La variété des visions oniriques dans la littérature du Moyen Âge est à l’origine de cette étude. Les auteurs explorent moins une introuvable norme de l’imaginaire onirique du Moyen Âge que le dynamisme d’une pulsion narrative faisant de chaque récit de rêve une aventure du sens et de la raison aux prises avec ce que l’on n’appelait pas encore le « refoulé ».
Loin d’être toujours un message de l’autre monde, le rêve consigne, dans la littérature du Moyen Âge, une réflexion sur le pouvoir et l’ambiguïté de l’art narratif. En dépit de sa prestigieuse filiation avec la prophétie, il n’échappe que rarement aux dangers du double sens et de l’illusion. Face à des manifestations aussi contrastées de l’imaginaire, l’on se prend à songer moins à une « modernité » problématique du rêve médiéval qu’au fondamental archaïsme des mécanismes remis en lumière par Freud.
Les contributions réunies dans cet ouvrage, codirigé par Alain Corbellari (Section de français, Centre d’études médiévales et post-médiévales), nous plongent dans les récits de rêves du Xe au XVe siècle, du latin au catalan, en passant par le moyen haut-allemand et bien sûr l’ancien français.
Alain Corbellari, Jean-Yves Tilliette (éds.), Le Rêve médiéval, Genève, Droz, Coll. « Recherches et rencontres », 2007.