Le FNS a publié son plan d’action pour la période 2013-2016. La Confédération lui impose de décrire plus ou moins dans le détail de quelle manière il compte atteindre les objectifs qu’il s’est fixé.
Le Plan FNS est disponible en ligne ici : Plan action FNS 2013-2016
On relève, dans le projet ci-dessous, différents éléments importants. Tout d’abord, les trois « axes prioritaires » autour duquel il s’articule, à savoir:
1. Assurer la relève scientifique grâce à des instruments d’encouragements adaptés aux carrières.
2. Soutenir avec flexibilité la recherche et les scientifiques dans leur quête d’excellence.
3. Valoriser la recherche et ses résultats.
Le premier axe doit être développé grâce à des bourses de mobilité remodelées, des mesures de soutien aux collaborateurs et d’autres programmes doctoraux. Il semble que le FNS prenne conscience du fait que les carrières académiques sont « semées d’incertitudes et surtout ne séduisent pas toujours suffisamment notre propre relève par rapport à d’autres choix. » ACIDUL se réjouit de pouvoir – enfin – lire de tels propos qu’elle clame depuis des années. Le FNS a pour ambition « une hausse du salaire des doctorants de 7% à partir de 2014, avec une disponibilité d’au moins 60% pour le perfectionnement des connaissances scientifiques en vue de la thèse. » C’est bien. Reste à voir comment cette hausse et surtout cette disponibilité de 60% pourront être garantis dans les universités suisses sans organe de contrôle aucun.
En ce qui concerne la mobilité, le FNS élargit son offre : « Depuis 2012, le FNS soutient les séjours à l’étranger pour doctorants aussi dans le cadre des projets qu’il encourage (projets individuels, Sinergia, PRN, PNR, …). »
Enfin, une nouvelle mesure intéressante survient : la possibilité pour les postdoctorant·e·s avec enfants engagé·e·s à au moins 80% de réduire leur taux d’activité jusqu’à 60%, et de combler le taux vacant par une « aide appropriée » jusqu’à un taux cumulé de maximum 120%. C’est une bonne chose. Nous resterons attentifs et attentives à la question de cette « aide appropriée », étant entendu qu’à présent déjà il existe de sérieux problèmes de précarité pour ces remplaçant·e·s de poste.
Le deuxième est déjà plus inquiétant. D’une part, le FNS considère que « l’acquisition de nouvelles connaissances repose sur les prestations individuelles des chercheuses et chercheurs », notamment dans « la recherche fondamentale orientée vers l’application ». Autant dire que la recherche collective peut continuer à serrer les dents. Chacun·e pour soi, chers et chères collègues, nous sommes en concurrence car, selon le FNS, c’est de manière individuelle que l’excellence se promeut. Et tant pis pour tous. On croit pleurer lorsqu’on lit : « Malgré le caractère interdisciplinaire ou multidisciplinaire, international et complexe de la recherche, l’excellence des prestations individuelles des scientifiques demeure la clé du succès poru les grands projets de recherche. » Merci de prévenir, on aurait pu croire l’inverse, à force de vivre dedans.
Une nouvelle catégorie de recherche apparait également, la « recherche fondamentale orientée vers l’application », qui est en fait de la recherche appliquée, comme le FNS le dit si bien: « la frontière entre les différentes catégories reste floue. » C’est est fini de la prépondérance de la recherche fondamentale.
Le troisième, enfin, se veut réponse à des questions du politique quant à l’utilisation qui est faite des deniers publics. Ce n’est pas nouveau, la recherche académique est remise en questions par certains courants politiques, et il convient de leur répondre. Le FNS fait le choix, justifié, de s’y atteler en augmentant le retour de la recherche à la cité. Cependant, l’optique du FNS de privilégier la « recherche fondamentale orientée vers l’application », soit la recherche appliquée, ne peut que laisser sceptique. Surtout lorsqu’on lit que « Le transfert par le biais de têtes bien faites joue à cet égard un rôle primordial : en effet, la majorité des fonds que le FNS investit dans des projets et des bourses est allouée à la formation de jeunes chercheuses et chercheurs. Le secteur privé intègre avec gratitude cette main-d’oeuvre familiarisée avec les dernières connaissances et méthodes. » Il fut sans doute un temps où le FNS préférait les têtes bien pleines aux bien faites. En l’occurrence, le secteur privé demande autre chose.
Enfin, le FNS liste les réductions qui iront de pair avec son plan d’action, parmi lesquelles la volonté de ne pas étendre les assurances sociales aux jeunes chercheuses et chercheurs qui partent à l’étranger avec une bourse. Nous en profitons d’ailleurs pour conseiller à tous ceux et toutes celles qui comptent faire un tel voyage de se renseigner avant sur leurs assurances et droits au chômage s’ils/elles sont concerné·e·s.