L’Assemblée de la transition s’est déjà réunie à neuf reprises depuis sa création en novembre 2022. Quels premiers enseignements en tirer ? Quels thèmes ont été abordés ? Quelles sont les prochaines étapes de cette démarche participative ? Le point avec Julien Meillard, adjoint du dicastère Transition écologique et campus, chef du projet.
L’Assemblée de la transition est composée de 60 personnes tirées au sort et représentant la diversité de la communauté universitaire. Elle remplace la commission consultative de durabilité en gardant le même statut, mais avec des modalités de recrutement et de travail différentes. Il s’agit d’un dispositif expérimental d’une dizaine de sessions, entre novembre 2022 et novembre 2023, dont l’objectif est d’aboutir à la formulation de pistes d’action contribuant à la transition écologique et sociale de l’UNIL. Neuf rencontres ont déjà été organisées. Quelques constats avec Julien Meillard, cheville ouvrière du projet.
Pouvez-vous déjà dresser un premier bilan de cette Assemblée de la transition, qui a démarré en novembre ?
Julien Meillard : Il est encore trop tôt pour se prononcer sur l’impact qu’aura l’assemblée. Mais on constate déjà que le tirage au sort a permis de réunir des personnes ayant des niveaux de connaissance variés des enjeux de durabilité et une sensibilité environnementale plus ou moins prononcée. Notre but n’était pas de travailler qu’avec des gens convaincus. Le dispositif semble bien fonctionner : les 60 participantes et participants se sont rapidement appropriés les enjeux de transition écologique et sociale grâce à l’expertise dispensée par le Centre de compétences en durabilité (CCD) et diverses expertes et experts internes et externes à l’UNIL. Il y a une vraie montée en compétences de l’assemblée au fil des sessions. Ses participantes et participants ont appris à œuvrer ensemble de manière de plus en plus efficace. Nous constatons par exemple que les membres de l’assemblée ont formulé moins de pistes d’action lors de la dernière session thématique que lors de la première, mais ils vont plus en profondeur et se concertent mieux. Il est remarquable de voir à quelle vitesse les personnes qui constituent l’assemblée ont évolué dans leur compréhension et leur engagement. C’est un projet assez fascinant car nous travaillons principalement avec des individus, et les dynamiques humaines jouent un rôle important. Nous avons dû être flexibles et nous ajuster, en commençant par accepter de rediscuter du cadre de travail proposé. Au fil des sessions, nous avons réussi à bâtir une confiance mutuelle entre l’équipe d’organisation et l’assemblée. Au début, il y avait une grande différence de points de vue. Maintenant, nous voyons que l’assemblée semble converger vers un niveau d’ambition élevé. Je crois que nous sommes en train d’expérimenter quelque chose d’intéressant en termes de démocratie participative sur le campus.
Quels thèmes ont été abordés durant ces neuf premières sessions ?
Nous avons réalisé avec le CCD un important travail pour documenter les impacts de l’UNIL sur toutes les limites planétaires. Cela nous a permis d’établir un diagnostic précis faisant ressortir les principales sources d’impact. Sur cette base nous avons proposé de faire travailler l’assemblée spécifiquement sur les thématiques suivantes, qui représentent un pourcentage important des émissions de CO₂ de l’UNIL : les bâtiments et les espaces verts (22% des émissions), la mobilité pendulaire (11%) et professionnelle (23%), ainsi que les achats (27%). En complément, l’assemblée a choisi d’aborder des thèmes tels que l’alimentation sur le campus, l’usage du numérique, la politique de placements financiers, ainsi que de réfléchir de manière transversale aux conditions d’implication dans la vie universitaire. Il y a une réelle prise de conscience de l’assemblée de l’ampleur des changements qui seront nécessaires pour ramener les impacts de l’UNIL dans les limites planétaires. A priori, tous les membres s’accordent sur l’importance de repenser en profondeur le fonctionnement de notre institution. Reste à savoir par quoi commencer et quels moyens privilégier. L’assemblée va travailler durant deux jours en juillet sur ces points-là.
L’idée d’ouvrir les sessions aux membres de la communauté ainsi qu’à un public extérieur a-t-elle été couronnée de succès ?
Nous avons effectivement ouvert dix places d’observation à chaque session. Parfois, nous avons eu jusqu’à 15 observatrices et observateurs, pour la plupart des collaboratrices et collaborateurs curieux, ainsi que des chercheuses et chercheurs intéressés par la démarche. Des membres du Centre informatique sont par exemple venus à la session sur le numérique. Parmi les personnes externes, il y avait des représentants d’associations, des membres de communes ou d’autres entités publiques intéressés par ce type d’initiative. Nous avons également accueilli plusieurs délégations d’autres universités et des partenaires académiques étrangers. Marthe Nyssens, prorectrice Transition & société à l’UCLouvain, est par exemple venue avec son équipe. Cette visite les a convaincus de lancer une démarche similaire dans leur université. Globalement, donc, l’assemblée a une bonne répercussion hors de l’UNIL.
Les discussions menées par l’assemblée aboutiront-elles à des actions concrètes ?
L’assemblée va formaliser toutes ses pistes d’action dans un rapport qui sera remis à la Direction de l’UNIL en septembre et rendu public à ce moment-là. L’idée est d’aboutir à 15 ou 20 objectifs, si possible quantifiés et priorisés, de réduction des impacts de l’UNIL avec quelques pistes d’action pour y parvenir. Ces objectifs pourraient par exemple viser à augmenter la surface d’espaces verts pour favoriser la biodiversité ou réduire l’offre de places de stationnement. Ce qui nous intéresse vraiment ? Savoir ce que des membres de la communauté UNIL, qui ne sont a priori pas des experts de durabilité mais qui se sont formés à ces enjeux durant les sessions de l’assemblée, jugent comme étant des actions prioritaires à entreprendre pour réduire les impacts de l’UNIL sur les limites planétaires. Les objectifs et pistes d’action qui figureront dans le rapport de l’assemblée viendront concrètement nourrir la stratégie de transition de l’Université. La Direction prévoit de commencer la rédaction de ce document, annoncé dans le Plan d’intentions, à la rentrée de septembre avec l’objectif de le publier au printemps 2024, après une période de consultation.
Pour en savoir plus
Les membres de la communauté UNIL peuvent consulter le site de l’assemblée, qui regroupe l’ensemble des présentations et ressources présentées lors des sessions ainsi que de nombreux témoignages écrits et au format vidéo. Un documentaire sur l’ensemble de la démarche est en cours de réalisation par David Monti, réalisateur à Unicom, et sera présenté à la fin de l’année.