Evanescent, -e, adj.

Présenté au Théâtre Saint-Gervais, Cheer Leader interroge de manière très plastique une activité aux représentations sexualisées : le cheerleading. La création laisse toutefois une impression évanescente, peinant elle-même à convaincre et à enflammer les foules. Entre le public et le plateau, une toile tendue, blanche. Selon l’éclairage, elle s’opacifie ou blanchit légèrement. Le plateau devient flou et brumeux à travers ce filtre.

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Tout commence par le doute

Dans une création documentaire et autobiographique, Véronique Bettencourt, alias Solange, réfléchit, rêve, fantasme, chante, imagine, se souvient, interroge, filme, récite et joue les interrogations d’une artiste sur les artistes. Auspice ironique pour une pièce intitulée Le Fantasme de l’échec, trois spectatrices quittent la salle après cinq minutes, remarquant s’être trompées de spectacle. Elles sont obligées, pour cela, de passer sur le plateau, sous les yeux d’une Solange déjà tremblante d’incertitude. Fort heureusement l’imprévu ne sera présage d’aucun échec, au contraire.

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cl-A-ssique Andromaque

Dans Les Histoires d’A-Andromaque, Alexandre Doublet fait revivre les vers de Racine dans toute leur force tragique. Après l’Arsenic et le Théâtre de Vevey, c’est aux Halles de Sierre qu’il dépose son décor whitecube pour une Andromaque brute et classique. Les histoires d’A Les histoires d’amour Les histoires d’amour finissent mal Les histoires d’amour finissent mal en général. Et ce n’est surement pas Oreste qui le démentira.

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XXY

Etre homme. Etre femme. Se sentir homme ou femme. Olivia Seigne et Alexandre Vogel mettent en scène le destin amoureux d’un cas limite, celui d’un(e) hermaphrodite. En parler avec finesse et pudeur mais sans tabou, surtout. « L’océan Vaste étendue entourée d’ocres Oscillant entre la crainte de décevoir et l’amertume de l’espoir Ne croyant plus en rien, comme une brume voilée.[…] » Quelques vers pour exprimer un mal profond.

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Quatre plats + deux acteurs irrésistibles = un rire assuré

Aller au restaurant ? Ou au théâtre ? Un dilemme pour le public que Tg Stan résout en combinant les deux. Les deux acteurs truculents présentent un repas exceptionnellement banal, sérieusement hilarant. A voir absolument ! En entrée, trois téléviseurs montrant l’arrivée de Wallace au restaurant où il a rendez-vous avec son ami de longue date, André. Une référence cinématographique directe au film de Louis Malle

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Un monument ébranlé

Rien ne semble faire obstacle à sa démesure : non content de s’en prendre au Faust de Goethe, Nicolas Stemann s’appuie sur des acteurs talentueux pour détraquer avec puissance et malice les enjeux de ce monument de la littérature dramatique. “Ô vous dont le secours me fut souvent utile,? donnez-moi vos conseils pour un cas difficile.? De ma vaste entreprise, ami, que pensez-vous ?”. L’entreprise est vaste, c’est le cas de le dire. Monter les deux Faust de Goethe, l’équivalent de 22 heures de spectacle, fut longtemps réputé impossible. Après quelques coupes, Nicolas Stemann présenta

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Du Chili à la Suisse, il n’y a qu’une arche

Performance documentaire, Arcadia interroge les mélanges identitaires et culturels. Ingrédients et danses helvétiques s’exportent au Chili, d’où est rapportée une série de témoignages. Un moment convivial ! Quelques ballons rouges et blancs flottent au raz du sol, tables à tréteaux et bancs accueillent le public. La salle de théâtre a toute la simplicité et la chaleur d’une fête villageoise. Des tasses de thé et de café soluble sont servies aux spectateurs, une fois qu’ils sont assis, pour qu’ils se réchauffent et échangent entre eux. Ils font partie de la fête, de ce qui se passera sur le plateau.

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Amour toujours ?

Pour quelques jours, Séverine Chavrier fait pousser les germes d’un amour faulknérien au théâtre de Vidy : sombre et intense. Une fenêtre, découpée directement sur les arbres du parking en contre-bas. Ce sont des platanes, habillés de lumière émeraude pour l’occasion. Le plateau est ouvert sur l’extérieur, prolongement de l’espace scénique autant que du récit. Travaillant en création de plateau, Séverine Chavrier a toutefois tiré son suc des Palmiers sauvagesde l’écrivain américain William Faulkner. Dans ce texte, Harry Wilbourne et Charlotte Rittenmeyer quittent études, mari et enfants pour cultiver leur amour.

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Un RockaLola déchaîné

Oseriez-vous raconter une histoire sur un fond de rockabilly effréné ? Ou faire le portrait d’une famille déjantée nommée Folding? Lorsqu’on s’appelle le groupe Brico Jardin, on ose ! Une création ébouriffante à découvrir au Petit Théâtre de Lausanne! « Tu ne toucheras pas à cet album photo ! » Suite à la défense prononcée par sa grand-mère, rien ne devient plus tentant pour la petite Lola Folding, excitée par le goût de l’interdit, que de saisir les bords de l’album, de l’ouvrir et de tourner les pages. Le passé resurgit au fil des « lolaroïdes » – sortes de photos en mouvement. Lola découvre alors que son grand-père n’a pas toujours été vieux et puant, elle assiste à la rencontre de ses parents, jeunes et fringants et frémit devant les inventions de son père d’il y a vingt-cinq ans. Mais sur cet album photo repose une terrible menace : celle de la poussière qui recouvre tout, de l’oubli qui efface peu à peu le passé. C’est un voyage à travers la mémoire et l’héritage qu’accomplit la petite fille, un voyage rythmé par des claquements de doigts !

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Contes de l’érotisme ordinaire

En réaction au titre provocateur de la dernière création d’Aurélien Patouillard, On a promis de ne pas vous toucher, la tentation est grande d’en douter, de se prêter pourtant au jeu et de risquer de se sentir touché. Avis aux spectateurs téméraires : à essayer ! Qu’est-ce que l’érotisme ? Il demeure peut-être dans son propre mystère. Magique et fragile, il ne résiste pas longtemps aux coups que lui porte l’intelligence pour le comprendre. Dès lors, comment poser la question de l’érotisme sans qu’il ne s’étiole? Il est peut-être judicieux de le faire au théâtre, expérience qui mêle la présence des comédiens, des autres, de soi. Le succès du désir, comme celui d’une pièce, repose sur quelque chose de très simple et pourtant d’éphémère. Dans On a promis de ne pas vous toucher, dont la première a eu lieu mercredi au Théâtre Les Halles à Sierre, le metteur en scène Aurélien Patouillard suggère avec pudeur, humour et élégance les contours de la sensualité.

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Un voyage dans l’inapparent

Couvre-feux, à la Grange de Dorigny, offre une expérience kaléidoscopique du réel, dans laquelle imaginaire et passé sont reflétés à l’infini. Une mise en scène créative et touchante de la Cie Jeanne Föhn. Est-ce que cela avait été ? Est-ce que cela ne demeurait pas encore, cette comédie de l’inapparent ? Un père amène sa fille dans la maison de son enfance. Ils avancent, à petits pas, trébuchant sur le chemin de la mémoire. Dans le salon, un trou, béant jusqu’à la cave, qui plonge leur regard dans les couches sédimentées du passé. Au récit du voyage s’ajoute le reflet persistant du passé mais aussi le filtre onirique de l’imaginaire. En choisissant de monter Couvre-feux de Didier-Georges Gabily, le metteur en scène Ludovic Chazaud s’est lancé un défi téméraire, d’autant plus admirable que le résultat est très réussi.

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Yvonne, ou les malheurs d’une limace

Yvonne, Princesse de Bourgogne, propose un portrait noir et grinçant de la bienséance, de l’institutionnalisation des moeurs ainsi que le récit du destin malheureux d’une triste princesse. Il était une fois un prince charmant, beau et intelligent. Arrivé à l’âge de raison, vint le moment où ses parents lui dirent gravement : « Fils, il est temps de trouver demoiselle à ton pied. ».

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Les étrangers

A l’Arsenic, le collectif Division présente une création au message puissant et corrosif sur le monde contemporain : il y a comme quelque chose d’absurde qui mine notre société. Aujourd’hui, le monde est mort. Ou peut-être hier, ils ne savent pas. Cela ne veut rien dire. C’était peut-être hier… Ils sont quatre, quatre jeunes personnes, grains de poussière perdus dans les intempéries du XXIe siècle. Plus capables d’intégrer, d’accepter ou de s’accepter dans les rafales d’informations quotidiennes : 11’000 enfants morts en Syrie, la terre qui commence à vaciller, la disparition de l’ours blanc, la radicalisation politique en Suisse, … Comment l’individualité moderne peut-elle se construire là ? Elle tangue dans la culpabilité de ne rien pouvoir faire et même de ne savoir tenir un rôle infiniment trop grand pour ces quatre-là et pour nous. Le monde reste impénétrable aux coups portés pour le comprendre, à jamais campé dans l’absurde. Le moyen que ces personnages ont trouvé pour exister, seule retraite salvatrice, c’est la destruction, l’envie que tout disparaisse, de s’effacer soi-même pour ne plus souffrir la réalité. Les quatre âmes, face au vide qui se crée en eux, commencent à perdre leur ancrage, à dévier.

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Et si on parlait de Tchekhov ?

A la Grange de Dorigny, pour mettre en scène La Mouette de Tchekhov, Jean-Michel Potiron fait le pari de la sobriété. Il y a certaines voix que l’épreuve du temps et celle de la mort n’ont pas réussi à faire taire, ni à brouiller d’ailleurs. Elles restent claires et puissantes, exerçant encore leur influence magique, tel Raspoutine sur ses disciples ahuris. Les mots de Tchekhov, disséminés à partir du sol russe il y a plus d’un siècle, continuent à trouver terreau dans le théâtre actuel. Jean-Michel Potiron s’empare de l’un des textes les plus fameux de l’écrivain, La Mouette, pour l’implanter sur le terrain fertile de l’université, à la Grange de Dorigny.

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Des femmes et des jupons

Au Théâtre de Vidy, le très attendu Denis Marleau présente Les Femmes Savantes de Molière. Ouvrage fin et coloré. C’est l’heure où le jour succombe sous le poids des ombres. Seule une guirlande lumineuse éclaire le château de Grignan, curieusement transporté de la Drôme aux abords du lac Léman. L’enceinte du château – le vrai, celui dans lequel séjourna Mme de Sévigné – fut le berceau du projet, Les Femmes savantes répondant à une invitation spéciale du site patrimonial pour la compagnie UBU. Ne pouvant se résoudre à l’abandonner lors de la tournée, le metteur en scène Denis Marleau en emporte le souvenir ainsi que l’image sensible qu’il projette en arrière-plan. Étonnant et élégant !

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