Dialoghi su Gérard Genette (annonce de parution)

Un hommage à l’œuvre de Genette vient de paraître, édité par Stefano Ballerio et Filippo Pennacchio. Cet ouvrage en italien, dirigé par l’un des promoteurs du Seminario permanente di narratologia, témoigne du regain de vigueur de la théorie du récit transalpine.

Souvent connu pour ses études narratologiques, Gérard Genette était aussi un spécialiste de l’esthétique, un critique littéraire raffiné et un explorateur passionné des frontières textuelles – ainsi que l’auteur de livres « personnels » à la fois divertissants et amusants. De la série Figure à Seuils, de Palimpseste à Bardadrac, ses réflexions ont été et continuent d’être fondamentales pour raisonner sur les textes et leur environnement matériel et symbolique. Il conoscibile nel cuore del mistero (littéralement: « Le connaissable au cœur du mystère », citation célèbre tirée de la préface de Figure III) tente de retracer certaines des étapes les plus significatives de son œuvre. Il le fait à travers une série de dialogues entre onze chercheurs et ses textes. Onze réflexions qui partent d’autant d’indices textuels, et qui tentent de tracer des chemins potentiels pour raisonner sur la vitalité de la pensée de Genette, sur les multiples façons dont ses pages sont encore capables de nous parler.

L’héritage de Ricoeur (annonce de parution)

Ce numéro double revient sur l’héritage de Ricoeur, en particulier sur la manière dont la trilogie Temps et récit (1983-1985) est venue renouveler la manière d’envisager les rapports entre la mise en intrigue et l’expérience humaine, le rapport au temps et la construction identitaire. A bien des égards, Temps et récit peut ainsi être considéré comme un point de jonction entre la narratologie classique et postclassique ainsi qu’entre la théorie du récit et les études narratives.

Ce dossier est publié de manière coordonnée dans les Cahiers de narratologie et dans la revue Poetics Today. Il réunit les contributions de Raphaël Baroni, Claude Calame, Marco Caracciolo, Philippe Carrard, Jonas Grethlein, Stéphane Lojkine, Adrien Paschoud, Marie Vanoost et Ioana Vultur.

Cahiers de narratologie: https://doi.org/10.4000/narratologie.11864

Poetics Today: https://read.dukeupress.edu/poetics-today/issue/42/3

Narratologie vidéoludique / Narratology of Videogames

Par Marc Marti

La narratologie vidéoludique se situe au carrefour de deux champs d’études, d’une part les game studies et de l’autre la narratologie. L’état de la question doit donc prendre en compte ces deux champs et les approches qui s’y développent concernant la narrativité, qui reste une question étroitement liée aux évolutions techniques et aux pratiques des joueurs. Pour les narratologues, le récit est un élément inhérent aux univers et aux pratiques vidéoludiques telles que les étudie la ludologie dans le cadre des game studies. Cette position de principe n’est pas nouvelle et elle s’intègre à des réflexions déjà avancées dans les deux domaines (Ryan 2007 ; Rueff 2008 ; Marti 2012 ; 2014 ; Zabban 2012 ; Barnabé 2014). Selon cette perspective, quelle que soit sa forme, le jeu vidéo reste fondamentalement une expérience temporelle, à la fois simulacre et simulation, et peut, à ce titre, s’articuler sur un « mode narratif » (Ricœur 1983 : 85).

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Narratologie musicale (annonce de parution)

Márta Grabócz, Narratologie musicale. Topiques, théories et stratégies analytiques, Paris, Hermann, 2021.

Depuis l’Antiquité, toute l’histoire de l’esthétique et de la réflexion philosophique portant sur la musique est marquée par un antagonisme profond. L’une des approches accentue les caractéristiques dites « formelles », mesurables et objectives des phénomènes musicaux, tandis que l’autre tient compte de l’expression, du rôle social, de la valeur communicative des œuvres musicales. De nos jours on constate le retour de la discorde. La musicologie actuelle peut être considérée comme la scène d’un champ de bataille acharnée entre deux forces antinomiques  : celle des représentants du formalisme musical contemporain, et celle qui cherche – grâce aux outils théoriques empruntés à l’évolution récente des sciences humaines – à comprendre la manière dont la musique exprime ou signifie notre rapport au monde, aux unités culturelles de chaque époque historique. C’est de cette façon que les apports de la sémiotique et de la narratologie littéraire, de l’étude de l’intermédialité, des sciences cognitives, des performance studies,gender studies, etc., peuvent féconder la réflexion actuelle sur les œuvres musicales.

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Théorie du déplacement déictique / Deictic Shift Theory

Par Mary Galbraith

À la mémoire de Janyce M. Wiebe, traduit de l’anglais par Sylvie Patron

Deixis (dont l’adjectif correspondant est déictique) est le terme sémiotique utilisé pour renvoyer à un ensemble d’indices personnels, temporels et spatiaux spécifiques (voir Bühler 2009 [1934, 1999], 262-347). Le centre déictique, appelé « origo » chez Karl Bühler, coïncide a priori avec notre propre vécu corporel, inséré dans le temps et l’espace réels. Cependant, à travers des processus psychologiques comme l’identification et la mimèsis, nous avons également la possibilité d’entrer dans la réalité d’êtres imaginaires, dans des espaces et des temps imaginaires, en nous appuyant sur les indices apportés par le texte fictionnel. L’étude de la façon dont les lecteurs déplacent leur centre déictique de la situation spatio-temporelle et personnelle dans laquelle ils se trouvent vers la situation spatio-temporelle et personnelle imaginaire du texte fictionnel constitue la tâche d’investigation prioritaire de la théorie du déplacement déictique.

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Le médium (au) cinéma (annonce de parution)

Mireille Berton, Le médium (au) cinéma, Genève, Georg éditeur, coll. « emprise de vue ». 36′ pages, 18 CHF.

Comment expliquer les affinités électives entre le cinéma et le monde de l’au-delà ? Pourquoi insister sur le caractère spectral des images filmiques ? En vertu de quels critères le cinéma devient-il un vecteur de fantasmes liés à la communication avec les esprits ?

Le médium (au) cinéma entend répondre à ces questions en prenant comme point de départ, non pas tant la figure du fantôme que celle du médium spirite vu comme un média. L’étymologie du terme « médium » permet en effet d’envisager cette figure à la fois comme un intermédiaire ultrasensible entre le monde des vivants et des morts, et comme un appareil d’inscription et de transmission de données. Au cinéma, cette idée est transposée dans des films où le médium spirite opère tel un dispositif audiovisuel, une « machine-cinéma » capable d’intercepter des ondes invisibles, d’effacer les distances, de superposer les temporalités, de contourner la déchéance des corps et des choses. À l’occasion, le médium spirite devient le point d’origine d’un spectacle « multimédia » autour duquel gravitent quelques personnages récurrents (croyants et sceptiques, fantômes justiciers ou vengeurs, esprits maléfiques, parapsychologues exégètes). C’est pourquoi du médium (spirite) au média (technologique), il n’y a qu’un pas que les films contemporains franchissent volontiers, quitte à faire disparaître le médium au profit du média. Car bien que les technologies de (télé)communication aient toujours été investies de propriétés spectrales, le développement des cultures numériques contribue sans aucun doute à amplifier l’imaginaire du fantôme dans la machine, comme en attestent La Mort en ligne (2004), Pulse (2006) ou la franchise « The Ring ».

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La réalité de la fiction 2 (annonce de parution)

Sonny Perseil et Benoît Petitprêtre (dir.), La réalité de la fiction 2, Louvain-la-Neuve, L’Harmattan, 2021, 196 pages, 20,50 € – ISBN : 978-2-343-23121-1

Qu’on se le dise, La réalité de la fiction revient pour une deuxième saison ! Loin d’avoir épuisé, dans le premier tome publié en 2019, le sujet des relations entre fiction, narration, discours et récit, l’équipe de recherche du Laboratoire interdisciplinaire de recherches en sciences de l’action (Lirsa) du Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) vous propose de nouveau de réfléchir à ce questionnement ô combien riche et foisonnant. Pour le cru 2021, trois principales pistes sont proposées à la réflexion : la performativité du témoignage ; la façon dont la fiction agit sur la gestion ; la compréhension de l’écart entre réalité et fictions. Pour saisir en profondeur ces éléments subtils qui fondent la réalité de la fiction, des thèmes aussi éclectiques que la comptabilité en bandes dessinées, les récits du mécénat, les usagers des transports publics, le docu-fiction, les séries TV, Harry Potter, René Char, le théâtre du réel, la peinture réaliste, la pornographie ou encore les palaces, sont abordés. Évoluant en sciences de gestion, en science politique, en sociologie ou encore en philosophie, les quinze auteurs réunis ici s’inscrivent résolument dans l’interdisciplinarité, particulièrement féconde pour des objets de recherche de ce type.

Avec les contributions de : Laurent Dehouck, Claire Edey-Gamassou, Nicolas-Xavier Ferrand, Lise Henric, Aldo Lévy, Aurélien Maignant, Marine Malet, Sonny Perseil, Benoît Petitprêtre, Mailys Poirel, Mohamed Rdali, Sébastien Rocher, Frédéric Roussille, Olivier Vidal et Nathanaël Wadbled.

Vous pouvez commander ce livre chez votre libraire ou sur le site Internet de L’Harmattan : https://www.editions-harmattan.fr/livre-la_realite_de_la_fiction_2_sonny_perseil_benoit_petitpretre-9782343231211-70064.html

École d’été « Créativité et contingence » (ALEA)

Les inscriptions pour l’école d’été « Créativité et contingence » du programme de recherche ALEA sont ouvertes. Pour plus de renseignements, veuillez consulter le programme et les modalités d’inscription au lien suivant:

Débattre d’une fiction (annonce de parution)

L’interrogation qui préside au nouveau numéro de Fabula-Littérature Histoire Théorie est aussi simple qu’abrupte : que faisons-nous avec les fictions et aux fictions elles-mêmes lorsque nous débattons d’elles ?

Chimène pouvait-elle épouser Le Cid ? La Princesse de Clèves a-t-elle bien fait d’avouer à son mari qu’elle était aimée d’un autre homme ? Pourquoi Cendrillon ne s’est-elle pas rebellée plus tôt ? Meursault était-il raciste ? Hercule Poirot a-t-il commis une erreur sur l’identité du meurtrier ? Les Lannister devaient-ils absoudre Ned Stark ? Don José pouvait-il épargner Carmen ? Néo aurait-il dû se soumettre à la prophétie de l’Oracle ? Peut-on accepter d’entrer dans les raisons de Humbert Humbert et faut-il faire lire Lolita aux adolescent.e.s d’aujourd’hui ? Horace devait-il s’abstenir du meurtre de Camille ? Fallait-il vraiment que Dumbledore cache la vérité sur le destin d’Harry ? Manon a-t-elle sincèrement aimé Des Grieux, et le récit du chevalier est-il toujours bien honnête ? Faut-il blâmer Charles de la mort d’Emma ?

De quelle nature sont nos jugements sur les fictions ? À quelles opérations se livre-t-on pour simplement en parler et très régulièrement en débattre ? Car la fiction n’est pas seulement l’objet d’une expérience individuelle vouée à rester silencieuse : elle est aussi ce dont on parle avec d’autres lecteur.trice.s ou spectateur.trice.s, ce qu’on partage à condition d’en débattre, de confronter des opinions et de soumettre un jugement à la discussion. Mais de quoi discourt-on au juste lorsqu’on s’interroge sur la conduite d’un être de papier, qu’on débat d’une situation fictive ou qu’on revient sur un dénouement arbitraire ? Dans nos échanges les plus quotidiens sur les fictions, peut-on seulement départager les propositions qui portent sur l’œuvre de celles qui portent sur le monde fictif, et les jugements sur la situation fictionnelle des jugements sur le monde réel ? Si le débat s’accompagne toujours d’une intervention sur la fiction, quels sont les enjeux éthiques ou politiques d’une telle ingérence ?

Les multiples querelles et controverses dont les fictions ont fait l’objet en Occident ont été largement étudiées par l’histoire littéraire, notamment en ce qu’elles nous instruisent sur les représentations du monde réel et les pratiques esthétiques à travers le temps. Le débat sur la fiction mérite toutefois d’être constitué comme objet théorique.

URL: https://www.fabula.org/lht/25/

Optional-Narrator Theory: Principles, Perspectives, Proposals (annonce de parution)

La présence d’un narrateur fictionnel dans tous les récits de fiction est l’hypothèse fondamentale qui distingue la narratologie des théories narrative antérieures. Cependant, dès les premières formulations de cette hypothèse, des voix se sont élevées pour dénoncer une simplification excessive et une dangereuse confusion des questions. Optional-Narrator Theory est le premier recueil d’essais à s’intéresser exclusivement au narrateur du point de vue des théories du narrateur optionnel.

Sylvie Patron est connue pour ses travaux en faveur des théories du narrateur optionnel. Son ouvrage comporte également des essais signés par de nombreux chercheurs de renom, parmi lesquels Jonathan Culler et John Brenkman. Il couvre un large éventail de genres, du récit biblique à la poésie, en passant par la bande dessinée. Le volume renforce le dialogue entre les théoriciens « optionalistes » et les théoriciens « panistes » dans de nombreux domaines de  recherche. Ces essais entendent intervenir dans (ou contre) la narratologie, en s’opposant à la doxa répandue chez les théoriciens du récit en général et du roman en particulier selon laquelle la présence d’un narrateur fictionnel constituerait un trait définitoire des récits de fiction. Il s’agit d’un sujet crucial à la fois pour la théorie narrative et pour la critique littéraire.

Sylvie Patron (dir.) (2021), Optional-Narrator Theory: Principles, Perspectives, Proposals, Lincoln, University of Nebraska Press, « Frontiers of Narrative ».

Présentation de l’ouvrage sur le site de l’éditeur : https://www.nebraskapress.unl.edu/nebraska/9781496223371/