Quatre nouveaux postes ont été créés au sein de l’École de droit, dans le but de développer les domaines du numérique, de la santé et du sport. Un essor significatif pour l’École et pour la FDCA tout entière commenté par Francesco Maiani.
L’École de droit a récemment effectué des recrutements exceptionnels en embauchant trois enseignantes et un enseignant. Cette situation est intéressante car elle implique la création de nouveaux postes plutôt que des remplacements. Cette initiative vise à stimuler le développement de domaines stratégiques tels que le numérique, la santé et le sport, avec des avantages notables pour l’École elle-même, pour la Faculté de droit, des sciences criminelles et d’administration publique (FDCA), ainsi que pour l’ensemble de l’UNIL. Francesco Maiani, en sa qualité de directeur de l’École de droit et vice-doyen de la FDCA, explique cette démarche.
Qu’est-ce qui a conduit à la décision d’allouer d’importants moyens pour renforcer la dimension du numérique, de la santé et du sport à l’École de droit ?
Francesco Maiani : C’est la convergence de divers axes stratégiques. Il y a quelques années, la Faculté a obtenu auprès de la Direction de l’UNIL les financements lui permettant d’accentuer la dimension numérique, reconnaissant que le droit est fortement impacté par les évolutions technologiques. On prendra pour exemple les enjeux liés à l’intelligence artificielle et aux décisions basées sur des algorithmes. En parallèle il y avait le projet, tout aussi enthousiasmant, de développer deux postes professoraux en commun avec la Faculté de biologie et de médecine, et d’acquérir ainsi des compétences sur un vaste spectre de questions, là aussi avec un fort accent sur l’irruption du numérique dans ces domaines. Et enfin, l’occasion s’est présentée plus récemment pour la FDCA de financer dans ses trois composantes des postes permettant d’acquérir des compétences de pointe et interdisciplinaires en matière de sport. Là aussi, les liens avec les autres axes – pensez à la santé et à la lutte antidopage – sont évidents. Nous sommes très heureux de ces opportunités et de la manière dont nous les avons saisies. Nous avons recruté des profils exceptionnels, des personnes jeunes, dynamiques et pleines de talent.
Vous avez donc créé deux postes conjoints avec la FBM en embauchant la professeure Audrey Lebret et le professeur Frédéric Érard. Quelles thématiques souhaitez- vous renforcer ?
La collaboration avec la Faculté de biologie et de médecine (FBM) s’inscrit en partie dans la même dynamique visant à renforcer le domaine numérique. Cependant, elle répond également à un double besoin. D’une part, du côté de la FBM, il est nécessaire de disposer de compétences juridiques, compte tenu de la juridicisation croissante de la profession médicale et des aspects liés à la recherche. D’autre part, de notre côté, il était intéressant de développer des domaines tels que le droit médical et, plus largement, le droit du vivant, un créneau dans lequel notre faculté n’avait pas jusqu’ici une présence forte. Cette collaboration offre également une occasion privilégiée de promouvoir l’interdisciplinarité, une valeur fondamentale pour notre faculté qui réunit trois composantes avec des savoirs et des disciplines variés, renforçant également nos liens avec d’autres facultés.
Quels aspects seront développés dans le domaine du droit médical ?
Le domaine du droit médical englobe divers aspects allant de la responsabilité civile des médecins au traitement des données des patients, ainsi que des questions éthiques et juridiques liées à l’utilisation de l’intelligence artificielle pour les diagnostics médicaux. Ces exemples soulignent la diversité des sujets potentiellement concernés, incluant des aspects liés à la recherche sur le vivant, tels que les consentements à obtenir.
Quel est le but du poste en droit du sport endossé par Marjolaine Viret ?
Le fait de créer un centre de compétences en droit du sport à Lausanne, Ville olympique, peut paraître une évidence, mais là non plus nous n’avions pas de chaire dédiée. Or le droit du sport est au centre de plusieurs enjeux fascinants – de la question du genre des athlètes, illustrée par l’affaire Semenya, à la lutte antidopage, aux questions plus classiques mais toujours actuelles de l’autonomie du monde sportif et de sa justice. La création de la chaire en droit du sport nous permet d’y répondre et ouvre par ailleurs des perspectives extrêmement réjouissantes de collaboration interdisciplinaire au sein de la faculté et au-delà.
Quelles vont être les relations avec l’Institut des sciences du sport de l’Université de Lausanne (Issul) ?
L’Issul a été bien sûr pleinement impliqué dans le processus, tant au niveau de la planification académique qu’au stade des procédures de présentation. Nous nous réjouissons beaucoup de travailler avec eux. L’idée est d’apporter une pierre de plus, de pouvoir par exemple monter des cours de droit du sport qui puissent compléter les activités de l’Issul et rendre service à ce dernier. La logique est clairement celle de la synergie et de la collaboration.
Parmi les nouveaux professeurs, certains, comme Aurelia Tamò-Larrieux par exemple, travaillent dans des institutions étrangères. Souhaitez-vous également briller davantage à l’international ?
Bien sûr, nous aspirons toujours à accroître notre visibilité à l’échelle internationale. Toutefois, les quatre nominations dont nous nous réjouissons aujourd’hui ne reflètent pas une démarche délibérée d’internationalisation. Concrètement, nous bénéficions effectivement d’un équilibre remarquable à cet égard. Aurelia Tamò-Larrieux, que vous évoquez dans votre question, l’illustre parfaitement. Elle nous apporte des compétences de pointe dans des domaines clés tels que le droit computationnel et l’intelligence artificielle. Bien qu’elle soit suissesse, elle rejoint l’UNIL au départ de l’Université de Maastricht et nous apportera, à ce titre, tant des connaissances pointues en droit suisse qu’une indispensable perspective internationale. Marjolaine Viret et Frédéric Érard ont principalement travaillé dans le système suisse et ont exercé le droit au sein de ce système – quoiqu’ils aient su tisser de belles collaborations internationales. Ils nous apportent ainsi une connaissance approfondie et détaillée du cadre légal – national et international – appliqué en Suisse dans leurs domaines d’expertise respectifs. Audrey Lebret, qui a bâti une carrière académique à travers plusieurs pays et continents, nous apporte quant à elle un regard international justement là où il nous est particulièrement utile, vu que la régulation du vivant a une dimension continentale voire universelle de plus en plus importante.
Avec ces nouveaux postes, peut-on affirmer que l’École se modernise ?
Nous sommes, en fait, constamment engagés dans un processus de modernisation, tout en veillant à préserver l’identité d’une discipline qui s’est forgée au fil des siècles. En tant qu’enseignants et chercheurs, il est impératif pour nous de nous former de manière continue, d’être ouverts aux innovations, et même d’être à l’avant-garde de certaines avancées. Ainsi, la mise à jour, la rénovation et l’expansion du périmètre de nos activités et expertises sont des constantes. Mais ce que nous apporte l’arrivée de ces quatre collègues va au-delà de la simple rénovation : nous élargissons significativement nos horizons, et ce de manière stratégique. Elle enrichit l’École, la faculté et l’Université avec des compétences qui n’étaient pas présentes auparavant, couvrant des domaines et des thèmes d’une actualité très marquée.
Quels efforts l’École a-t-elle déployés pour promouvoir l’équilibre des genres, en particulier en ce qui concerne la nomination de femmes à des postes clés ?
Avec ces quatre nominations, le corps professoral de l’École sera constitué pour un tiers de femmes, représentant le 40% des équivalents plein-temps professoraux. Si les procédures de promotion actuellement en cours aboutissent, environ la moitié des professeurs et professeures ordinaires de l’École seront des femmes. Le travail de l’égalité est loin d’être accompli, mais la direction du changement est claire si l’on pense qu’il y a dix ans le corps professoral féminin représentait 18,7% chez nous. On voit là le résultat d’efforts délibérés et constants pour garantir que nos processus de sélection soient dépourvus de tout biais de genre.
Nouvelles têtes
Droit civil / droit de la santé – Frédéric Érard (1er février 2024)
Droit numérique et propriété intellectuelle – Aurelia Tamò-Larrieux (1er février 2024)
Droit du vivant / droit de la santé numérique – Audrey Lebret (1er août 2024) (un lien suivra en temps utile)
Droit du sport – Marjolaine Viret (1er août 2024) (un lien suivra en temps utile)