Explorations artistiques de l’âge atomique

À découvrir jusqu’au 19 janvier 2025, l’exposition « L’âge atomique » explore cette période des pionniers que furent les Curie et Becquerel à aujourd’hui.

À découvrir au Musée d’art moderne de Paris jusqu’au 19 janvier 2025, l’exposition « L’âge atomique » explore cette période des pionniers que furent les Curie et Becquerel à aujourd’hui. Genèse avec Maria Stavrinaki, sa commissaire, professeure en histoire de l’art contemporain à l’UNIL.

De quoi cette exposition traite-t-elle?

Maria Stavrinaki : Elle vise à comprendre l’âge dans lequel nous vivons. En commençant à travailler sur le sujet, j’ai réalisé que cette question n’avait guère été explorée, hormis par quelques événements photographiques organisés aux États-Unis et en Espagne.

Pourquoi avoir décidé de remonter au XIXe siècle ?

Les premières visualisations de l’atome n’avaient encore jamais été présentées, il paraissait important de le faire. Cette première partie, intitulée « La désintégration de la matière », montre que la radioactivité intéressait déjà nombre d’artistes avant la Seconde Guerre mondiale. La deuxième est consacrée à la bombe et la troisième à la nucléarisation du monde. On a ainsi une vue d’ensemble des questions qui se sont posées et des différentes réponses apportées par les artistes ou les médias.

En présentant aussi bien de la peinture que de la photographie, des installations ou de la vidéo, l’exposition n’esquisse-t-elle pas également un portrait de l’art aux XXe et XXIe siècles ?

Effectivement. Il nous importait de montrer comment, dès le moment où l’on quitte le tableau pour d’autres médiums, tous les types de créativité abordent le sujet. Les artistes s’y intéressent sous une multitude d’angles, du défi à la nature visible qu’incarne la radioactivité au féminisme et au colonialisme.

La science a-t-elle également sa place dans l’exposition ?

Bien sûr, car elle ne sert pas uniquement de source d’inspiration esthétique. Le mouvement va dans les deux sens, les images sont centrales dans la construction du savoir. Ainsi, c’est en étudiant celles laissées par des sels d’uranium sur des plaques photographiques gardées dans un tiroir que Becquerel a découvert la radioactivité. Et Niels Bohr a produit des films didactiques.

Quelle place archives et médias occupent-ils ?

La bombe et la machine de propagande qui l’accompagne posent la question du spectacle. Une grande partie des œuvres interrogent donc justement cette fascination qu’exerce l’atome. Afin de transmettre au public des instruments de réflexion, nous avons évité de jouer sur la corde sensible et opté pour une certaine retenue dans le choix des pièces et témoignages présentés.

L’exposition a vraiment tout son sens dans le contexte actuel. Y avez-vous pensé dès le début ?

Absolument pas, car nous avons amorcé les travaux il y a quatre ans, pendant la pandémie de Covid-19. Fabrice Hergott, le directeur du musée, a accepté immédiatement cette proposition. Ensuite, plusieurs événements ont remis le nucléaire sur le devant de la scène. La guerre en Ukraine, bien sûr, mais aussi la sortie et le succès du film Oppenheimer.