« L’UNIL contribue à la prospérité de la région »

Selon une étude, un franc investi dans l’UNIL rapporte près de cinq francs au canton de Vaud. Rencontre avec le recteur Frédéric Herman.

L’Institut CREA d’économie appliquée des HEC a étudié l’impact économique de l’Université de Lausanne sur le canton de Vaud. L’occasion de découvrir qu’un franc investi en rapporte cinq. Rencontre avec le recteur Frédéric Herman pour évoquer ces résultats.

L’Université de Lausanne a mandaté l’Institut CREA pour mesurer son impact économique sur le canton. Quelles sont les conclusions de cette étude ?

Frédéric Herman : Dans son programme de législature 2022-2027, le Conseil d’État a souhaité estimer l’impact économique des hautes écoles vaudoises sur l’économie cantonale, en termes de retombées financières et en termes d’emploi. À l’aide de données et d’un modèle macroéconomique et quantitatif, le rapport dévoile les retombées de l’UNIL sur l’économie vaudoise, notamment à travers ses activités de recherche et de formation, qui sont ses missions de base. Ces résultats nous apportent deux enseignements. En premier lieu, l’apport de l’UNIL à l’économie vaudoise est significatif. Il correspond chaque année à près de 9200 équivalents plein temps, 1,5 milliard de francs de valeur ajoutée et 2,5% du PIB vaudois. En second lieu, l’impact économique global de l’UNIL dans le canton est bien supérieur aux subventions accordées par ce dernier. Chaque million investi annuellement par l’État de Vaud génère 4,7 millions de retombées financières. C’est un effet multiplicateur proche de cinq.

Pour la période 2018-2022, un franc investi dans l’UNIL équivaut donc à près de cinq francs de retombées pour le canton. Que vous inspire ce résultat ?

L’investissement dans la recherche et la formation rapporte beaucoup. Il faut donc continuer à investir. Les retombées économiques sont grandes, aussi bien à court terme qu’à long terme. L’UNIL contribue à la prospérité de la région sur le plan économique, social et intellectuel. Les universités font partie des moteurs économiques du pays. Le modèle suisse fonctionne particulièrement bien, avec des universités bien classées sur le plan international. Il est remarquable de voir qu’un système complètement public, démocratique, avec une logique d’ouverture et d’accès aux études arrive à la fois à figurer parmi les meilleures institutions au monde et à avoir un impact économique et social sur sa région. Ce rapport s’inscrit pourtant dans un contexte où nous sommes exposé·es, dans les années à venir, à des restrictions budgétaires à l’échelon fédéral. Cette analyse démontre que l’UNIL est importante. Une coupe budgétaire se traduirait par une perte en termes d’impacts économiques au niveau du canton. À travers la formation, la société investit dans l’avenir.

Outre la recherche et la formation, d’autres secteurs de l’UNIL représentent-ils une source de revenu pour le canton de Vaud ?

Nous avons également les dépenses liées à l’activité de l’UNIL en termes d’achats, de construction, de laboratoires. Les étudiant·es vivent et dépensent en lien avec leurs activités. En outre, les employé·es paient des impôts et contribuent à l’économie. Selon ce rapport, l’UNIL permet aux collectivités publiques du canton d’encaisser des recettes fiscales supplémentaires d’environ 230 millions de francs par an. Près de la moitié de cette somme provient des diplômé·es de l’UNIL grâce à la prime salariale générée par leur formation universitaire.

Malgré un investissement humain et financier important lors de leur formation, les diplômé·es de l’UNIL bénéficient d’une prime salariale en regard des employé·es sans un tel bagage. Sur l’ensemble d’une carrière, cela représente en moyenne quelque 2100 francs de plus par mois. Le cursus universitaire reste une valeur sûre, professionnellement parlant ?

C’est exactement ce que l’étude démontre. Les étudiant·es sont effectivement largement récompensé·es sur l’ensemble de leur carrière. Et le canton de Vaud en bénéficie aussi à travers les dépenses supplémentaires des futur·es diplômé·es auprès des entreprises de la région et les impôts versés.

L’UNIL n’est pas qu’un acteur économique important dans le canton, elle contribue au « capital humain », précise le rapport. C’est-à-dire ?

L’Université joue un rôle social très important. On peut citer un grand nombre d’externalités positives non mesurées dans l’étude. L’UNIL contribue notamment à maintenir la qualité du système de santé du canton de Vaud en formant de futur·es médecins et en jugulant la pénurie structurelle à laquelle doit faire face le secteur. L’UNIL contribue également à améliorer la qualité des institutions du canton, en participant au débat démocratique et au partage d’idées par le biais d’événements, d’interventions dans les médias, de publications et de rapports destinés aux décideuses et décideurs politiques, ainsi qu’au grand public. Par ailleurs, on peut mettre en avant la contribution liée à l’innovation et au développement économique par le biais des activités de recherche fondamentale menées au sein de l’institution.

L’Institut CREA d’économie appliquée des HEC, qui a réalisé l’étude, fait partie de l’UNIL. Peut-on garantir une analyse indépendante dans un tel cas de figure ?

Oui, tout à fait. L’étude se base sur des données quantitatives. Ces dernières sont issues de statistiques officielles, par nature non manipulables. Le rapport cite explicitement toutes les données utilisées, ainsi que leurs sources. Reproductible, le modèle employé par l’Institut CREA n’a pas été spécifiquement développé pour ce cas de figure. Il a été utilisé pour de nombreuses études d’impact par le passé, par exemple pour analyser les retombées économiques de la culture lausannoise subventionnée. Tous les paramètres clés pour calibrer le modèle sont explicités de manière transparente dans le rapport.

Lien vers le rapport : La contribution de l’Université de Lausanne (UNIL) à l’économie vaudoise