Expérientialité / Experientiality

Marco Caracciolo

Traduit de l’anglais par Raphaël Baroni[1]


Le terme « expérientialité » a été introduit par Monika Fludernik, qui l’a défini comme « l’évocation quasi-mimétique de l’expérience de la vie réelle » (1996 : 12). L’expérientialité fait référence à la manière dont la narration exploite la familiarité des lecteurs avec l’expérience en activant des paramètres cognitifs « naturels » (voir Fludernik 2003), c’est-à-dire des structures de base de l’engagement humain avec le monde qui comblent le fossé entre l’expérience réelle et les représentations narratives de l’expérience. Nous pouvons regrouper ces paramètres dans quatre catégories : l’incarnation (embodiment), l’intentionnalité, la temporalité et l’évaluation. Ces catégories se retrouvent sous une forme de prototypique dans les récits « naturels » (c’est-à-dire conversationnels), où un narrateur ou une narratrice relate une expérience passée en transmettant sa propre manière d’appréhender corporellement et émotionnellement les actions qui se déroulent dans le temps. Cette situation narrative « naturelle », où l’expérienceur et le narrateur coïncident, constitue le fondement du modèle narratologique de Fludernik.

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Narratologie de l’image fixe

Par Jan Baetens

S’il est vrai qu’« innombrables sont les récits du monde », y compris dans le domaine de l’image fixe, et qu’il n’y a « nulle part aucun peuple sans récit » (Barthes 1966 : 1), cette omniprésence est sans doute liée à la pulsion narrative de l’être humain. Aptitude à tout narrativiser que semble résumer la maxime « every picture tells a story », mais qui pose tout de suite la question fondamentale : est-ce l’image qui raconte ou, au contraire, le spectateur qui, en partant de certaines propriétés de l’image, la convertit en narration ?

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