développé une innovation sociale au Brésil. La première présentation portait sur une start-up suisse nommée « Herby » qui souhaitait développer une intelligence artificielle afin de corriger les tests des élèves. Durant la pandémie, les écoles brésiliennes étaient bien sûr fermées. Malheureusement, certains élèves n’avaient pas accès à des programmes tels que Zoom afin de pouvoir suivre les cours à distance. Pour remédier à cette situation, les élèves devaient rencontrer une fois par semaine leurs professeurs afin d’échanger leurs devoirs pour les faire corriger et en recevoir des nouveaux. Toute cette organisation était ainsi très compliquée. C’est pour cela que cette start-up a pensé à introduire une intelligence artificielle qui faciliterait la correction des tests et pourraient ainsi améliorer l’éducation à distance lors de pandémies. Cette application s’avère aussi intéressante pour remplacer un professeur dans certaines favélas où les élèves n’en ont pas forcément à disposition.
Herby nous a ensuite parlé de différentes barrières que l’on peut rencontrer lors de la vente d’une start-up. Il faut en effet savoir parler aux bonnes personnes au bon endroit, adapter l’innovation au contexte et surtout essayer de faire fonctionner son idée à un petit niveau avant d’essayer dans une échelle plus grande. Il a aussi expliqué certaines spécificités du business brésilien, comme le fait qu’il est parfois compliqué d’avoir un feedback sur une présentation ou une idée car : « Brazilians don’t say it’s bad. ».
Après avoir posé des questions et diné, nous avons assisté à la seconde présentation. Cette fois-ci, il s’agissait du fondateur de l’ONG Mauren to leben : Yves Störi. Cette organisation suisse s’intéresse tout particulièrement à la région la plus pauvre du Brésil, Marianaw, où le fondateur avait donné des leçons de musique quand il avait 19 ans. Cette région, faisant huit fois la superficie de la suisse, a aussi le taux le plus élevé d’analphabétisme du pays. L’organisation fonctionne d’après le « Help for Self-Help », c’est-à-dire que le but de celle-ci est d’amener de l’aide à l’auto-détermination de manière durable, tout en empêchant une dépendance des locaux à l’ONG. Son idée est en effet simple et diffère de nombreuses autres ONG plus connues : l’organisation donne les outils nécessaires au populations locales pour être plus indépendantes en fonction de leurs besoins particuliers, qui sont ainsi exprimés par les intéressé·e·x·s et non pas imposés par autrui. L’organisme amène principalement de l’apprentissage, aux hommes comme aux femmes, concernant la construction de maisons solides, mais aussi à propos de la façon de monter une petite entreprise, de faire des gâteaux, de réparer une moto ou de tenir une librairie. Il est indispensable d’amener des connaissances afin de construire des infrastructures nécessaires au bon fonctionnement d’un village, comme par exemple la rénovation de l’église du village, lieu important pour la cohésion sociale locale. L’acquisition des matières premières indisponibles et nécessaires à la construction des maisons passe par les locaux qui ont aussi appris à demander des devis et qui connaissent les bases économiques leurs permettant de négocier et d’avoir des prix avantageux.
L’innovation sociale de Yves Störi est une réussite : avant, les familles travaillaient dans la production de soja et dépendaient alors des propriétaires et donc d’un circuit global qui n’était pas favorable pour elleux. Aujourd’hui, ils ont réussi à développer une économie circulaire dont iels sont responsables, en plus de bénéficier de meilleures conditions matérielles, et tout cela sans rien devoir à l’ONG. Mauren to leben a aussi un autre projet dont l’objectif est de donner à cent jeunes la possibilité de suivre un cours de sensibilisation au recyclage durable. En effet, le recyclage et la reforestation constituent un travail important et indispensable pour la prochaine génération. Il profite aussi des cours concernant l’électrification des maisons pour promouvoir la mise en place de panneaux solaires afin d’obtenir un meilleur impact sur l’environnement.
Avec 23 cours par année, l’organisation a réussi à distribuer 300 diplômes qui vont également aider la transmission intergénérationnelle des savoirs. Avec un travail qualitatif, des visites récurrentes du terrain et le maintien des liens personnel, l’ONG a réussi à avoir un impact réel et significatif.
Après la fin des deux présentations, nous avons discuté ensemble du programme de notre après-midi de libre et avons finalement décidé de nous rendre au parc Lage. Nous sommes d’abord allé·e·s visiter le palais des beaux-arts, un endroit magnifique au pied du Corcovado où nous avons pris de nombreuses photos.
Depuis le palais, nous nous sommes rendu·e·s dans le parc de 52 hectares classé au patrimoine historique brésilien. Notre visite était surtout motivée par une chose : pouvoir observer des singes en liberté. Après une marche de 20 minutes, nous avons eu la chance d’en voir tout près de nous.
Nous avons ensuite continué notre balade dans le parc. Vers la sortie, nous avons fait une deuxième rencontre à laquelle nous ne nous attendions pas, cette fois-ci : un capybara. Un certain nombre d’entre nous ne connaissait pas l’existence de ce rongeur qui peut mesurer plus d’un mètre de longueur et peser jusqu’à 50 kg. Exalté·e·s par cette rencontre, nous décidons de continuer encore un peu notre visite avant le coucher du soleil. Dans une allée, nous apercevons à nouveau un singe, nous décidons de nous mettre tous·tes accroupis en silence. Voilà que nous nous retrouvons entouré·e·s d’environ 5 singes différents se baladant au travers des arbres. Le soleil se couchant nous décidons finalement de quitter le parc et de nous rendre à l’hôtel afin de nous préparer pour le barbecue brésilien du soir.
Oscar Della Casa & Christelle Hamouti