Le recul des falaises normandes est un processus multifactoriel et constitue un aléa important pour ces régions côtières. Ce travail s’inscrit dans la continuité des projets visant à établir une meilleure compréhension des modalités et de la dynamique de l’érosion littorale. Il se concentre sur les impacts des systèmes structuraux dans les effondrements des falaises de Haute-Normandie.
Pour cela, une cartographie des clusters d’effondrements a été réalisée sur la base de données préexistantes afin de mettre en évidence les endroits critiques. Ceci a montré qu’il pouvait exister une relation entre la répartition de la densité des fractures le long du littoral et celle des clusters. Ensuite, grâce à un nuage de point acquis au moyen d’un LiDAR en 2014, une analyse structurale a été menée sur un cluster choisi pour identifier les familles de discontinuités. Celle-ci a mené à l’identification et l’étude d’une cicatrice permettant d’émettre l’hypothèse d’un effondrement engendré par un creusement basal par la mer. Une analyse cinématique a ensuite été réalisée déterminant les discontinuités susceptibles de subir un effondrement. Puis, des tests de stabilité de ruptures planaires et en dièdres ont été modélisées afin de déterminer l’impact des ponts rocheux repérés préalablement sur les forces impliquées dans l’effondrement. Grâce à la modélisation d’un glissement planaire, une relation a pu ainsi être établie entre le pourcentage de ponts rocheux d’une surface et le facteur de sécurité. Des comparaisons ont été menées entre la force de tension de la craie et la force engendrée par les ponts rocheux. Les résultats ont montré certains écarts entre celles-ci.
Des mesures d’imagerie thermiques qualitatives ont également été réalisées afin d’explorer les possibilités d’applications que cela pouvait apporter. Elles ont montré qu’elles pouvaient s’avérer utiles dans la détection et la caractérisation des écailles présentes sur les abrupts de craies.
Finalement, des modèles analogiques de falaises en sable vert ont été réalisés en laboratoire afin d’observer les différences que pouvaient impliquer des discontinuités d’orientations et d’azimuts différents sur les effondrements. Des comparaisons ont pu être établies entre les falaises normandes et les modèles sur le contrôle des discontinuités horizontales sur l’érosion basale ainsi que sur les discontinuités verticales jouant un rôle déstabilisant lorsqu’elles sont parallèles à la falaise et de limitant latéral lorsqu’elles en sont perpendiculaires.
Ce travail a montré que l’impact des systèmes structuraux était non négligeable sur les effondrements de falaise et fourni des pistes de recherche pour une meilleure compréhension de la dynamique de retrait de falaises