La vice-rectrice Liliane Michalik détaille les événements UNIL associés à la Journée internationale des coming out.
Un jour, la question du coming out ne se posera plus. Dans l’intervalle, elle se conjugue au pluriel, car les personnes concernées y sont confrontées (de leur plein gré ou non) dans des situations récurrentes, familiales, amicales, sociales ou professionnelles, et ce quelle que soit leur orientation sexuelle et affective ou leur identité de genre. À l’occasion du mercredi 11 octobre, Journée internationale des coming out, l’UNIL organise plusieurs événements consacrés à cette thématique, dont nous explorons ici les déclinaisons plurielles avec la vice-rectrice Liliane Michalik, responsable du dicastère Égalité, diversité et carrières.
Pourquoi est-ce si important de parler des discriminations alors que le terreau politico-juridique suisse s’est récemment prononcé en faveur des droits LGBTIQ?
C’est vrai, la question politique et juridique a récemment avancé. La ratification au Parlement de la loi Reynard et la validation, à une large majorité, du mariage pour toutes et tous représentent un signal fort, qui permet de prendre conscience que les postures homophobes sont bel et bien minoritaires. Comme les droits des femmes nous l’ont toutefois appris, il ne faut pas baisser la garde, car certains acquis restent fragiles. On sait par ailleurs qu’il existe toujours un fossé entre la théorie et la réalité vécue sur le terrain. Notre Direction, qui s’engage fermement contre les discriminations, a donc décidé de s’associer à la Journée internationale des coming out et de la prolonger sur trois jours avec une table ronde coorganisée au Flon par Pôle Sud. Suivront une soirée théâtrale au Vortex axée sur les amours féminines (écriture et mise en scène, Joëlle Richard) et deux ateliers sur l’accueil et l’accompagnement des personnes LGBTIQ aux études et au travail (proposés par notre Bureau de l’égalité).
Donc du chemin reste à faire pour lutter contre les discriminations et assurer l’égalité, sachant que le fait d’être homosexuel·le et/ou trans demeurera biologiquement minoritaire?
Sauf que parler de minorité biologique, c’est occulter le fait que vouloir quantifier le nombre de personnes concernées dans un contexte où les biais sont légion est scientifiquement difficile, voire impossible. On ne peut pas faire abstraction du poids des conventions, de la religion, de l’éducation, des discours intégrés, du contexte socio-culturel… sans compter que nous avons chacune et chacun une histoire individuelle qui peut faire de nous, dans certaines circonstances, une «minorité». En effet, que l’on soit ou non une personne LGBTIQ, il n’est jamais simple d’assumer intimement et publiquement les questions personnelles liées à l’identité et aux choix que nous faisons. L’UNIL porte ce message d’ouverture et d’inclusion dans son Plan d’intentions et veut offrir un environnement où chaque personne dans son «unicité» peut évoluer sans se renier et en toute sécurité. Cela dit, les personnes LGBTIQ se trouvent effectivement en situation de fragilité dans un contexte social largement hétéronormé. Il en va donc de la responsabilité de la Direction de porter une attention particulière à toute forme de discrimination et de construire un environnement de travail et d’étude soucieux à la fois des personnes qui vont et viennent sur le campus, de la collectivité qui se renouvelle et de la continuité de l’institution dans ses tâches principales d’enseignement et de recherche. Il s’agit d’œuvrer à une meilleure intégration des diversités, comme dans un orchestre qui fait la part belle à des instruments divers. Nous voulons sonner juste, tous ensemble.
Vous souhaitez, en outre, mettre l’accent sur la dimension féminine…
Pas dans la table ronde, qui s’intéresse à la pluralité des parcours LGBTIQ, mais dans la pièce de théâtre, qui aborde en effet la question intersectionnelle, soit le fait de subir simultanément plusieurs formes de discrimination. On sait qu’aujourd’hui encore, quelle que soit la difficulté rencontrée, celle-ci prend une forme accrue pour les femmes. Leur coming out ne fait pas exception à la règle, puisqu’il peut se heurter à des comportements à la fois sexistes et lesbophobes. Accueillir ce spectacle dédié aux amours féminines est d’autant plus important qu’on entend encore peu de voix de femmes sur la question, que ce soit dans la chanson, le théâtre ou le cinéma francophones. Or parler, c’est désinvisibiliser et donc créer du lien pour aplanir les différences et apprendre à mieux vivre ensemble.