Créer des synergies entre différentes facultés pour trouver des solutions à la débâcle environnementale : c’est le but d’un cours interfacultaire de niveau master donné dans les universités de Lausanne et de Lancaster.
« La collaboration entre les facultés est importante dans tous les cas. Elle l’est d’autant plus pour parler de la crise écologique, urgente et difficile à aborder tant elle revêt une multiplicité d’aspects. Chacun dans son coin, on ne peut rien faire. Il faut croiser les discours et les perspectives pour trouver des solutions », lance Boris Vejdovsky, maître d’enseignement et de recherche à la Faculté des lettres, en section d’anglais. Avec Guido Palazzo, professeur à la Faculté des hautes études commerciales (HEC) de l’UNIL, il a mis sur pied en 2017 le cours « Environmental Crisis and Societal Change » (Crise environnementale et changement sociétal), qui peut être suivi par toute étudiante et tout étudiant de master issus des facultés des lettres, des géosciences et de l’environnement, des sciences sociales et politiques ou de HEC lors de chaque semestre de printemps, et qui est validé en effectuant des travaux écrits individuels.
Aussi à Lancaster
Le Bureau des relations internationales de l’UNIL soutient ce projet au format unique, car il est aussi interuniversitaire : des professeures et professeurs issus de l’Université de Lancaster en Angleterre, avec laquelle l’UNIL entretient un partenariat privilégié, interviennent auprès des étudiants de Dorigny (online ou en présentiel). Depuis cette année, le cours a été répliqué dans l’université britannique, avec aussi certains professeurs UNIL
Entre 18 et 25 enseignantes et enseignants interviennent en anglais (une maîtrise suffisante de cette langue à l’écrit et à l’oral sont les seuls prérequis pour suivre ce cours) sur leur temps libre. « L’idée est de faire venir à chaque session deux personnes issues de disciplines différentes ou présentant deux points de vue différents », ajoute Boris Vejdovsky, spécialisé en littérature et culture nord-américaine. Au menu, liste non exhaustive : les enjeux scientifiques de la crise écologique, avec notamment des notions de climatologie, les aspects économiques, l’analyse des discours médiatiques, le greenwashing, l’agriculture, mais aussi les ressorts culturels et anthropologiques de la crise. Pour ces derniers, « nous abordons par exemple nos représentations de la nature, qui, à partir du romantisme et de la révolution industrielle, nous ont menés à son exploitation », résume notre interlocuteur, membre du Centre de compétences en durabilité (CCD) de l’UNIL.
De récit en récit
Les participants analysent et déconstruisent les enjeux présentés, dans une perspective narrative. Boris Vejdovsky cite un exemple : « On est dépendant du pétrole, entre autres parce qu’il fait rouler les voitures, mais aussi parce que l’automobile est liée à différentes mythologies. Il y a la mythologie du déplacement, de la vitesse, de la puissance, de l’ego, du statut social et du genre, les hommes étant souvent plus fascinés par la technique et la puissance. On voit comment un discours peut mener à un autre. »
Focus sur l’apport HEC
Sciences économiques et écologie ne sont pas incompatibles, malgré certains clichés tenaces. Guido Palazzo, l’autre créateur du cours et spécialiste HEC en éthique des affaires, détaille : « Du côté des sciences économiques et des sciences du management, sont abordées dans ce cours la perspective macroéconomique, avec une discussion sur la croissance et la décroissance, ou encore une réflexion sur le rôle du PIB. Et du côté des aspects managériaux, nous approfondissons les notions de marketing durable, de circularité et de responsabilité des entreprises. » Par ailleurs, une bonne partie des étudiantes et étudiants qui suivent l’enseignement sont issus de HEC.