L’équipe féminine du Lausanne Université Club Volleyball (LUC) a le vent en poupe. Retour sur cette ascension avec son entraîneur et président, Pierre Pfefferlé, qui fut aussi directeur des sports universitaires.
Rien ne prédestinait cette formation encore inexistante il y a moins de dix ans à réaliser cette spectaculaire montée en ligue nationale B. « Le LUC mise avant tout sur son équipe masculine de LNA et sur la formation des jeunes », rappelle Pierre Pfefferlé.
C’est en 2016, lorsque Nouria Hernandez accède au rectorat de l’Unil que « l’idée de créer une équipe féminine universitaire s’est imposée », se remémore-t-il. À l’époque, il est aux commandes des sports universitaires. Dans une vie précédente où il fut volleyeur, ce spécialiste de l’enseignement du ski a eu des liens privilégiés avec le club de Lutry – sa fille y évoluait et il lui arrivait d’y donner quelques coups de main. « L’équipe des juniors féminines se développait, mais n’avait aucune perspective sur place », résume-t-il. D’où l’idée de contacter le LUC : serait-il en mesure d’accueillir les joueuses ? La réponse est affirmative : « Voilà comment nous avons démarré en quatrième ligue en 2017 ! »
Important investissement
D’emblée, les volleyeuses s’engagent pleinement, malgré un entraînement trihebdomadaire exigeant – des heures à glisser dans des emplois du temps souvent bien remplis, puisque la grande majorité d’entre elles étudient à l’Unil ou en HES. Mais l’investissement en vaut la chandelle : trois saisons plus tard, on les retrouve en deuxième ligue.
L’ascension se poursuit, toujours à la force du mollet. Particulièrement longue, cette saison 2024-2025 a démarré le 18 août pour s’achever le 20 avril avec le match de promotion. Elle a compté pas moins de 147 séances, matchs et entraînements confondus. Au menu de ceux-ci, du ballon les lundis, mercredis et jeudis et un entraînement de musculation individuel. Petit à petit, le rêve prend forme : à Noël, l’équipe figure dans le haut du tableau. En janvier, la montée en LNB devient palpable. La question est évoquée au comité : faut-il y aller ou non ? L’occasion est trop belle. Résultat, le 20 septembre prochain, les volleyeuses du LUC entameront la saison 2025-2026 en LNB.
Points d’interrogation
L’identité de la quinzaine de joueuses qui occuperont le terrain comporte encore beaucoup de points d’interrogation. Une équipe universitaire est synonyme de fort roulement. Blessures, congés et périodes d’examens (les études passent évidemment toujours en premier) : il faut faire preuve de souplesse. S’ajoute à cela le fait que certaines participantes achèvent leurs études. « En début de carrière, elles continuent généralement jusqu’à ce qu’elles décrochent un travail à plein temps ou retournent dans leur canton d’origine. » Ainsi, l’année prochaine, le club devra en principe se passer de l’un de ses meilleurs éléments, une étudiante en droit qui va entamer son brevet d’avocate en Valais. «Avoir une seule équipe complique les choses : impossible d’emprunter des volleyeuses à une autre formation. Chaque absence compte », ajoute Pierre Pfefferlé. Il poursuit : « Construire une équipe dans une catégorie considérée « semi-professionnelle » dans un tel contexte est parfois plus ardu que de constituer une formation de ligue A. Reste que ces changements permanents sont aussi une richesse. De forts liens d’amitié se tissent, les filles développent leur réseau professionnel, c’est précieux. »
Pas de ligue A en vue
Mais c’est également chronophage. Pour faire face à sa double charge de président et d’entraîneur, Pierre Pfefferlé bénéficiera dès cette rentrée du soutien d’un assistant. « Cela permet de répartir les responsabilités comme d’échanger des points de vue en match. » Quant à la question de savoir si la LNA pourrait devenir un objectif, il secoue la tête sans l’ombre d’une hésitation : « Ce n’est pas dans nos moyens ! En revanche, notre rôle de maillon est essentiel, et si nous repérons une fille qui a le potentiel pour jouer en ligue A, nous l’enverrons à Cheseaux ou à Genève. »
Il se réjouit par ailleurs du développement d’une sensibilité au sport féminin dans le public comme chez les sponsors : « Nombre de nos partenaires soutiennent l’équipe féminine du LUC, à tel point qu’elle est presque financièrement autosuffisante ! »