Comment définir ce qu’est un monde ? Comment expliquer la chute irrémédiable des empires bâtis par l’homme ? Quelle voie choisir dès lors que la condition humaine se révèle tragique ? Telles sont les implications philosophiques des sept romans de Jérôme Ferrari parus à ce jour. Ces récits ne se réduisent cependant pas à de simples questionnements ; ils permettent à la philosophie de « parler la prose du monde ». C’est ainsi, par des trames narratives aux qualités proprement romanesques, façonnant des intrigues captivantes autant qu’un univers cohérent, que l’auteur offre dans ses romans le dévoilement d’une vérité métaphysique.
Afin de susciter un sentiment d’empathie chez ses lecteur·rice·s et d’empêcher toute identification naïve de leur part, Jérôme Ferrari élabore des récits à la structure complexe et à la narration polyphonique. Chaque voix porte un univers fictionnel dans lequel les conceptions du monde comme les désirs s’opposent sans se résoudre, mais où le chaos finit par former l’harmonie. Au-dessus du tumulte s’élève alors une voix, celle de l’œuvre. Ainsi, par l’étude des aspects structurels, thématiques et narratifs traversant l’ensemble des romans de Jérôme Ferrari, cet essai de Mathilde Zbaeren (Section de français) se propose de mettre en lumière les contours et les principaux éléments de son univers romanesque.
Mathilde Zbaeren, Des mondes possibles, des romans de Jérôme Ferrari, postface de Jérôme Meizoz, Lausanne, Archipel, vol. 23, coll. « Essais », 2017.