Poème tu étais, poésie tu redeviendras

Incorporer un poème, au sens propre. Pour ce « Laboratoire Spontané », Fabrice Melquiot se fait le metteur en corps de Oiseaux, fleurs et fruits de Philippe Jaccottet. Ici, les mots s’effacent pour laisser place aux notes de musique, aux pas de danse et aux numéros de cirque. Entre profondeurs et hauteurs, légèreté et sérieux, obscurités et lumières, Tair explore les possibles.

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Déjà l’automne des compagnies

En ce dimanche soir, le rideau tombe sur la première édition du Printemps des Compagnies. Cette journée de clôture a vu défiler notamment trois spectacles instituant chacun un rapport aux identités : jouant avec elles, pour le premier ; les multipliant, pour le second ; s’interrogeant sur leur oppression, pour le dernier. Drôle, riche et grinçant. Le cadre rouge d’une porte est la frontière qui sépare deux mondes : la Romandie de Daisy Golay et la Suisse alémanique de Niklaus Fischer, interprétés respectivement par Geneviève Pasquier et Niklaus Talman.

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Eclairés jusqu’aux Osses

Restobar, Studio, Atelier de construction : le festival qui se tient au Théâtre des Osses se targue d’investir « tous les lieux possibles » du centre dramatique fribourgeois. En ce dimanche, les lieux semblent programmatiques des spectacles qui s’y déroulent. Au menu : spectacle musical divertissant, épisode hilarant, agencement de listes épatant. Lumière tamisée. Il est vingt-trois heures vingt et la soirée touche à sa fin dans le foyer du théâtre qui a revêtu pendant plus d’une heure des allures de music-hall.

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Ouvertures livresques

Place à « la création d’aujourd’hui » au Théâtre des Osses ! Sur les planches du centre dramatique fribourgeois, des livres : objets emblématiques de deux des spectacles donnant le coup d’envoi à cette première édition du Printemps Des Compagnies. D’un côté, quatre comédiennes se font les porte-voix modulables d’un ouvrage de Noëlle Renaude – présente par ailleurs dans la salle. De l’autre résonnent les propos d’un illustre absent, Jacques Chessex, incarnés pour le coup par un duo.

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L’amour hésitant

Temps étendu entre les répliques, musique jazz au tempo lent, absence de montée d’énergie significative dans le rythme général : au risque d’agacer ou d’ennuyer, hésitation et lenteur sont déclinées de multiples manières sur la scène du Théâtre Saint-Gervais. Le style était annoncé : « la tragi-comédie de l’amour prend des allures de songe étrange et déphasé ». Un carré blanc fait office de scène sur la scène.

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Être ou ne pas être

Des écouteurs suspendus au plafond amorcent une descente : on veut nous faire entendre un discours sur la décroissance. Finalement non, marche arrière. Terminer le spectacle par un poème, plutôt ? Jouant avec les possibles, Joël Maillard met en scène la contingence. La première chose qui frappe est la configuration inhabituelle du lieu : une longue table entourée d’une petite quarantaine de chaises ; six lampes ; dix écrans.

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Correspondances

On peine d’abord à distinguer les éléments qui se balancent, à moins d’un mètre du plateau : il s’agit des têtes des danseuses suspendues par les pieds. Ces chauves-souris humaines tiennent dans leurs mains ce qui semble être des portables, qui les éclairent. À Nuithonie se mêlent et s’emmêlent nature et industrie. Le son des grillons côtoie les bruissements de papier. Le bruit des mouches, celui de basses profondes. Et les cris des corbeaux, le « tac tac » d’un roulement de train. Les ambiances sonores du spectacle créées par Malena Sardi font brillamment écho aux revendications artistiques du projet

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Visage trouvé, identités troublées

Après Jérémy Fischer et Trois hommes dans un bateau sans oublier le chien, la compagnie neuchâteloise De facto s’empare d’un texte de Marius von Mayenburg, et explore les sables mouvants de la notion d’identité. Situé derrière une paroi de plastique ressemblant furieusement à une vitre de douche destinée à flouter les corps, Lette appuie sa bouche contre cette surface. Mais le contact de la bouche sur la paroi la rend visible. À un autre moment, ce mur de plastique laisse apercevoir Lette et sa femme qui dansent sensuellement.

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Des champs aux favelas

Julia s’en est allée. Les applaudissements jaillissent alors qu’apparaît le générique du spectacle, projeté sur deux panneaux mobiles. Comme dans un film, la musique des violons accompagne ce tomber de rideau cinématographique. Sur les planches du TPR, Julia a bel et bien vacillé entre théâtre et cinéma. Scènes projetées (par exemple de l’eau bleue troublée petit à petit par du rouge sang), diffusion de scènes filmées en temps réel (comme l’image capturée et retransmise directement sur scène de Jelson, le domestique, que Julia a fait s’asseoir sur une chaise lors d’une dispute), générique final : le septième art est un acteur central de cette création de Christiane Jatahy.

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Des chiens ou des hommes

Le chien de bateau Haktor est le compagnon du capitaine Phosphore. Mais voilà que le cours de sa longue vie est troublé par l’arrivée d’une plus jeune créature : Loliletta. Jonglant entre récit et théâtre, le spectacle présenté à Am Stram Gram thématise la peur d’être remplacé. Des toilettes à moité cachées par un paravent. Une statue décorative de chien. Une table et un lit à étage. Une baignoire. Une armoire de cuisine en bois à côté d’un four. Une bouilloire dont s’échappe de la vapeur d’eau. C’est tout le mobilier d’une habitation qui est condensé dans cette proposition scénographique.

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Le roi Rire

Trois clowns tentent de jouer à eux seuls une œuvre de Shakespeare, et la partie n’est pas gagnée d’avance. Mais ce qui est sûr, c’est que ces trois clowns jouent avec une œuvre de Shakespeare. Un jeu poétique et comique. Rencontré dans une grotte, le Boudu devient le nouveau compagnon de route de Zig et Arletti. Attablé dans son antre, il réfléchit. Pourquoi est-il assis ? « Parce qu’il a une chaise ! » Les deux scènes introductives campent les personnages et donnent le ton du spectacle. Zig est quelque peu effrayé par Le Boudu, rustre et impressionnant.

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Du cinéma (en mieux)

Faisant feu de divers contenus et formes issus du cinéma, l’équipe de k7 Productions donne naissance à un univers où l’ironie jaillit du mariage réussi entre rire et sérieux. Pour son projet Blockbuster, le metteur en scène Tomas Gonzalez dit vouloir aborder « l’aventure et ses mythes, la science-fiction et ses redéfinitions de l’être humain, ou la comédie romantique et les stéréotypes de genre ». Le spectacle débute par des bruits de jungle, et nous voici plongés dans le monde de Jurassic Park.

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La querelle des anciens et des modernes

Pour sa première mise en scène d’un texte de Shakespeare, Hervé Loichemol, directeur de la comédie de Genève, nous donne à voir entre les murs de son théâtre un conflit entre le désuet et le nouveau, qui s’articule jusque dans la scénographie du spectacle. L’ancienne génération contre la nouvelle. Le Roi Lear vieillissant contre deux de ses filles, jeunes et ambitieuses. C’est cette tension qui est au cœur de la pièce de Shakespeare.

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La mécanique des valeurs

Fixées au sol sur des rouages géants, les parois du décor de Scrooge et les fantômes pivotent, apportant sur scène ou emportant en coulisses les personnages de cette fable inspirée par l’univers de Dickens. Une mécanique bien huilée au service d’une ode à la magie de Noël. Scrooge est un vieillard qui, à force de diriger son usine d’une main de fer, est devenu aigri et avare. Voilà que Noël approche. Comme chaque année, ses employés et son neveu s’en réjouissent. Mais le patron, lui, reste de marbre. Noël, il ne veut surtout pas en entendre parler : pas

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Les deux faces du tapis rouge

Dans son spectacle solo, Eugénie Rebetez explore et met en scène de manière ironique, burlesque et touchante son rapport à sa pratique artistique. Encore déborde les frontières de la danse pour mieux y revenir. Après des études de danse en Belgique et en Hollande, Eugénie Rebetez revient en Suisse en 2008. Après diverses collaborations avec les artistes Zimmermann et de Perrot, elle crée en 2010 Gina, son premier one woman show. De Zurich à Paris, en passant par son Jura natal, le succès est au rendez-vous.

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Frôler le degré zéro de la danse

Recommandée pour des habitués de la danse en quête de transgressions fortes, la dernière création de YoungSoon Cho Jaquet pourra laisser des amateurs non-avertis sceptiques. Tous s’accorderont cependant à qualifier la démarche de la chorégraphe helvético-coréenne de radicale. De la danse ? Au sens conventionnel du terme, il y en a peu. Plutôt quelques déplacements d’objets effectués par la danseuse (comment l’appeler autrement ?) : ici, un pied de chaise amené à l’autre bout de la scène ; là, une paroi qui se dérobe, révélant des cubes de bois. De la musique ? Il y en a peu également. Plutô

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Un feu d’artifice grinçant

Ne pas réduire les objets à leur usage. C’est sur ce réquisitoire contre la primauté de l’utilitaire que s’ouvre le dernier spectacle de l’auteur et metteur en scène argentin Rodrigo Garcia. Exit la platitude du quotidien. L’imagination et la poésie entrent en scène pour ajouter à des faits a priori banals une résonance poétique, voire philosophique. Dès 1989, année de la formation de sa compagnie (La Carnicería Teatro), Rodrigo Garcia s’est spécialisé dans une écriture qui puise sa force dans la vie de tous les jours. Une écriture de la rue et du quotidien, abordable, influencée par une enfance passée « dans cette banlieue populaire de Buenos Aires au milieu de copains destinés à devenir ouvriers ou maçons ». L’accessibilité du théâtre est donc au cœur du projet artistique

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Le cirque intimiste

Après une carrière de près de vingt ans faite de nombreuses collaborations (notamment avec le metteur en scène Dimitri de Perrot), Martin Zimmermann concocte pour la première fois un solo où le mime se mêle à la poésie, où un zeste d’acrobatie vient relever la scénographie. Avant son entrée au Centre National des Arts du Cirque en France, l’artiste suisse-allemand a suivi une formation de décorateur. En assistant à Hallo, on comprend à quel point ce parcours a influencé son rapport aux aspects matériels de la scène. Sous nos yeux se déroule une véritable danse avec le décor. Il n’y a pas d’histoire, au sens classique, à se mettre sous la dent. Presque pas de paroles, pas de personnage cohérent. Ce que l’on voit,

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Foucault aurait dû faire du théâtre

Perchée sur un bureau, une comédienne en équilibre sur ses bras récite un discours aux vapeurs foucaldiennes. Donner corps aux acrobaties intellectuelles du célèbre théoricien de la prison : le Collectif F71 se risque à cet exercice périlleux sans faux-pas. Avec ses accents pédagogiques, La Prison est typiquement le genre de spectacle qui aurait pu sombrer dans le piège du barbant. Seulement voilà, ici ce n’est pas le cas. Pousser à la réflexion sans apporter de réponses arrêtées, c’est le parti pris des cinq actrices (Sabrina Baldassarra, Stéphanie Farison, Emmanuelle Lafon, Sara Louis et Lucie Nicolas) qui ont éga

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Des palmiers sauvages, puis un peu moins

Une polyphonie visuelle et sonore, c’est le choix que fait Séverine Chavrier pour parler d’un amour prison. Pari réussi quand cette multiplicité tranche avec l’amour indivisible et puissant des deux protagonistes. Mais paradoxalement, c’est lorsque leurs sentiments se fragmentent que cette mise en scène perd de sa force. Quatre matelas sur le sol, allongement de deux corps presque nus. Les ressorts d’un sommier métallique sont les barreaux qui séparent cette vision du public. Car dans cette adaptation de l’œuvre de Faulkner, amou

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