Pour amener un public varié à s’intéresser aux questions historiques, qu’il s’agisse de plonger dans des archives, de (re)découvrir le patrimoine local ou de débattre de sujets d’actualité sous un angle inédit et à travers des formats variés, une nouvelle structure voit le jour. Explications avec Claire-Lise Debluë, responsable du projet.
Encourager et susciter des synergies entre les différents acteurs des sciences historiques et rendre celles-ci accessibles à tout un chacun, spécialiste ou non, au moyen d’une programmation de médiation visant à les sensibiliser à ces thèmes : telles sont les missions du Laboratoire Histoire et Cité.
Portée conjointement par l’Université de Lausanne, le Musée cantonal d’archéologie et d’histoire, la Bibliothèque cantonale et universitaire, les Archives cantonales vaudoises, la Direction générale de l’enseignement postobligatoire et les gymnases vaudois, cette nouvelle entité est née dans le droit fil du festival homonyme, qu’elle intègre désormais. « La manifestation, qui a vu le jour en 2015 déjà à Genève puis en 2019 à Lausanne, constituera le temps fort de l’année », souligne Claire-Lise Debluë. Responsable du projet au Service culture et médiation scientifique de l’UNIL, elle a pris les rênes du laboratoire début février. De Lausanne à Paris et Zurich en passant par Saint Andrews, le parcours très interdisciplinaire de cette chercheuse l’a amenée à s’intéresser aussi bien à l’histoire des médias qu’à celle des savoirs et de leur dissémination dans l’espace public.
En septembre 2019, elle monte avec sa collègue historienne des médias Anne-Katrin Weber une exposition participative intitulée « Le syndic, la vache et le verre de blanc ». L’événement, qui marque le centenaire du Comptoir suisse, lui donne définitivement le goût d’emmener l’Histoire hors des sentiers battus. Une recette devenue le mot d’ordre du laboratoire : lecture en musique, visite guidée ou conférence déambulatoire, tous les moyens et tous les angles seront bons pour explorer un thème par saison. Dès cet automne, les pirates seront à l’honneur, qu’ils sévissent à la radio, dans l’écologie ou sur les bords du Léman : « Outre le fait de proposer une histoire de la piraterie depuis l’Antiquité, ce sera aussi l’occasion de déconstruire les idées reçues et d’amener le débat historique vers des questionnements et des territoires plus contemporains », promet Claire-Lise Debluë.
Un projet citoyen
Le coup d’envoi de la saison, qui marquera également la naissance du Laboratoire Histoire et Cité, est prévu les 1er et 2 septembre. Après la partie officielle, un comédien donnera voix à des sources autour du banditisme et de la piraterie au Moyen Âge, tandis que trois historiennes et historiens de l’UNIL et du gymnase d’Yverdon les commenteront. Le choix de présenter un matériau qui sort rarement des cartons est délibéré : « C’est une façon de montrer qu’il existe plusieurs manières d’entrer dans l’Histoire », souligne Claire-Lise Debluë. Le samedi, un deuxième volet destiné au grand public aura lieu sur « La Vaudoise », sous la houlette des Pirates d’Ouchy. L’occasion de questionner, là aussi, les multiples figures de pirates qui perdurent jusqu’à aujourd’hui. « Bien sûr, nous visons les passionnés, les chercheurs et les étudiants. Mais nous souhaitons élargir l’audience et toucher les plus jeunes ainsi que les familles », précise la responsable du laboratoire. Toujours avec l’objectif de démocratiser les savoirs, elle prévoit également de développer des partenariats avec les maisons de quartier ou les associations culturelles. La démarche, inclusive et horizontale, implique de trouver des spécialistes d’accord d’investir de leur temps pour partager leurs connaissances et accueillir celles des participantes et des participants. Un projet citoyen qui pourrait bien amorcer aussi une réflexion sur la valorisation de la médiation scientifique et culturelle dans les parcours académiques.
Plus d’informations sur le site web (disponible dès le 15.08.2023)