L’édition 2023 du Dies Academicus, qui aura lieu le vendredi 2 juin à 10 h, sera placée sous le signe de l’égalité, de la diversité et de l’inclusion. Portraits des doctorats honoris causa.
Programme complet du Dies et inscriptions
DHC de la Direction, Caroline Abu Sa’Da, directrice de SOS Méditerranée Suisse
SOS Méditerranée est une organisation humanitaire européenne qui agit pour secourir les réfugiés et migrants en détresse en mer Méditerranée. L’organisation a été fondée en 2015 en réponse au nombre croissant de morts et de noyades de personnes tentant de traverser la mer Méditerranée pour rejoindre l’Europe. Caroline Abu Sa’Da a fondé et dirige la branche suisse de l’organisation, qui a été créée en 2017. Cette association travaille à sensibiliser à la situation en Méditerranée et à promouvoir la mission humanitaire de l’organisation. Elle s’active également à la collecte de fonds pour soutenir les opérations de sauvetage menées par le navire ambulance de l’organisation, l’Ocean Viking, qui opère en Méditerranée centrale.
Détentrice d’un PHD, obtenu à Sciences Po Paris, Caroline Abu Sa’Da a débuté sa carrière dans l’humanitaire en travaillant avec une ONG sur une mission en Palestine, pour rejoindre ensuite Médecins sans frontières en 2007, où elle a dirigé l’unité de recherches et travaillé comme cheffe de mission, notamment en Irak et en Syrie.
Elle recevra le DHC de la Direction, comme le précise la laudatio, « pour son travail sur le terrain, qui a permis de porter secours à des dizaines de milliers de personnes en détresse en mer Méditerranée, indifféremment de leur âge, genre ou origine ethnique, et qui fait d’elle un role model capable d’incarner les valeurs d’universalité, d’engagement citoyen et de respect des droits humains chères à l’UNIL ».
Liliane Michalik, vice-rectrice Égalité, diversité et carrières, qui lui remettra son DHC lors de la cérémonie du Dies, précise encore : « Caroline Abu Sa’Da effectue un travail colossal, c’est un geste profondément humain d’aller aider les personnes en difficulté. »
De son côté, Caroline Abu Sa’Da accueille avec bonheur ce prix de l’UNIL. « Alors que l’Organisation internationale des migrations vient d’annoncer que le taux de mortalité, en Méditerranée centrale au début de cette année 2023, est le plus important de ces dernières années, cette reconnaissance du rectorat de l’Université de Lausanne est particulièrement significative, explique-t-elle. D’abord parce qu’elle souligne l’extrême gravité de la situation et la nécessité de se mobiliser collectivement pour trouver une solution. »
À titre personnel, Caroline Abu Sa’Da se dit évidemment extrêmement touchée par cette distinction. « Elle signifie une reconnaissance du travail accompli auprès de populations particulièrement vulnérabilisées, mais aussi l’importance de cette dernière en Suisse, pays où j’ai choisi de m’installer et dont j’ai maintenant la nationalité », conclut-elle. F.Zo
DHC de la Faculté des géosciences et de l’environnement, le professeur Felwine Sarr
© Editions Gallimard
Felwine Sarr est « Anne-Marie Bryan » Distinguished Professor en études françaises et francophones à l’Université Duke aux États-Unis.
Né au Sénégal en 1972 sur l’île de Niodior dans le Sine-Saloum, Felwine Sarr est tout à la fois économiste, philosophe, poète, essayiste et musicien.
Il enseigne à l’Université Duke depuis 2020.
Son travail sur la pensée africaine et son engagement dans les processus de décolonisation l’ont amené à produire un ouvrage majeur sur le sujet : Afrotopia (2016), qui s’est vu décerner le Grand Prix de la recherche. L’ouvrage vise à « penser un projet de civilisation qui met l’homme au cœur de ses préoccupations en proposant un meilleur équilibre entre les ordres économique, culturel et spirituel ».
Ses travaux de recherche servent de source d’inspiration à nombre de chercheuses et chercheurs à l’IGD qui s’intéressent à l’antiracisme, au décolonialisme, au développement et à l’Afrique plus largement.
S’appuyant sur la notion de « lieux-matrices », Felwine Sarr dessine ainsi à travers ses travaux, essais, productions artistiques une géographie planétaire de lieux intériorisés, interdépendants et en dialogue. Un concept japonais issu du zen trouve ainsi naturellement sa place dans le paysage sénégalais : la parfaite illustration d’une manière originale et cosmopolite d’« habiter le monde », l’un de ses leitmotive.
Dans ses autres travaux marquants, l’on trouve un fameux Rapport sur la restitution du patrimoine culturel africain en France (2018) rédigé sur demande de la présidence française, et dont il est coauteur avec l’historienne de l’art Bénédicte Savoy. Il passe ainsi des « lieux-matrices » aux « objets-repères ». Il a été nommé par la suite parmi les personnes les plus influentes dans le monde de l’art par la revue ArtReview.
Felwine Sarr a de nombreux liens avec la Suisse, tant sur les plans académique qu’artistique et s’y rend régulièrement – comme à l’UNIL l’an dernier, invité par la Faculté des lettres. Dans une interview au journal Le Temps, il confiait que « dans l’imaginaire, la Suisse est ce lieu clos aux portes duquel les guerres s’arrêtent. Une oasis pour se reposer du combat, une enclave irréelle, une métaphore. »
Felwine Sarr est proposé par la Faculté des géosciences et de l’environnement en tant que docteur honoris causa de l’UNIL parce qu’emblématique de certaines recherches émergentes à l’IGD et à l’UNIL et en raison de son approche très multidisciplinaire attirant l’attention internationale sur le racisme, la restitution des biens culturels et les discours problématiques sur le développement. Et parce qu’il est porteur d’une vision nouvelle sur la manière d’habiter le monde ensemble. Communication GSE
DHC de la Faculté des lettres, la professeure Elizabeth Donelly Carney
Elizabeth Donelly Carney, professeure émérite de l’Université de Clemson (USA) (où elle a été la première femme du Département d’histoire, en 1973), est une des grandes spécialistes de la Macédoine antique et de la cour royale. Sa particularité est d’avoir rattaché la monarchie macédonienne au champ des études genre. Ses travaux conduits depuis les années 1980 sur la mère, les sœurs et la grand-mère d’Alexandre le Grand, ou sur les épouses de ses successeurs, éclairent le rôle public et privé de ces femmes et la forte influence qu’elles ont exercée sur la monarchie et la société macédoniennes. Grâce aux études d’Elizabeth Carney, ces figures féminines ont été intégrées dans les débats historiographiques contemporains et portées à la connaissance d’un large public.
Depuis quelques années, Elizabeth Carney codirige des ouvrages collectifs de grande ampleur qui font le point sur l’implication des femmes dans la vie sociale et politique antique. L’approche scientifique d’Elizabeth Carney, irréprochable sur le plan méthodologique, a contribué notablement à la reconnaissance progressive accordée dans le milieu académique aux études en histoire des femmes et en histoire du genre pour l’Antiquité.
Elizabeth Carney tisse des liens scientifiques avec l’Institut d’archéologie et des sciences de l’Antiquité (ASA) de l’UNIL depuis le début des années 2000. Elle a participé à plusieurs colloques organisés par l’ASA et aux volumes issus de ces rencontres, ce qui a contribué à faire connaître outre-Atlantique les recherches sur le rôle public des femmes antiques, conduites à l’ASA depuis 1990. Communication lettres
Conférence de la professeure Elizabeth Donnelly Carney le 31 mai
DHC de la Faculté des HEC, la professeure Suzanne Rivard
Suzanne Rivard est professeure en technologies de l’information à HEC Montréal et titulaire de la Chaire de recherche en gestion stratégique des technologies de l’information. Elle est membre de la Société royale du Canada et membre honorifique (Fellow) de l’AIS (Association for Information Systems).
La professeure Suzanne Rivard est une figure incontournable du domaine des SI et du digital. Chercheuse avant-gardiste et créative, ses travaux ont influencé et influencent toujours de manière significative plusieurs thèmes de recherche clés dans le domaine du digital (comme la résistance à la mise en œuvre des systèmes d’information, l’externalisation des technologies de l’information, la gestion de projets et l’alignement stratégique, notamment). En parallèle, elle favorise considérablement le développement théorique de la discipline à la fois par ses propres travaux et par ses activités éditoriales dans les plus grandes revues du domaine. En effet, elle a occupé les postes de rédactrice principale (Senior Editor) du Département Theory and Review du MIS Quaterly, rédactrice associée (Associate Editor) au Journal of MIS et membre du comité de rédaction du Journal of Strategic Information Systems et de la revue Systèmes d’information et management. Elle a publié au cours de sa carrière – seule ou en collaboration – plus de 200 articles scientifiques et professionnels, livres, chapitres de livres, communications et rapports de recherche. Parmi ses contributions, plus de 100 articles ont été publiés dans des revues à comité de lecture, plusieurs parmi les plus prestigieuses du domaine des SI.
La professeure Suzanne Rivard est emblématique de la réussite des femmes dans ce monde académique des SI, domaine encore largement très masculin. En 1983, elle est devenue la première femme au Canada à détenir un doctorat en systèmes d’information. La professeure Suzanne Rivard a été un modèle pour de nombreuses jeunes femmes qui auraient pu, sans ce modèle, hésiter à se profiler dans une carrière académique dans un domaine où une très grande majorité des chercheur·se·s sont encore aujourd’hui des hommes.
Sa carrière impressionnante a d’ailleurs été reconnue et saluée par plusieurs prix et distinctions. Elle a reçu en 2022 le Prix Leo de l’AIS pour récompenser ses travaux et contributions scientifiques exceptionnels ayant eu un impact global dans le monde des systèmes d’information. En 2017, elle a reçu le Grand Prix de recherche Pierre- Laurin 2017, pour souligner sa contribution exceptionnelle en recherche pour l’ensemble de sa carrière à HEC Montréal. En novembre 2016, Suzanne Rivard a reçu un doctorat honoris causa de l’Université d’Aix-Marseille pour souligner son parcours et son apport à la science. Elle est nommée membre honorifique (Fellow) de l’AIS en 2015, qui est l’une des plus grandes distinctions dans le domaine des technologies de l’information. Aussi en 2009, l’Association francophone pour le savoir (ACFAS) lui rendait hommage et lui décernait le Prix Marcel-Vincent (sciences sociales) pour sa contribution remarquable à l’évolution des connaissances scientifiques dans son domaine.
De plus, la professeure Rivard n’est pas uniquement une chercheuse prolifique, mais aussi une enseignante dévouée et engagée qui se consacre à cette activité avec une rigueur, une équité et un savoir-faire très appréciés. Communication HEC