Jouer avec les mots

C’est dans une farandole de mots et de sons que le public du Théâtre de Vidy a été emporté mercredi 27 mai. Dans un solo d’une heure, Parlement propose une immersion dans la matérialité de la langue ainsi qu’une prise de distance par rapport au pouvoir de la parole. Une expérience intense et réussie. Bababa. Tahï tahï tahï. Bambambam. Des bruits qui forment des mots et des mots qui se transforment en bruits. Seule sur scène, telle la chanteuse devant sa partition ou l’oratrice face à son discours, la comédienne Emmanuelle Lafon donne corps à des enregistrements issus d’univers bien différents.

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Forêt de cris

Les fantômes du passé ressurgissent à la Comédie de Genève. Jusqu’au 7 mars 2015, Marcial Di Fonzo Bo y présente sa mise en scène d’Une Femme, texte écrit par Philippe Myniana. Un voyage oppressant à travers les souvenirs, dont la mise en scène excessive peine à rendre justice à une écriture pourtant subtilement tendue entre langage quotidien et poétique.Une Femme, c’est tout d’abord l’histoire d’une collaboration.

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Trouver sa place

Avec King Kong Théorie, Virginie Despentes signait en 2006 un essai qui ouvrait les portes du néo-féminisme. Emilie Charriot y a vu une grande théâtralité. A l’Arsenic, elle propose une mise en scène en duo qui dévoile les profondeurs de ce texte. Nu, l’espace scénique ne s’habille que de lumière. Deux femmes prennent possession de la scène. Jamais, mis à part à la toute fin de la représentation, elles ne se retrouvent ensemble sous les projecteurs. Parfois, leur ombre, immense, prend possession des murs de la salle, donnant au lieu une tout autre dimension.

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Se délivrer des certitudes

Une prison, tout un chacun peut se la représenter. Mais quelle doit être sa fonction première : protéger la société, enfermer les détenus, les réhabiliter ? Dans La Prison, le collectif F71 présente le milieu carcéral, en se basant sur la pensée de Michel Foucault, comme une institution moins évidente qu’il n’y paraît. Constitué des comédiennes et metteurs en scène Sabrina Baldassarra, Stéphani

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Ils sont parmi nous

Qui sont ces individus qui arpentent l’espace scénique ? Qu’est-ce qui les relie entre eux ? Sont-ils vivants ou morts ? Les bribes de phrases qu’ils profèrent ont-elles un sens ? Ces questionnements surgissent chez le spectateur pendant et après la représentation d’Un jour, le dernier projet de Massimo Furlan et de sa dramaturge, Claire de Ribaupierre. Chez Massimo Furlan, le visuel est central. D’abord formé en arts plastiques, il passe ensuite par la scénographie avant d’entrer dans le monde de la performance. C’est en 2002 qu’il marque le public en rejouant, seul et sans ballon, la finale de la Coupe du monde 82, qui a vu s’affronter l’Italie et l’Allemagne. Quant à Claire de Ribaupierre, docteure ès lettres et chercheuse dans les domaines de l’anthropologie, de l’image

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Le Loup invite les éléphants

L’humour british s’installe pour quelque temps au Théâtre du Loup à Genève. Dans sa mise en scène de la pièce Recherche éléphants, souplesse exigée, Eric Jeanmonod emmène le public dans un monde merveilleux. Une aventure chorégraphiée et un humour qui touche petits et grands. Un arbre à table, un arbre à chaise, un arbre à restaurant, qu’il faut couper, scier, faire sécher. Puis tout recommencer, encore et encore. C’est le prix qu’est prêt à payer Charlie, un vieil homme qui, pour faire plaisir à sa femme, accepte de construire une table, puis deux, puis enfin dix-neuf.

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De chair et de souvenirs

La Cie Héros Fourbus propose une incursion dans le monde aseptisé de la salle d’autopsie et dans les mystères de l’être humain. Modus Operandi souligne la dure réalité de la mort en pointant la nostalgie du passé. Un spectacle poétique et émouvant, joué en ce moment au Petithéâtre à Sion. Dans un rectangle blanc délimité par des bâches en plastique qui floutent le monde environnant, une vingtaine de spectateurs tentent de choisir la place idéale. Que va-t-il arriver, quand et de quel côté ? Rien ne l’indique. Seule gît, au milieu de la pièce, une marionnette sur un lit d’hôpital. Son torse se soulève imperceptiblement au rythme de sa respiration.

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Intrusion permise

La chorégraphe Nicole Seiler propose une incursion dans la ville de Sierre et dans l’intimité de ses habitants. Dans Living-room dancers, le spectateur, devenu voyeur, s’engage dans une chasse au trésor sur le thème de la danse. D’appartement en appartement, il scrute, depuis l’extérieur, des danseurs amateurs. C’est à la recherche de néons ronges que se lancent les spectateurs du Théâtre Les Halles. Dans une lumière de fin de soirée, ils partent à la recherche de sept appartements investis par des danseurs amateurs et passionnés : de la danse orientale à la country, tout en passant par le hip-hop, les protagonistes du projet offrent un petit bout de leur passion et de leur intimité.

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Derrière le beauf, la faille

A l’heure où l’on parle décroissance et où le capitalisme est parfois remis en question, Didier Kerckaert met en scène Made in China. Une pièce actuelle qui critique la société économique par le biais du rire et du cynisme. Des sinogrammes, à l’image des indices boursiers, défilent à toute allure sur des murs qui s’avèrent être en carton. Cette profusion de signes, associée à la démarche nerveuse des comédiens qui arpentent l’espace scénique dans la pénombre, évoque le rythme de vie infernal des traders. Puis c’est sur ce qui semble être une salle de conférence que les projecteurs se tournent. Tout est aseptisé : des chaussures cirées des employés aux chaises design alignées de manière quasi obsessionnelle. Rien ne dépasse mais pourtant tout risque de s’écrouler.

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Oranginae Melancholia

Pour sa troisième mise en scène, Ludovic Chazaud propose, à la Grange de Dorigny, une adaptation du texte de Didier-Georges Gabily intitulé Couvre-Feux. Une transposition réussie, en trois dimensions, d’un récit fondé sur un enchevêtrement de temporalités. Côté jardin, une table en formica, un Orangina et des poires au sirop. Un homme et une femme saluent le public alors qu’une petite fille joue à la marelle. Un véritable portrait de famille. Dans l’obscurité, les contours d’un décor se dessinent. Un deuxième espace de jeu, une autre dimension, qui aura elle-même ses propres dimensions. A la brechtienne, les deux comédiens adultes enfilent des perruques blondes : back to the eighties. C’est parti pour un voyage spatio-temporel dans les profondeurs des souvenirs auxquels se mêle l’espoir d’un futur meilleur.

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Il a fallu qu’il naisse

Cédric Leproust invite le public à se confronter à la mort. Loin d’être une expérience mystique, ce voyage sous terre rappelle aux spectateurs leur condition de mortels. Nous Souviendrons Nous est une performance à voir jusqu’au 15 décembre à l’Arsenic à Lausanne. Le brouhaha du public résonne dans le hall du théâtre alors que Cédric Leproust prend place au centre de la pièce. Accompagné de Kiki le chien-chien, jouet offert par son parrain, décédé depuis, il adopte le ton de la confidence. En présentant ce jouet, il offre une parcelle de son intimité et le public fait de même en retour : invité à faire une introspection, chaque spectateur marque au feutre noir le souvenir d’un proche défunt sur le torse nu du comédien. Puis c’est dans un cortège mi-comique, mi-funèbre que tout ce petit monde se dirige vers la salle de spectacle, guidé par Cédric Leproust tirant Kiki, dont le grincement des roulettes résonne dans la nuit.

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Cherchez le pingouin qui est en vous

Au Petit Théâtre à Lausanne, les pingouins fêtent l’arrivée de l’hiver. Christian Denisart, dans sa mise en scène de L’Arche part à 8 heures, confronte le public à ces drôles d’oiseaux, pas si différents de l’être humain. Urgence ! L’arche part à huit heures. Dieu est furieux et a prévu un déluge destructeur. Seuls deux spécimens de la même espèce pourront être sauvés.

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Massacre chorégraphié

En ce moment, à l’Arsenic à Lausanne – avant Sion en février, le collectif Division présente la chorégraphie morbide de la préparation d’un massacre. Valse aux cyprès, texte de Julien Mages, dépeint de manière effrayante la fragilité humaine. Une vision sombre de la société malgré une ambition paradoxalement comique. Ils sont quatre. Deux d’entre eux observent avec attention une arme à feu. Les deux autres sont simplement là. Un carré de lumière les éclaire alors que le reste de la scène est plongé dans l’obscurité. Les quatre personnages sont assis sur des briques poussiéreuses, des briques grises et rugueuses comme leur vie, qu’ils ne peuvent plus supporter. Ils sont instables, à l’image du chariot qui soutient leur poids. Un chariot qui menace de dériver au moindre mouvement brusque.

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Dix drames, dix vies

Hier soir, le Théâtre de la Grange de Dorigny nous invitait à entrer dans l’intimité des personnages de La Mouette. Une mise en scène de Jean-Michel Potiron qui surprend par sa vivacité. Mais est-ce vraiment si étonnant ? Le lac. Le lac est partout, tout le monde en parle, tout le monde l’observe. Tout le monde sauf le public. Le lac n’est pas représenté, il est suggéré. Il n’est qu’ambiance. L’écrivain confirmé se demande combien de poissons y vivent, l’écrivain en devenir s’inspire de sa beauté et la jeune fille hait l’autre rive. Ils sont tous différents mais le lac les rassemble. Un point d’attache où les vies semblent se perdre.

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Le Triomphe de l’amour perd de sa puissance

Galin Stoev nous propose en ce moment, au Théâtre de Vidy à Lausanne, de réinterroger l’ambiguïté entre les sexes : Le Triomphe de l’amour de Marivaux est joué uniquement par des hommes. Un pari audacieux qui ne convaincra cependant pas sur tous les points. Deux hommes se tiennent sur le devant de la scène. Ils scrutent le public. Derrière eux, une immense bibliothèque nous indique que l’on se trouve dans le salon d’une maison très respectable. L’un des comédiens imite la voix et les attitudes d’une femme. Est-ce là le dialogue entre Léonide, princesse de Sparte, et sa suivante, Corine ? Il est vrai que les héroïnes du Triomphe de l’amour sont déguisées en hommes et se font appeler respectivement Phocion et Hermidas. Sous ce déguisement, la princesse pense pouvoir pénétrer dans la maison du célèbre philosophe Hermocrate, où vivent aussi sa sœur, Léontine, et Agis, fils de Cléomène dont le trône a été usurpé. En usant de ses charmes à la fois masculins et féminins, Léonide réussira son dessein, à savoir se faire aimer du philosophe et de sa sœur pour se rapprocher du véritable objet de ses désirs : Agis. Dans cette pièce, Marivaux use des quiproquos liés au travestissement : c’est chez lui un leitmotiv. Deux hommes se tiennent sur le devant de la scène. Ils scrutent le public. Derrière eux, une immense bibliothèque nous indique que l’on se trouve dans le salon d’une maison très respectable. L’un des comédiens imite la voix et les attitudes d’une femme. Est-ce là le dialogue entre Léonide, princesse de Sparte, et sa suivante, Corine ?

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