L’Initiative droit et société vient de voir le jour. Ce projet pilote veut rayonner non seulement au sein de l’Université de Lausanne, mais aussi au-delà. Conférence inaugurale prévue le 25 novembre.
« Ubi societas, ibi jus. » Là où il y a une société, il y a du droit. Forte de cet adage, l’Université de Lausanne se dote d’une plateforme interfacultaire, Initiative droit et société (IDES). Sophie Weerts, professeure associée à l’Institut des hautes études en administration publique de la Faculté de droit, des sciences criminelles et d’administration publique (FDCA), coresponsable de l’IDES, en évoque les contours. « Ce projet pilote sera financé durant trois ans. Mis en place entre la FDCA et la Faculté des sciences sociales et politiques, il a pour vocation de s’ouvrir à d’autres facultés et d’autres institutions. Il vise à accueillir et rassembler toutes les chercheuses et chercheurs qui analysent l’objet droit. »
Car droit et société sont intimement liés, conduisant l’un à se réinventer au regard de l’autre. Et vice-versa. Éléonore Lépinard, professeure au Centre en études genre à l’UNIL, coresponsable de l’IDES, précise : « Il s’agit de faire se rencontrer des scientifiques de divers horizons et de pérenniser des formes de collaboration, par exemple avec des projets de recherche communs. La place de l’Université est aussi de proposer un dialogue constructif avec les acteurs et actrices du droit, en Suisse romande et au-delà. »
« Des incubateurs d’idées »
Certaines thématiques ont déjà été proposées par les membres : régulation des technologies, genre et sexualité, institutions et justiciables, environnement et droit, ainsi qu’immigration, asile et frontières. D’autres pourront se greffer ultérieurement en fonction des axes que les membres souhaitent développer. « Ces groupes doivent être des incubateurs d’idées, souligne Sophie Weerts. Il y aura aussi des rapprochements avec des personnes de terrain, de l’administration, de la justice, pour faire discuter sciences sociales, sciences juridiques et milieux professionnels en contact avec le droit. »
Sophie Weerts relève que « l’on entend souvent que le droit est en retard. Mais cela dépend des époques. Dans les années 60, en Suisse, la Constitution ne contenait pas un catalogue très développé de droits humains. Le Tribunal fédéral a mis au jour des libertés constitutionnelles. Peut-être faut-il aujourd’hui redonner le sens de l’innovation aux juristes, certes avec une certaine prudence, pour proposer des règles qui pourront répondre aux besoins de justice. »
Les deux responsables de l’IDES lancent désormais un appel aux scientifiques pour les rejoindre. « Le droit est un objet vivant, il n’est pas une sphère close, rappelle Éléonore Lépinard. En dialoguant avec des personnes qui contribuent à son élaboration, l’appliquent, l’interprètent, mais aussi sont directement visées par son application, les chercheuses et chercheurs enrichissent leur analyse. Elles et ils contribuent à une meilleure connaissance du rapport entre droit et société, à un moment où de nombreux bouleversements, qu’il s’agisse de l’intelligence artificielle ou des transformations de la famille, appellent des réflexions interdisciplinaires. »
La conférence inaugurale de l’Initiative droit et société (IDES) se tiendra le 25 novembre, de 9h à 18h30, à l’aula de l’IDHEAP. Elle aura pour thème « La liberté académique: pratiques pour un monde en changement ». La rapportrice spéciale sur le droit à l’éducation aux Nations unies, Farida Shaheed, sera notamment présente. Programme et inscriptions