Julie Bory: Evaluation des dangers potentiels au sein du bassin versant d’un ouvrage hydro-electique. Le cas du barrage de Mauvoisin (Val de Bagnes, Valais, Suisse).

Julie Bory
Supervisor: Prof. Michel Jaboyedoff
Expert: François-Joseph Baillifard

Avec une hauteur de 250 m, le barrage de Mauvoisin (Val de Bagnes, Valais, Suisse) est le plus haut barrage-voûte d’Europe. Son bassin versant topographique est bordé de falaises qui s’étendent par niveaux sur une hauteur pouvant atteindre les 1000 m, et par de nombreux glaciers. De par cette configuration, ce bassin versant a souvent été le siège de chutes de glace, de chutes de blocs et d’éboulements qui ont touché la route et les sentiers pédestres qui longent le lac de retenue, ainsi que les infrastructures liées à l’exploitation hydro-électrique.

Ces événements ont pour le moment toujours été gérés de manière indépendante: aucune évaluation globale de l’ensemble des dangers susceptibles de toucher le bassin versant n’a jamais été entreprise. De même, aucune estimation des conséquences potentielles de ces événements n’a été faite. A l’instar de ce qui s’est déroulé au barrage du Vajont le 9 octobre 1963 (1910 victimes) (Eisbacher et Clague, 1984), un phénomène mettant en jeu un volume élevé pourrait-il générer une vague de type “tsunami” et causer des dégâts aux installations hydro-électriques et, en cas de débordement, aux biens situés à l’aval de la retenue? En 1818 par exemple, le glacier du Giétro, dont la langue terminale barrait la vallée au niveau de l’actuel barrage, céda brutalement. Le lac formé par cette digue naturelle se vidangea rapidement: la vague ainsi formée se propagea jusque dans le lac Léman, distant de près de 80 km, causant la mort d’une cinquantaine de personnes.

La présente étude a pour but de combler ces lacunes. Pour évaluer l’aléa d’éboulement et de chutes de blocs, une importante campagne de terrain est menée, puis complétée par des phases de simulation des phénomènes et de leurs caractéristiques à l’aide de logiciels spécialisés. De la même manière, l’aléa de rupture glaciaire est ensuite évalué, en tenant compte des modifications du climat. En fonction de la susceptibilité à la rupture des phénomènes et de leur intensité, mais également du remplissage de la retenue, le risque de rupture du barrage et le risque de débordement (“tsunami”) est finalement évalué.