Au lendemain de la tenue d’Unilive pour son édition 2021, l’uniscope fait le point avec le président du festival Laszlo Hasenauer. Interview.
Vendredi 8 octobre 2021, à 10h30 sur l’esplanade entre les bâtiments Anthropole et Internef, un groupe d’étudiants s’affaire à redonner à sa place le visage que le campus lui connaît. Et à vrai dire, il ne reste plus grand-chose à débarrasser. Alors que quelques heures plus tôt les lieux accueillaient le festival Unilive, avec ses 2000 festivaliers, sa grande scène et ses bars. Les traits des visages sont tirés, la fatigue des organisateurs se ressent. Moins toutefois que le plaisir d’avoir pu enfin, après deux ans d’absence, faire de l’UNIL un lieu de fête et de culture. Interview avec Laszlo Hasenauer, président du comité d’Unilive.
Quel est votre état d’esprit alors que vient de s’achever l’édition 2021 d’Unilive après deux ans d’absence ?
Je suis très heureux et soulagé, après ces deux années où nous n’avons pas pu faire grand-chose. Pour le comité, composé d’une vingtaine d’étudiantes et d’étudiantes, c’était dur de garder la motivation. Nous sommes donc heureux d’avoir pu concrétiser deux ans d’attente, d’allers-retours et de questionnements. Dès la fin de l’édition 2020, annulée et remplacée par une soirée spéciale en ligne en collaboration avec Fréquence Banane, nous avons déposé auprès de la Direction un dossier stratégique avec cinq propositions de plans, tous différents, avec des tailles de festival qui changeaient, de nouvelles dispositions sanitaires, etc. Le tout pour une édition en avril 2021. Nous avons travaillé pendant six mois sur ces cinq plans différents. Au final aucun n’a été retenu. Quand, en mai, le Conseil fédéral a annoncé la reprise des manifestations à 1500 personnes, nous avons retenu ce chiffre pour élaborer un nouveau plan en nous basant sur les premières éditions d’Unilive en 2013 et 2014. Une scène, une grande tente, le tout adapté aux normes sanitaires.
À l’échelle de l’UNIL et pour vous les associations, Unilive, la tenue d’un gros événement, est un symbole. Celui de la reprise des activités, non ?
Nous avons clairement reçu le signal de la part de la Direction de l’Université de Lausanne que les affaires pouvaient reprendre. On le voit notamment avec ce que l’UNIL nous offre et nous a toujours offert. Nous sommes largement soutenus, d’un point de vue aussi bien logistique que financier ou technique, par différents services. Cette année, on a clairement vu que l’UNIL voulait remettre en place une vie associative, étudiante et festive sur pied. Deux ans sans vie sur le campus, c’est dur. Et nous avons eu beaucoup de retours en ce sens hier soir. Toutes les personnes avec qui j’ai pu parler me disaient combien le retour des événements faisait du bien. Aussi bien les étudiants que les collaborateurs.
En termes de bilan, Unilive 2021 est donc largement positif.
Très positif. En termes organisationnels en tout cas. Tout s’est très bien passé. Et rien à redire sur la question sanitaire, qui constituait évidemment le gros challenge. D’un point de vue financier, nous avions dressé pour la première fois un budget en perte. Parce que nous n’accueillions pas suffisamment de personnes relativement aux infrastructures en place. Je ne veux pas encore m’avancer sur ce point, mais avec ce que j’ai pu voir hier lors du festival, les choses s’annoncent mieux que prévu. Ce qui montre que les gens étaient présents, motivés à faire la fête et à nous soutenir. Et qui nous fait évidemment plaisir.
Les conditions météo n’étaient pas particulièrement favorables. Il faisait froid et il y avait passablement de vent. Quelle était l’ambiance hier soir ?
Fidèle à Unilive. Très bon enfant, très chaleureuse. Je pense que cela est dû au fait que nous accueillons en très grande majorité la communauté étudiante. Les gens sont là pour s’amuser. C’est évidemment aussi dû au fait que l’alcool fort n’est pas vendu sur place. Une très bonne chose puisque Unilive n’a jamais eu à déplorer un quelconque problème.
Qu’en est-il des artistes ? Certains ont-ils renoncé à venir à cause du climat sanitaire actuel ? Avez-vous perçu quelques réticences ?
Les artistes qui sont venus étaient tous ravis. Mais il est vrai que notre objectif était de reprogrammer une partie de ces artistes 2020 en 2021. Au final, nous ne les avons pas tous reprogrammés. Et parmi ceux que nous voulions sur la scène d’Unilive, tous n’ont pas dit oui. Il y a parfois certaines réticences, mais de façon générale, nous sentons chez les artistes, et ce depuis le début de l’été en particulier, que la grande majorité n’attend que de retrouver la scène.
Vous aviez fixé une jauge à 1500 personnes. Quelle affluence avez-vous constatée ?
En moyenne, nous nous trouvions avec 900-1300 personnes en même temps sur le site. Nous n’avons pas encore les chiffres définitifs, mais si nous comptons tout le passage, je dirais que nous avons accueilli environ 2000 personnes sur l’entier de la soirée. Je pense qu’il s’agit d’une bonne décision. Parce que même si au final nous pouvions encore augmenter la jauge et que les gens ont envie de refaire la fête, nous nous trouvons encore dans une période où cela semble bizarre d’être collés les uns aux autres. Il n’y a eu aucun amas de personnes, et c’est rassurant de se dire que nous pouvons continuer à faire la fête tout en maintenant les distances pour celles et ceux qui souhaitent les garder.
Vous avez appelé cette édition « 8bis ». Pourquoi ?
L’édition 2020 devait être la huitième, pour une huitième année consécutive. Comme nous avons dû annuler le festival l’an dernier, nous avons choisi de ne pas la compter parmi les éditions. À l’origine, Unilive 2021 devait avoir lieu en avril, comme chaque année. Vu qu’elle a été décalée, nous avons décidé de l’appeler « 8bis ». Cela crée évidemment un décalage entre éditions et années, ce qui n’est pas dramatique en soi. Au lieu de fêter notre dixième année, nous fêterons notre dixième édition comme il se doit le moment venu.
Vous avez tourné au ralenti pendant deux ans. Quelle a été l’ambiance au fil du temps et avez-vous compté quelques défections dans vos rangs ?
Notre plus gros challenge, à la présidence du comité, a été de garder les troupes motivées. Nous-mêmes en premier lieu. Faire en sorte que tout le monde ait encore et toujours le même but en tête. Ça n’a pas été simple. À ma connaissance, pour la première fois depuis la création d’Unilive en 2013, nous avons en effet reçu des démissions au sein du comité. Mais c’est le jeu et c’est logique. Si on ne fait rien, car nous n’avons pas pu faire grand-chose même si nous avons réussi à organiser quelques rares petits événements, les gens n’ont pas envie de rester. Mais nous sommes heureux de constater qu’une bonne partie des personnes qui ont choisi de démissionner étaient présentes hier. Souvent pour travailler.
C’est ce qu’on entend souvent au sujet d’Unilive. Son esprit de famille et la possibilité de toujours faire appel aux anciens, qui ne sont jamais très loin. Un constat que vous dressez vous-mêmes ?
C’est entièrement vrai. Cette année nous n’avions exceptionnellement que trois bars. Un tenu par la FAE, un par Zelig et un par les anciens. Hier, nous comptions 30 anciens membres d’Unilive. C’est énorme. Ils sont venus juste pour le plaisir. À la moindre question, ils se montrent toujours présents. Une preuve : la personne en rouge qui se trouve à quelques mètres de nous a arrêté il y a deux ans. Il est arrivé hier à 10 heures du matin, il n’a dormi que deux heures et il est encore là pour nous aider à démonter le festival. Pour nous, ça n’a pas de prix.
Maintenant, la suite. Pour Unilive, c’est quoi ?
La prochaine édition, qui aura lieu fin avril, début mai 2022. Le but est de reprendre Unilive sous sa forme habituelle. La meilleure forme qu’a eue Unilive jusqu’à maintenant a été l’édition 2019. Unilive comptera aussi un tout nouveau comité et une toute nouvelle présidence. Nous allons clôturer cette édition, faire le bilan, notre assemblée générale et remettre les clefs à une nouvelle équipe, qui aura sans doute de nouvelles et bonnes idées pour la continuité de ce festival.