Le Projet-Collart Palmyre face à la pandémie Covid-19 : entre télétravail, récolte de fonds, ajustements et nouvelles collaborations.

La fin d’année marque l’heure du bilan pour les entreprises, les associations, les projets. C’est aussi pour nous l’occasion de revenir sur une année particulière, rythmée par le développement de la pandémie Covid-19.

Festivals annulés, expositions reportées, travail à distance et conférence en ligne, 2020 n’aura pas été marqué par les différents événements prévus cette année, mais plutôt par l’absence de ces derniers. En effet, l’arrivée et le rapide développement de la Covid-19 en Suisse en février 2020 aura fortement chamboulé cette année qui se voulait variée et prometteuse. Face à tous ces changements, comment le Projet Collart-Palmyre a-t-il tenté de limiter le retard dans son travail et de maintenir le développement de ses activités ?

Début 2020, la « première vague » de Covid-19

Le vendredi 13 mars 2020, le Conseil Fédéral suisse annonçait l’état d’urgence face à l’augmentation rapide de cas de Covid-19 dans le pays. L’Université de Lausanne fermait ses portes à ses étudiants et collaborateurs pour la première fois la semaine suivante et les activités du Projet Collart-Palmyre ont été soudainement interrompues. Patrick Michel, responsable scientifique du Projet, qui était alors à Washington dans le cadre de l’exposition « Age old Cities », a notamment dû écourter son séjour et rentrer d’urgence en Suisse. Face à ce changement de situation, les membres du Projet ont dû repenser et adapter leurs méthodes de travail aux nouveaux environnements professionnels, mais également recalculer le développement de leurs collaborations internationales en fonction de la situation de chaque pays. 

Le travail d’indexation des archives Collart sur les bases de données Tirésias et Collart-Palmyre Object Database requiert une utilisation de scanners spécifiques, un accès aux archives physiques de l’archéologue, ainsi qu’une consultation de différents volumes sur les fouilles à Palmyre. Le télétravail était alors impossible pour cette partie du Projet sans un accès à ces différents outils. L’Université de Lausanne et l’Institut d’archéologie et des sciences de l’antiquité ont alors autorisé le prêt du matériel à l’un des collaborateurs du projets afin de pouvoir continuer la numérisation et l’indexation des data dans les bases de données. 

Du point de vue des collaborations internationales, l’avancée des différents projets à fortement été impactée. Le programme éducatif et social par la broderie, qui devait être implanté en Syrie durant le mois de mars, a fortement souffert de la situation et a été entièrement reporté. En effet, les conditions difficiles dans lesquelles était la Syrie ne permettaient pas de mettre la priorité sur le développement d’une telle activité. Sarah Chardonnens (PNUD-Syrie), le contact avec qui le Projet Collart-Palmyre travaille au niveau de la Syrie, décrivait la situation, le 17 mars, de la manière suivante : « Nous sommes dans la même situation que vous mais depuis cinq jours (= confinement total du pays). […] Les frontières sont fermées. […] Si nous avons, je pense, 20 cas, nous tournerons en pandémie car […] nous n’avons rien, mais alors rien du tout ! Pas de médicaments, pas de respirateurs, rien. Au nord, les personnes vivent entassées dans des camps sans eau, ni savon ». Tout comme le programme éducatif et social par la broderie, le projet de correspondance entre des classes de Suisse et de Syrie a dû être reporté. Un échange régulier entre le Projet Collart-Palmyre et des enseignants au Collège du Léman, à Renens, a tout de même permis de sensibiliser les élèves sur le développement de la situation en Syrie et la manière dont le pays réagissait face à cette pandémie. La collaboration au niveau de la France quant au développement d’une carte interactive sur Palmyre avec notre collègue du Ministère Français de la Culture a toutefois pu continuer, bien qu’à un rythme de développement moins rapide. 

La mise en place de solutions d’urgence, notamment grâce au soutien de la Fondation ALIPH, a ainsi permis de garantir un maintien des activités du projets, bien qu’un certain nombre d’heures de travail ait été perdu. Enfin, avec la baisse du nombre de cas positifs au Covid-19 et le développement progressif de la situation durant le mois de juin, les activités du Projet ont pu reprendre. 

Récolte de fonds pour venir en aide aux réfugiés sur les îles grecques : 

La surpopulation des camps de réfugiés sur les îles grecques de Leros, Chios, Kos, Lesbos et Samos est une réalité. Plus de 40’000 femmes, hommes et enfants y vivent dans des conditions catastrophiques. S’ajoutant à cela, le développement de la pandémie de la Covid-19 en Europe et dans le reste du monde a fortement impacté les différentes organisations et associations leur venant en aide. Ces dernières se sont alors retrouvées submergées. Face à cette situation d’urgence, une initiative des membres du Projet Collart-Palmyre a permis d’organiser une collecte de fonds au sein de l’ASA dans le but d’offrir un soutien à ces réfugiés. Nous remercions nos collègues pour leur générosité. Quelques centaines de francs ont ainsi été récoltés en faveur de CARITAS-Suisse qui fournit une aide d’urgence aux réfugiés en Grèce sous la forme du financement d’hébergements sûrs, de repas chauds, ainsi que de soutien médical, juridique, social et psychologique.

Fin 2020, la « seconde vague »

Quelques mois plus tard, le mercredi 28 octobre, l’État de Vaud annonçait une seconde fois l’état d’urgence face à la nouvelle augmentation rapide des cas positifs de Covid-19. Début novembre, l’Université ferme à nouveau ses portes, malgré les mesures de sécurité sanitaire mises en place à la rentrée académique. Cette fois, cependant, l’expérience acquise lors de la « première vague » a permis aux membres du Projet Collart-Palmyre d’anticiper cette seconde phase de télétravail et de rester efficace en tout temps, peu importe les conditions et environnements professionnels. Les membres de l’équipe qui travaillent sur l’indexation des archives Collart ont ainsi priorisé la numérisation de toute la documentation afin de pouvoir, ultérieurement, indexer le matériel depuis leur domicile. Les collaborations nationales et internationales, elles, ont été maintenues de par un échange régulier d’e-mails entre les membres du Projets Collart-Palmyre et les différentes équipes avec qui ces derniers travaillent, ainsi que de par l’organisation de réunions virtuelles sur ZOOM. La fin de la « première vague » a notamment vu la naissance d’une collaboration avec le Projet InZone de l’Université de Genève, une collaboration maintenue et renforcée lors de la « deuxième vague ». Le Projet Collart-Palmyre devait également être présent sur plusieurs événement et expositions. Certaines participations ont malheureusement dû être annulées (celle aux Numérik Games Festival notamment), d’autres ont été ajustées au format virtuel (une exposition virtuelle dans le cadre du Festival Histoire et Cité [à venir], ou encore le workshop Cultural Heritage and Archaeology of Palmyra) et enfin, certaines participations ont été reportées (notamment l’exposition dans le cadre du programme UNIL-EPFL DeepFakes : réalité recréée qui est maintenant prévue pour septembre 2021). Quelles que soient les surprises que réservent 2021, l’expérience aura montré que les membres du Projet Collart-Palmyre savent faire preuve de malléabilité, de persévérance et d’efficacité et qu’ils/elles sont prêt.e.s à affronter les challenges à venir.