Depuis le 1er mai 2021, tout un chacun peut explorer les collections Reiss ou découvrir les globes de Mercator sans sortir de son canapé, grâce au portail des collections numériques de l’UNIL. Et ce n’est qu’un début !
« Tout est parti du fonds Reiss, fleuron de la trentaine de collections recensées à l’UNIL en 2017 », résume Sacha Auderset, archiviste principal au Service des ressources informationnelles et archives (Uniris). Œuvre de l’un des fondateurs de la photographie judiciaire, qui a aussi créé l’Institut de police scientifique de l’UNIL à l’aube du XXe siècle, ce fonds rassemble quelque 13’000 clichés sur plaques de verre. « Jusqu’en 2016, l’École des sciences criminelles en avait la responsabilité. Ensuite, Uniris a pris le relais, avec pour mission de sauvegarder, numériser et rendre accessibles ces documents », résume-t-il.
Si le mandat d’Uniris s’arrête à leur mise à disposition, encore faut-il les proposer dans la meilleure qualité possible. À chaque collection ses questions : comment restituer la transparence des photographies sur verre pour la collection Reiss ? Et comment reproduire un objet exceptionnel comme un globe de Mercator ? Si, aujourd’hui, on dispose de techniques permettant de réaliser des images en 3D, ce n’était pas le cas par exemple lors de la numérisation de la collection d’instruments scientifiques de l’UNIL et de l’EPFL (lire l’encadré). Celle-ci, bientôt accessible sur le portail, répertorie un corpus de plus de mille objets liés à des domaines aussi variés que l’optique, l’astronomie ou la physique nucléaire. Tous ont certes été photographiés, mais impossible de se rendre compte de leur taille ou de leur aspect tridimensionnel sur la seule base des images existantes. Faut-il les refaire ? Et comment rendre les finesses de la collection de portraits d’anciens professeurs qui ornait les murs de la salle du Sénat du palais de Rumine ? Œuvre de plus de 40 artistes, dont certains de premier plan, réalisée sur quatre siècles avec des techniques aussi variées que l’huile sur toile, la détrempe, le crayon, le pastel ou la sculpture, cette incroyable galerie de portraits sera également visible en ligne prochainement.
L’enjeu ici n’est pas uniquement esthétique : plus la qualité du matériel de base est élevée, plus il a de chances de rencontrer l’intérêt de spécialistes qui le mettront en perspective, lui donnant une seconde vie.
Heureusement, la qualité de leur reproduction n’est pas le seul paramètre qui détermine l’accessibilité de ces objets virtuels sur la Toile. À l’instar de nos bonnes vieilles bibliothèques, qui recourent à un système unifié pour classer (et retrouver !) les livres, les banques de données virtuelles ont aussi fixé des standards pour décrire (et retrouver !) les documents numériques, quelle que soit la langue de saisie. Le secret ? Les métadonnées, ces mots clefs définissant le contenu d’une image. De son titre à sa description et sa localisation en passant par son auteur, elles rassemblent d’innombrables informations. Celles-ci sont organisées par champs, selon une convention internationale qui permet aux moteurs de recherche de repérer les données nécessaires, « que celles-ci aient été entrées en islandais ou en anglais. Plus ce travail est précis, plus la notoriété, la visibilité et l’utilisabilité du fonds augmentent », souligne Gérard Bagnoud, chef de service d’Uniris. Ainsi Europeana, la bibliothèque numérique européenne, donne à elle seule accès à plus de 58 millions d’objets virtuels – dont ceux recensés sur le portail de l’UNIL.
Dernier coup de pouce – et non des moindres – à la visibilité de ces collections : l’UNIL, qui possédait leurs droits de diffusion et d’utilisation, a choisi de mettre à disposition toutes ces images sous forme de licence libre de droits. En les rendant ainsi facilement accessibles au plus grand nombre, l’institution fait œuvre de pionnière.
Une collection… de collections
En 2017, un inventaire recensait une trentaine de collections à l’UNIL. Toutes ne sont pas valorisables, mais parmi celles qui pourraient venir enrichir le portail virtuel, on relève un ensemble d’œuvres d’art acquises par l’UNIL en lien avec le pour-cent culturel. Si certaines de ces collections ont été constituées à dessein par des passionnés, d’autres se sont faites un peu par hasard. Unicom a ainsi gardé un exemplaire de tous les objets marketing réalisés pour l’UNIL ! Tous les cadeaux qu’a reçus l’institution sont également conservés. « L’intérêt de ces documents en deuxième main est très différent de ce pour quoi ils ont été faits au départ », souligne Gérard Bagnoud. « Une chercheuse canadienne a par exemple utilisé le fond Reiss pour réaliser une capsule vidéo sur l’histoire de la mode », exemplifie Sacha Auderset.