Pourquoi consacrer un livre à une maison d’édition qui, de par la modestie de son catalogue, ne compte pas parmi les plus importantes du paysage romand ? Car son fondateur et animateur, Nils Andersson, appartient à une génération d’éditeurs européens qui, dans le contexte de la décolonisation et des transformations de l’extrême gauche internationale, ont étroitement lié engament politique et éditorial. Mêlant combat pour la liberté d’expression contre la raison d’État et intérêt pour le tiers-mondisme, le riche parcours de La Cité Éditeur mérite donc toute notre attention.
Cet ouvrage dirigé par François Vallotton (Section d’histoire) croise les regards de trois spécialistes. La première contribution, focalisée sur le catalogue « algérien » de La Cité, met en exergue l’importance du livre dans la résistance à la guerre d’Algérie. Le deuxième texte, abordant son volet littéraire et théâtral, illustre l’intérêt d’Andersson pour de nouvelles formes dramaturgiques. Enfin, le dernier article analyse l’infléchissement de La Cité vers les publications pro-chinoises et les circonstances entraînant l’expulsion de Nils Andersson en 1967.
À travers ces trois axes traités respectivement par Damien Carron, Léonard Burnand (Section d’histoire, Institut Benjamin Constant) et Pierre Jeanneret, la présente publication apporte un éclairage sur la Suisse de la Guerre froide et sur les luttes politiques et idéologiques des années 1950 et 1960. Ainsi, il met en valeur les apports de l’histoire du livre et de l’édition à l’histoire politique et culturelle.
François Vallotton (dir.), Léonard Burnand, Damien Carron, Pierre Jeanneret, Livre et militantisme. La Cité Éditeur 1958-1967, Lausanne, Éditions d’en bas, 2007.
