Le temple de Baalshamîn

Vue aérienne du temple de Baalshamîn © UNIL-Fonds Collart

Le sanctuaire de Baalshamîn se situe au nord de la ville antique de Palmyre, en Syrie. Il était dédié au « Seigneur des cieux », une divinité ouest sémitique. La nature de ce dieu se révèle au travers des inscriptions qui le désignent comme un maître suprême. Son nom en grec est Zeus Hypsistos. Maître du monde, « maître des cieux », il gouverne le Soleil (Malakbêl) et la Lune (Aglibôl), que l’iconographie nous montre comme étroitement liés à sa personne. En tant que maître des cieux, il est symbolisé par un aigle éployé régnant sur les astres. Il est ainsi le chef d’une triade divine différente de celle de Bêl. De plus, il est le dieu qui amène les pluies et assure ainsi les récoltes.

Selon Paul Collart et Jacques Vicari (Le sanctuaire de Baalshamîn à Palmyre. I Topographie et architecture, Rome, Bibliotheca Helvetica Romana, 1969), « la foudre qu’il brandit dans sa main n’est pas l’image d’une puissance terrifiante, mais le rappel des pluies fécondes dont s’accompagnent les orages, qui font reverdir le désert de empêchent les sources de tarir ». Dans une région comme Palmyre où le commerce est surtout caravanier, il assure à ses fidèles, qui sont éleveurs ou cultivateurs, de les préserver de la sécheresse. Il fait donc aussi l’objet d’un culte agraire, symbolisé par le port d’un bouquet d’épis et de fruits ou d’une vigne pleine de grappes.

Temple de Baalshamîn, fouilles © UNIL-Fonds Collart

Le sanctuaire de Baal à Palmyre connut une importante évolution entre environ 20 apr. J.-C. et l’inauguration de son temple tétrastyle en 130/131 de notre ère, à l’époque de l’empereur Hadrien. Le complexe architectural comprend trois cours à portiques, une salle de banquet et la cella. De cette partie sainte, il ne demeurait que le pronaos et le naos. La cella se présentait sous la forme d’un petit bâtiment de quinze mètres de long sur dix de large. Les six colonnes qui entouraient le pronaos étaient ornées de chapiteaux corinthiens et comportaient des consoles pour les statues et les inscriptions. La disposition interne était particulière et typique de l’architecture religieuse orientale puisque le naos était divisé en trois thalamos (chapelles sacrées où étaient placées les statues divines) avec un décor en trompe-l’œil de fausses portes et de fausses fenêtres.

La cella du sanctuaire de Baalshamîn © UNIL-Fonds Collart

Le temple aurait peut-être été transformé au 5e siècle en église. Durant la période arabe, le sol a été abaissé dans l’angle sud de la grande cour pour accueillir l’établissement d’un quartier d’habitations. La grande réussite de Paul Collart à Palmyre réside dans le fait d’avoir démonté les structures byzantines, qui avaient remployé les blocs du thalamos.