Plus on a des enfants tard, meilleure sera leur éducation, et ce quel que soit le niveau socio-économique de la famille. C’est ce que démontre une étude réalisée par Michael Grätz, de l’UNIL.
Plusieurs recherches avaient déjà révélé que plus les parents sont âgés, meilleurs sont les résultats scolaires de leurs rejetons. Selon l’hypothèse dite des destins divergents, l’âge auquel hommes et femmes ont leur premier enfant diffère en fonction de leur niveau d’éducation. Une question demeurait cependant ouverte : quelles sont les conséquences de l’âge à la première naissance sur la reproduction des inégalités sociales ? L’étude que viennent de publier Michael Grätz, professeur au Swiss Centre of Expertise in Life Course Research LIVES de l’UNIL, et Øyvind N. Wiborg, de l’Université d’Oslo, en Norvège, répond à cette question loin d’être anodine. Comme le rappelle Michael Grätz, « dans beaucoup de pays, les femmes et les hommes retardent la naissance de leurs enfants ». La faute notamment à la durée des études universitaires.
Dans leur travail, les chercheurs ont utilisé des données provenant d’Allemagne, de Norvège et des États-Unis. Trois nations incarnant chacune un régime de protection sociale différent. « Au départ, nous pensions que la situation était spécifique aux États-Unis, où le nombre d’adolescents qui deviennent parents est particulièrement élevé et où le filet social est spécialement ténu. À l’inverse, en Norvège, moins de bébés voient le jour dans ce type de contexte, mais ces familles reçoivent un soutien conséquent. Or, nous avons pu constater que la qualité de la sécurité sociale ne change rien au résultat, qui découle plutôt d’un comportement démographique », relève-t-il. Malgré ces différences, les résultats sont donc qualitativement identiques sur les trois terrains. « Le niveau d’éducation des enfants augmente avec l’âge des parents. Mais il s’améliore plus sensiblement dans les familles où ceux-ci ont un faible niveau d’éducation que dans celles où son niveau est plus élevé. Autrement dit, la transmission intergénérationnelle de l’éducation est plus forte pour les parents plus jeunes que pour ceux qui sont plus âgés. » Des résultats qui nuancent l’hypothèse des destins divergents.
« Sur le plan socio-économique, l’augmentation de l’âge des parents dans les familles défavorisées accroît davantage la mobilité éducative que l’inverse. »
Michael Grätz, professeur au Swiss Centre of Expertise in Life Course Research LIVES de l’UNIL
L’étude, qui a examiné les cas de 1000 mères âgées de 18 à 40 ans aux États-Unis, 200’000 en Norvège et 980 en Allemagne, débouche sur des résultats particulièrement significatifs dans la fourchette des 20-30 ans, « là où les données étaient les plus nombreuses », précise Michael Grätz. Comment cela s’explique-t-il ? « Si, du point de vue physiologique, il est bon de devenir parent le plus tôt possible, en avançant dans la vie, on accumule davantage de ressources économiques, culturelles et sociales. Grâce à une plus longue expérience existentielle, les mamans sont plus efficaces dans leur rôle. Leur santé mentale, plus stable, peut en outre leur conférer plus de compétences non cognitives. »