Vers une interopérabilité des bases de données : le cas des archives de Paul Collart à l’Université de Lausanne.

À l’ère du numérique, les bases de données sont d’une importance capitale afin de conserver la mémoire du patrimoine historique. Le Projet Collart-Palmyre, collaborant au niveau international pour une interopérabilité des bases de données, souhaite ainsi valoriser les archives uniques et précieuses de l’archéologue suisse Paul Collart en assurant leur accès libre.

Depuis 2017, l’équipe du Projet Collart-Palmyre travaille sur la numérisation des archives de l’archéologue suisse Paul Collart, léguées à l’Institut d’archéologie et des sciences de l’antiquité (ASA) de l’Université de Lausanne par sa famille. Ces archives contiennent plusieurs milliers de documents, notamment des photos, des carnets de fouilles, ou encore des plans annotés. Elles permettent de conserver les traces du remarquable travail d’archéologue de Paul Collart, mais également de préserver la mémoire du sanctuaire de Baalshamîn, détruit à l’explosif en 2015. Ainsi, ces archives représentent aujourd’hui la meilleure source d’informations pour documenter le sanctuaire. La numérisation de ces archives se fait actuellement sur deux bases de données différentes : la base de données de l’ASA, Tirésias, et la Collart-Palmyre Object Database qui suit le standard Object-ID.

Tirésias, créé en 2006, souhaite préserver et indexer les fonds des professeurs en archéologie et sciences de l’antiquité de l’Université de Lausanne, les photographies et les relevés des différents chantiers archéologiques fouillés par les membres de l’institut, et souhaite également numériser toute image portant sur l’Antiquité. Cette base de données a pour but de classer et rendre ces images accessibles à l’ensemble de l’Institut, mais également à tout.e chercheur.euse qui souhaite en bénéficier (sur demande pour une partie des archives, faite directement sur le site web). Les archives Collart, sur Tirésias, sont, elles, entièrement publiques et représentent actuellement plus de 4000 fiches publiques spécifiquement sur Palmyre. 

La Collart-Palmyre Object Database, disponible sur demande sur le générateur de catalogues en ligne CATIMA (acronyme de CATalogue d’IMAges), offre une description et une visualisation d’une grande partie des objets archéologiques inventoriés dans les archives Collart dans le but de participer à la lutte contre le trafic illicite de ces biens culturels. La création de cette base de données s’inscrit dans une lignée d’actions internationales qui souhaitent prévenir la revente d’objets volés sur le site de Palmyre. 

L’interopérabilité des bases de données

Afin de diffuser à grande échelle les informations contenues dans les archives Collart et de permettre à un maximum de personnes d’en bénéficier, les équipes du Projet Collart-Palmyre travaillent sur « l’interopérabilité des bases de données ». Comme son nom l’indique, ce processus vise à opérer ensemble, entre partenaires, sur le partage des bases de données. Pour ce faire, le Projet Collart-Palmyre collabore avec plusieurs projets dont notamment la Digital Library of the Middle East (DLME), l’Université Technique de Darmstadt (DE) et sa base de données Scientific Documentation for Decisions – The Reconstruction Argumentation Method, ou encore le réseau Archnet (fruit d’une collaboration entre le Trust Aga Khan pour la culture et le Centre de documentation Aga Khan des bibliothèques du Massachusetts Institute of Technology [MIT]).Ces collaborations proposent notamment de réunir en un seul site internet du data provenant d’une multitude de projets travaillant sur des thématiques similaires. La DLME offre ainsi un libre accès à une bibliothèque digitale de matériel culturel provenant du Moyen Orient. L’intégralité des archives Collart indexées sur Tirésias figurent actuellement sur la DLME. L’UT Darmstadt propose, au travers de son projet, une documentation sur différents processus, techniques et projets de reconstructions virtuelles et permet ainsi d’avoir une distance critique qui explique les différents choix opérés dans les réalisations des modélisations 3D. Les informations liées aux structures byzantines identifiées par Paul Collart et son équipe, les recherches sur les tombes du sanctuaire de Baalshamîn, ainsi que le travail de reconstruction 3D créé autour de ces identifications figurent sur cette base de données. Enfin, le réseau Archnet regroupe, dans son network, la documentation relative à l’architecture des sociétés musulmanes. Environ dix pourcents du fonds Collart est consultable via ce projet partenaire.

La carte interactive des recherches à Palmyre

Les membres du Projet Collart-Palmyre contribuent activement à la Carte interactive des recherches à Palmyre, sur la collection Grands sites archéologiques du ministère français de la Culture (mission du patrimoine mondial), une carte crée suite au Colloque International de Lausanne sur Palmyre et à au Technical Meeting to Reflect on the Recovery of the World Heritage Site of Palmyra de l’UNESCO où les panels scientifiques ont jugé de l’importance d’un tel outil de travail. Cette carte, à long terme, regroupera l’ensemble des missions archéologiques menées par les différentes équipes de recherches sur les différents secteurs du site de Palmyre. Elle permettra ainsi de réunir l’ensemble des informations en un seul site web et d’en faciliter l’accessibilité en permettant des recherches par monuments, zone de fouilles, ou domaines d’intérêts. Bien que cette carte n’en soit qu’au stade initiale (consultable ici), elle représente, tout comme les collaborations mentionnées ci-dessus, un travail en constante évolution qui, au fil du temps, saura contribuer à la conservation pérenne de la mémoire culturelle.