Les Écotopiales, le festival des « imaginaires écologiques », lancé en 2024 à l’Université de Lausanne, reviennent fin octobre avec une programmation plus ample renforçant les ponts entre les sciences et les arts. Rencontre avec Colin Pahlisch, chercheur en littérature, chargé de projet au Centre de compétences en durabilité à l’Unil et directeur de l’événement.
Quel est le thème de cette deuxième édition des Écotopiales ?
Colin Pahlisch : Le festival propose cette année d’explorer nos relations au vivant, humain et non humain. Il s’agit autant d’investiguer les liens que nous tissons avec les autres êtres (plantes, animaux…) que plus généralement de se mettre à l’écoute de cette vie qui parle en nous, lorsque nous créons ensemble ou que nous plongeons dans la recherche.
Pourquoi est-ce important de relier la science et les arts, la recherche et la création ?
Parce que ces disciplines sont beaucoup plus proches que ce qu’on imagine de prime abord. De manière assez cliché, on a parfois l’impression que les chercheurs s’occupent de grandes lois universelles et abstraites, au-delà d’une dimension affective, et que, inversement, les artistes sont des gens irrationnels, qui travaillent essentiellement avec leurs émotions… Pourtant, il y a une part de création dans toute activité de recherche et une part de recherche dans toute création. En construisant des ponts, on parvient à approcher le monde de manière plus complète, à rouvrir les possibles, à composer de nouvelles visions du futur ! On le constate de plus en plus au regard de la recherche sur l’écologie, où l’on a besoin d’innover. Par exemple, la possibilité de donner une personnalité juridique à un fleuve ou à une forêt afin de les protéger invite à un dialogue entre les sciences juridiques et un nouvel imaginaire dans lequel le vivant non humain a les mêmes droits que le vivant humain.
Les échanges entre les disciplines se font-ils naturellement ?
En tout cas, nous l’avons observé empiriquement lors de la première édition. Les artistes ont été très intéressés par les conférences liées à la recherche et, inversement, les ateliers de création collective ont eu un énorme succès auprès des chercheuses et chercheurs.
Comment ce constat se traduit-il dans votre programmation ?
Nous avons décidé d’hybrider les rencontres au maximum (voir encadré). L’an passé, il y avait toute une journée consacrée à la recherche, en mode colloque, et une seconde dédiée exclusivement à la création. Cette année, nous voulons donner plus d’outils de création à la recherche et plus d’outils de recherche à la création. Les matinées sont dédiées à des conférences et tables rondes mêlant les disciplines scientifiques et les après-midi à des ateliers de création participative (cinéma, dramaturgie, bande dessinée, écriture…). Chacune des journées se conclut par un événement au croisement de la science et de la création.
De quels soutiens bénéficiez-vous au sein de l’Unil ?
Convaincu par la première édition, le Service culture et médiation scientifique (SCMS) a renforcé son soutien, devenant coproducteur de l’événement. Le Réseau ALUMNIL a aussi rejoint l’aventure.
Quelles sont les nouveautés ?
Hormis nos partenaires incontournables que sont le Théâtre de Vidy et le pôle muséal Plateforme 10, nous avons cette année aussi la chance de pouvoir compter entre autres sur la Ville de Lausanne, la BCUL, Terre & Nature ou Louise va au cinéma. Ce qui nous a permis d’organiser plus d’événements, notamment de mettre en place un programme spécial pour les enfants (et les grands enfants !).
Un programme pour réfléchir
Le festival débutera le jeudi 30 octobre au soir par une rencontre avec la romancière et dramaturge Antoinette Rychner, au Théâtre de Vidy, en collaboration avec la section de français de la Faculté des lettres. Le 31 octobre à l’Unil, la matinée scientifique s’ouvrira avec l’historien de l’environnement Grégory Quenet et la philosophe Anne Simon, spécialiste de zoopoétique. S’ensuivront de multiples ateliers de création collaborative (écriture créative, cinéma d’animation, dramaturgie, jeu de rôle…). La journée se terminera à La Grange, partenaire de la soirée, par un spectacle de danse et une rencontre avec le biologiste Olivier Hamant intitulée « S’inspirer du vivant pour construire un monde robuste ».
Le 1er novembre, la matinée commencera au pôle muséal Plateforme 10 avec deux conférences autour de l’architecture urbaine, des arts et du vivant. Vous pourrez y entendre Nathalie Blanc, géographe, poète et écologue, et Nathalie Dietschy, professeure d’histoire de l’art à l’Unil. L’après-midi, les ateliers reprendront à l’Auditoire Élysée-Mudac (bande dessinée, en collaboration avec BDFIL) et au Cinématographe (écriture scénaristique, avec le collectif WIIP). Vous pourrez également assister à une rencontre avec l’écrivain Tanguy Viel à Plateforme 10, à 14h, ainsi qu’à un spectacle de contes écologiques pour les enfants. La journée se terminera par un grand débat à Vidy avec entre autres le dramaturge Camille de Toledo, le chercheur en droit environnemental Brian Favre (Unil) et le philosophe Gérald Hess (Unil) autour des rapports entre droit environnemental et imaginaires écologiques. La quasi-totalité des événements est gratuite.
Inscriptions possibles dès le 1er octobre dans la limite des places disponibles